Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale le cursus de formation des pilotes et copilotes d’hydravions était souvent le même, quel que soit le pays : un formation de zéro directement sur hydravion sans jamais passer par un avion terrestre. Ce principe semblait plus logique aux décideurs de l’époque et mena à la conception d’appareils destinés exclusivement à l’entraînement primaire et intermédiaire, mais aussi avancé. De tels cursus existaient autant dans les domaines civils que militaires. Parmi les plus célèbres hydravions d’entraînement on retrouva bien sûr le Naval Aircraft Factory N3N Canary américain mais également le Yokosuka K4Y Birch japonais. Tous deux étaient des hydravions à flotteurs. Pourtant quelques hydravions à coque furent conçus pour l’entraînement, à l’image par exemple du CAMS.30 français.
Au cours de l’année 1921 la Marine Nationale demanda aux Chantiers Aéro-Maritime de la Seine d’étudier un hydravion d’entraînement permettant d’approfondir la formation des futurs pilotes et copilotes. Jusque là ils étaient formés sur un seul et même modèle baptisé CAMS.13. Pourtant celui-ci n’était en rien un hydravion français, il s’agissait d’un Savoia S.13 de conception italienne produit sous licence locale.
Afin de répondre au cahier des charges les CAMS recrutèrent un ancien ingénieur de chez Savoia : Raffaele Conflenti. L’homme avait déjà conçu pour l’avionneur italien l’hydravion à succès S.9.
Conflenti proposa alors un modèle appelé CAMS.30 qui reprenait les grandes lignes des productions de Savoia.
Extérieurement le CAMS.30 se présentait sous la forme d’un biplan construit en bois entoilé et contreplaqué et disposant d’un coque à simple redan. Sa propulsion était assurée par un moteur à huit cylindres en V Hispano-Suiza 8Va de 150 chevaux entraînant une hélice propulsive quadripale en bois. Les deux membres d’équipage prenaient place dans un poste de pilotage biplace côte à côte disposant d’une double commande. Ils étaient à l’air libre.
Afin de garantir sa stabilité sur l’eau le CAMS.30 fut doté de deux flotteurs annexes sous le plan inférieur de voilure. L’hydravion n’était pas armé.
C’est dans cette configuration qu’il vola pour la première fois en mai 1922.
Quelques semaines plus tard il fut convoyé par péniche jusqu’à Paris afin d’être exposé au Grand Palais à l’occasion du salon aéronautique français. L’idée des Chantiers Aéro-Maritime de la Seine était d’exporter le CAMS.30. Et cela marcha. Deux exemplaires furent acquis par la marine polonaise qui les destinait à des missions de liaisons et de surveillance portuaire et l’aviation serbe. Cette dernière les employa comme hydravions de surveillance avant qu’ils soient absorbés par l’aviation yougoslave où ils servirent comme machines d’entraînement jusqu’à la fin des années 1930.
En France malheureusement pour lui le CAMS.30 connut plus de difficultés. Son prototype ne réussit jamais à convaincre la Marine Nationale qui lui préféra le FBA Type 17 dans sa version HE. L’Aéronautique Militaire qui lui disputait l’utilisation des hydravions militaires commanda finalement vingt-deux CAMS.30 comme appareils d’entraînement et de liaisons. Les premiers arrivèrent en unités au début de l’année 1923. Quelques-uns furent même affectés pour des missions coloniales depuis Saint-Louis du Sénégal. Pourtant les Chantiers Aéro-Maritime de la Seine n’avaient pas dit leur dernier mot, ils comptaient bien transformer l’essai auprès de la Marine Nationale.
Raffaele Conflenti se remit au travail afin de proposer une version améliorée de l’hydravion d’entraînement.
Le résultat prit la forme du CAMS.46 doté d’un fuselage affiné, légèrement raccourci et d’une voilure redessiné. Pourtant ce dernier ne pouvait pas nier sa parenté avec le CAMS.30.
Le prototype du nouvel hydravion réalisa son premier vol en février 1926 et fut présenté deux mois plus tard à la Marine Nationale. Cette dernière fut cette fois très intéressée par l’hydravion, passant commande pour trente exemplaires en deux version. Les dix-huit premiers étaient des CAMS.46E d’entraînement initial et intermédiaire dotés d’un moteur Hispano-Suiza 8Ab de 150 chevaux tandis que les douze suivants étaient des CAMS.46ET d’entraînement avancé mus par un Hispano-Suiza 8Ac de 180 chevaux. Dans les deux cas il s’agissait d’un moteur à hélice propulsive bipale doté de huit cylindres en V. Les CAMS.46ET pouvaient emporter en cas de besoin une mitrailleuse mobile de calibre 7.7 millimètres produite en Grande Bretagne par Lewis.
Les premiers entrèrent en service début 1927.
Entre la fin des années 1920 et le milieu des années 1930 les CAMS.30 et CAMS.46 furent des hydravions à coque d’entraînement très communs en France. À partir de 1933 tous les exemplaires de la Marine Nationale furent affectés à Hourtin sur la façade Atlantique. Trois d’entre eux s’y trouvaient encore pour des missions de servitude quand la Seconde Guerre mondiale éclata en septembre 1939. Totalement obsolètes ils furent retirés du service quelques semaines plus tard. La jeune Armée de l’Air avait de son côté supprimé les siens en 1936.
Sans doute pas les plus célèbres hydravions à coque produits en France ni les plus réussis les CAMS.30/CAMS.46 permirent pourtant à leur constructeur de se faire la main avant de développer des machines plus complexes comme le fameux CAMS.55 de reconnaissance maritime. De nos jours il ne reste plus rien de ces hydravions d’entraînement.
Une version civile de transport pour deux passagers fut développée à partir du CAMS.30 et construite à seulement deux exemplaires.
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