C’est en 1947 sur ordre du dictateur Franco, que les équipes de Casa se mirent à étudier un bimoteur de transport civil capable d’assurer des vols régionaux et court courriers. Bien qu’à l’époque ceux-ci travaillaient déjà sur une version locale du Heinkel He-111, c’était là à peu près leur seule expérience en matière d’avion de cette taille. Ils décidèrent de s’inspirer de ce qui se faisait ailleurs, notamment en France et au Royaume-Uni. Ils eurent l’idée de copier une machine alors en plein développement en Angleterre, le Vickers Viking, un avion destiné aux liaisons intérieures de la BOAC. Le nouvel avion reçut la désignation de C-201 Alcotàn et un prototype fut commandé par l’Ejercito del Aire, la force aérienne espagnole.
L’avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever propulsé par un moteur en étoile Armstrong-Siddeley Cheetah Mk-27 d’une puissance de 475 chevaux et entraînant une hélice bipale en métal. Bien que majoritairement construit en métal, certaines structures faisaient appel au contreplaqué voire à du bois entoilé. L’avion disposait d’un cockpit biplace côte à côte et d’une cabine permettant l’accueil de dix passagers. Doté d’un train d’atterrissage classique escamotable et d’un empennage arrondi, le C-201 Alcotàn avait une architecture assez classique. Son prototype réalisa son vol inaugural, le 11 février 1949.
A cette époque, l’Alcotàn ne représentait pas vraiment une réussite technologique mais plutôt un appareil dans la moyenne de ce qui se faisait alors. L’Ejercito del Aire passa commande pour cinq avions de série sous la désignation C-201A, identiques au prototype. Le cinquième fut toutefois transformé en C-201B par le remplacement de son moteur d’origine par des Sirio d’origine locale d’une puissance de 450 chevaux. Mais finalement le Cheetah Mk-27 s’avérant supérieur au Sirio, le moteur britannique demeura celui de l’Alcotàn.
Désigné T.5 dans la nomenclature militaire espagnol, les Casa C-201A et B commencèrent peu à peu à remplacer les plus vieux des Douglas C-47 alors en service. Ces avions étaient pour la plupart des machines s’étant posés sur le territoire espagnol durant les hostilités et confisqués par la suite.
Par la suite, Casa produit deux machines d’entraînement à la navigation sous les désignations de C-201D et C-201F, tandis que les C-201E et C-201G servaient à former les futurs équipages de bombardiers et de reconnaissance photo. Ces quatre Alcotàn d’entraînement furent uniques. Ils remplacèrent de vieux Junkers Ju 86 livrés avant guerre comme bombardiers et utilisés depuis pour ces missions.
Les équipes de Casa tentèrent bien de transformer un C-201A en avion de démonstration pour une version de transport civil, mais sans résultat. Par la suite, cet avion prit la route de Madrid où il fut utilisé comme appareil pour le transport personnel du dictateur espagnol.
En 1952, ces mêmes ingénieurs développèrent une version améliorée et légèrement agrandie de l’Alcotàn désignée C-202 Halcón. Par rapport à son prédécesseur, celui-ci possédait une envergure et une cabine agrandies, ainsi qu’une motorisation revue et corrigée tournant autour de deux Elizalde 9C29 en étoile d’une puissance de 775 chevaux chacun. En outre, il disposait d’un train tricycle qui le distinguait au premier, au sol, de son prédécesseur.
Doté d’une capacité d’accueil de quatorze passagers, les C-202 reçurent quant à eux la désignation de T.6 au sein des unités de transport de l’Ejercito del Aire. Cette seconde version fut assemblée à vingt exemplaires.
Au total, Alcotàn et Halcón furent assemblés au total à 31 exemplaires de série, ainsi que deux prototypes, qui restèrent en service jusqu’au début des années 80. Bien qu’appelés à remplacer les Dakota dès leur entrée en service, ces bimoteurs espagnols ne réussirent jamais vraiment à faire oublier l’avion américain. Comme bon nombre d’autres avions conçu au lendemain de la guerre les Alcotàn et les Halcón étaient des appareils rustiques et efficaces. Pourtant aucun exemplaire ne fut exporté ni vendu à des clients civils.
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