À bien des égards le Canada est un géant. D’abord géographiquement c’est le deuxième plus grand territoire national de la planète mais aussi sur le plan militaire, étant un des acteurs majeurs de la défense commune au sein de l’OTAN. Aussi l’Aviation Royale Canadienne a su depuis des décennies se doter des avions de chasse les plus compétitifs du moment, d’abord d’origine britannique puis désormais américaine. Pourtant l’industrie aéronautique locale a souvent su adapter pour ses besoins des appareils en provenance des États-Unis. Et l’une des plus belles réussites dans le domaine fut le biréacteur léger Canadair CL-219, également connu comme CF-116 Freedom Fighter auprès des militaires ou comme CF-5, sa désignation commerciale.
C’est en 1964 que le Canada se mit en quête d’un nouveau chasseur le plus polyvalent possible. Le futur avion se devait de pouvoir remplacer à la fois les lourds McDonnell CF-101 Voodoo et les agiles et rapides Canadair CF-104 Starfighter. Ses généraux étudièrent plusieurs possibilités au sein des constructeurs de pays de l’OTAN : les Douglas A-4E Skyhawk, McDonnell F-4C Phantom II, et Northrop F-5A Freedom Fighter américains étaient alors les principaux compétiteurs. On parla également un temps du Dassault Mirage III français et de le British Aircraft Corporation Lightning britannique avant que les rumeurs ne soient démenties par les autorités canadiennes, tout autant qu’un certain intérêt pour le Convair F-106 Delta Dart américain. En fait les dés étaient sensiblement pipés puisque dès le début l’avionneur Canadair avait engagé des négociations avec Northrop afin de développer une version locale.
L’accord cadre signé entre les gouvernements américains et canadiens ne concernait pas exclusivement l’assemblage sous licence des Northrop F-5A et F-5B Freedom Fighter en tant que Canadair CL-219 et CL-226. En effet comme à leur habitude les Canadiens avaient réclamé, et obtenu, que leur motoriste Orenda puisse assembler localement les réacteurs General Electric J85-GE-15 sous la désignation de J85-CAN-15. Par ailleurs Canadair pouvait appliquer des améliorations locales pour les seules besoins nationaux. Et ce fut notamment le cas avec le nez de l’avion qui devait pouvoir être redessiné afin de recevoir quatre caméras. Surtout les Américains acceptèrent que Canadair puisse commercialiser ses propres Freedom Fighter, à la condition expresse que cela n’entre jamais en concurrence avec Northrop. Le prototype du monoplace Canadair CL-219 fut assemblé au début de l’année 1968 et réalisa son premier vol le 6 mai de la même année. Les premiers exemplaires de série entrèrent en service actif en novembre 1968.
Extérieurement quasi identique à son équivalent américain le Canadair CL-219 entra en dotation dans l’aviation canadienne sous la désignation de CF-116A tandis que les biplaces de transformation opérationnelle CL-226 le furent comme CF-116D. Le patronyme de Freedom Fighter fut conservé. Quelques CF-116A furent par la suite redesignés CF-116A(R) avec la capacité de recevoir le fameux nez de reconnaissance photo. Le Canada n’employa pas ses chasseurs uniquement depuis son sol mais également en Europe occidentale. Il n’était pas rare que de tels avions volent depuis l’Allemagne de l’Ouest.
Grâce à l’accord passé avec les Américains Canadair put vendre son avion à l’export. Outre les quatre-vingt-neuf CF-116A et les quarante-six CF-116D l’avionneur obtint une commande des Pays-Bas. Proposés sur le marché international sous les désignations respectives de CF-5A et de CF-5D les monoplaces et biplaces ont été commandés pour un total de 105 exemplaires par la Koninklijke Luchtmacht. Celle-ci leur attribua les désignations respectives de NF-5A et de NF-5B Freedom Fighter. Tous comme les exemplaires canadiens les avions néerlandais pouvaient emporter la redoutable roquette air-sol canadienne CRV7 de calibre 70 millimètres.
Quand en 1982 l’Aviation Royale Canadienne commença à recevoir ses premiers McDonnell-Douglas CF-188 Hornet elle comprit qu’elle pouvait revendre une partie de ses CF-116A/D là encore comme CF-5A/D. Le premier client fut ainsi la Fuerza Aérea Venezolana qui racheta seize monoplaces et quatre biplaces, imitée quelques années plus tard par la Botswana Air Force qui fit l’acquisition d’un total de dix-huit exemplaires. À la même époque, et avec l’accord du Canada les Pays-Bas en firent de même une fois leurs NF-5A/B remplacés par les tous nouveaux General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon issus du contrat du siècle. Le Venezuela leur racheta sept avions tandis que dix monoplaces et deux biplaces furent cédés gratuitement à la Grèce. Au Venezuela les Freedom Fighter d’origine canadienne étaient désignés VF-5A et VF-5D. Pourtant les plus célèbres avions rachetés de seconde main sont les vingt Canadair NF-5A/B Freedom Fighter aujourd’hui en dotation en Turquie. Contrairement aux autres pays ils ne servent pas dans une unité de combat mais au sein des Turkish Star, la patrouille officielle de présentation de ce pays. D’où leur livrée particulièrement haute en couleur.
Retirés du service dans l’Aviation Royale Canadienne en 1995 les Canadair CF-116 Freedom Fighter ne volent désormais plus qu’au Botswana et en Turquie. Ces chasseurs sont en 2024 passablement obsolètes. Si la majorité des avions préservés le sont dans des musées au Canada cinq autres appartiennent à des musées des Pays-Bas.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.