S’ils sont aujourd’hui omniprésents sur les champs de bataille, au travers notamment de l’Embraer A-29 Super Tucano brésilien ou du Sukhoi Su-25 Frogfoot soviétique, les avions d’attaque au sol sont timidement nés durant la Première Guerre mondiale avec par exemple l’AEG J.I allemand. C’est pourtant véritablement la Seconde Guerre mondiale qui leur donna leurs lettres de noblesse grâce à des machines de légende comme l’Ilyushin Il-2 Sturmovik soviétique, le Junkers Ju 87 Stuka allemand, ou encore le North American A-36 Apache américain. Cet âge d’or apporta aussi son lot d’échecs dont beaucoup vinrent de l’Italie fasciste. L’un des exemples les plus célèbres fut le bimoteur CANSA FC.20.
Fin 1940 les sociétés CANSA et Savoia Marchetti reçurent du gouvernement fasciste une commande afin qu’elle développe un nouvel avion d’attaque au sol ayant des capacités secondaires de reconnaissance tactique. Le cahier des charges prévoyait que le futur appareil soit un bimoteur biplace pouvant devenir triplace. L’expérience de CANSA dans ce domaine se limitait alors au monomoteur FC.12 alors en cours de développement final. Et ses constructions en grande série n’avaient jamais dépassé le biplan d’entraînement C.5.
Cette inexpérience des ingénieurs de CANSA les conduisit à choisir la rétroingénierie. Ils copièrent le Bristol Beaufighter britannique à partir d’un exemplaire capturé et des restes de deux autres, descendus au-dessus de l’Italie. Ils adaptèrent leur avion aux besoins de la Regia Aeronautica si bien qu’il n’était pas une copie parfaite du bimoteur de la Royal Air Force. Afin de l’animer ils choisirent le moteur à quatorze cylindres en étoile Fiat A.74 conçu à l’origine pour le chasseur biplan Fiat CR.42 Falco. On le retrouvait également sur le monoplan Fiat G.50 Freccia. En fait l’A.74 était un des moteurs italiens parmi les plus fiables de l’époque.
Désigné CANSA FC.20 le futur avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever animé par deux moteurs Fiat A.74 de 840 chevaux entraînant chacun une hélice tripale. Il disposait d’un train d’atterrissage classique escamotable et d’un empennage double dérive. Son armement se composait d’un canon de calibre 37 millimètres installé dans le nez et de trois mitrailleuses de 12.7 millimètres. Deux d’entre elles étaient installées à l’emplanture des ailes et la troisième dans la tourelle dorsale avait un rôle défensif. Une soûte avait été installée afin d’accueillir 126 bombes légères de deux kilogrammes chacune . Deux points d’emport de voilure permettait la fixation d’une bombe de 150 kilos sous chacun. Deux prototypes furent produits, le FC.20 à nez vitré et le FC.20 bis à nez court plein.
C’est le premier qui après son vol inaugural survenu en avril 1941 donna naissance au FC.20 ter de série. Un premier lot de six exemplaires fut assemblé et livré au 174a Squadriglia Ricognizione de la Regia Aeronautica. Il y fut utilisé comme avion d’attaque au sol et de reconnaissance à partir de l’été 1942. La proclamation de Badoglio du 8 septembre 1943 créant une scission entre Italie fasciste et Italie républicaine rattachée aux Alliés suscita bien des chocs dans l’industrie d’armement. Passé sous contrôle de Fiat et des cobelligérants la CANSA dut mettre un terme à la production du FC.20 jugé obsolète par l’Aviazione Cobelligerante Italiana. En effet celle-ci n’avait plus besoin de cette machine depuis la livraison des chasseurs bombardiers Bell P-39Q Airacobra. Ils faisaient bien mieux le job.
Quand les Alliés mirent la main sur les usines CANSA ils découvrirent un FC.20 quater doté de moteurs allemands en V Daimler-Benz DB 601 prélevés sur un Dornier Do 215 accidenté. On ignore si cette version avait volé.
Malgré une construction d’à peine une douzaine d’exemplaires et une carrière opérationnelle inférieure à une année le CANSA FC.20 avait bien remporté son marché face à Savoia Marchetti et son SM.89. Il ne reste de nos jours plus rien de cet avion à la carrière éphémère.
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