Début 1941, l’Air Ministry émit la Specification 2/41 relative au remplacement du Bristol Beaufighter dans les missions de bombardement tactique de jour. Pour y répondre seuls deux constructeurs proposèrent une solution : Bristol lui-même et Westland. Si le premier proposait un très classique multiplace, le second proposait un monoplace lourdement armé. Bien que très ambitieux ce projet fut rejeté au profit de celui de Bristol. Il fut toutefois conservé pour servir de base de dessin dans la conception du chasseur Welkin. Le modèle commandé par la Royal Air Force fut désigné Type 163.
Celui ci se présentait sous la forme d’un monoplan à aile médiane bimoteur. Propulsé par deux Bristol Centaurus Mk-VII d’une puissance de 2520 chevaux chacun, le Type 163 disposait d’un empennage double dérive avec des plans verticaux de forme arrondie. Il disposait d’un train d’atterrissage tricycle dont seul le train avant était escamotable, tandis qu’une roulette de queue orientable avait été installée sous l’empennage. Le cockpit était monoplace mais un second membre d’équipage prenait place derrière le pilote, sans le moindre champ visuel vers l’avant et le haut. Et pourtant il s’agissait du radio navigateur. Deux autres membres d’équipages existaient : un mitrailleur dans la tourelle mobile dorsale et l’opérateur de bombardement qui disposait lui aussi de mitrailleuses dans la coupole ventrale en forme de baignoire. L’armement justement du Type 163 se composait de dix mitrailleuses d’un calibre de 7.7mm, répartis en quatre en position de chasse, quatre dans la tourelle dorsale, et deux autres dans la coupole d’intrados. La charge offensive quant à elle se composait de 1 800kg de bombes installés dans une soute à l’avant de la coupole. Le bombardier était construit en bois entoilé et métal. Il réalisa son premier vol le 4 février 1943, sans que l’armement ne soit monté.
L’armement ne fut gréé qu’à partir du second prototype qui servit pour les essais en vol. Quelques menues modifications furent portées au Type 163. Finalement le premier exemplaire de série entra en service dans la RAF en février 1944, soit un an après le vol inaugural, sous la désignation de Buckingham. Malgré un très bon rayon d’action à pleine charge, celui ci avait d’ores et déjà été remplacé dans le cœur des généraux britanniques par le De Havilland Mosquito, qui disposait d’une vitesse de pointe supérieure d’environ 20%, et qui possédait une maniabilité hors du commun par rapport à l’avion de Bristol.
De ce fait la commande initiale pour 400 Buckingham fut rapportée à 119 exemplaires. Ceux ci étaient désignés Buckingham B Mk-I. Ils furent envoyés dans le Pacifique, afin de combattre les Japonais, et de soutenir les opérations alliés en Birmanie, en Malaisie, et dans le sud de la Chine. Opérant à partir du territoire indien les Buckingham bombardaient fréquemment les positions nippones dans cette partie du monde. Volant à basse altitude ces appareils représentaient des cibles assez aisées pour une chasse japonaise pourtant aux abois. Une trentaine de ces avions furent perdus environ durant la guerre du fait de la chasse ou de la DCA japonaise.
En mars 1944, Bristol proposa à la RAF de ne pas ferrailler les 65 dernières cellules de Buckingham, qui avaient été assemblés mais dont l’armement n’avaient pas été monté. Moyennant quelques petites modifications, principalement l’abandon des tourelles de défense et de la soute à bombes, le bombardier moyen devint un avion de transport postal sous la désignation de Buckingham C Mk-I. Sur les 65 cellules, 61 furent transformés de la sorte. Sur les quatre autres, deux servirent de prototypes, et les deux autres furent transformés en C Mk-II de transport rapide de personnels pour sept passagers, qui servirent au bénéfice des services secrets britanniques et des commandos du SAS (Special Air Service) en appui des Douglas Dakota et Westland Lysander utilisés très classiquement dans ce genre d’opérations. Les Buckingham C Mk-I étaient régulièrement employés entre l’Angleterre et Malte ou l’Egypte. En effet le rayon d’action de ces avions permettait de voler loin, et longtemps. Toutefois ces avions étaient particulièrement dispendieux à l’utilisation, et celle ci fut abandonnée dès la fin des hostilités.
De 1945 à 1950, la RAF utilisa 54 Buckingham des deux types pour la formation de ses mécaniciens au sol, et même des pompiers de ses bases. De même jusqu’en mars 1947 la BOAC (British Overseas Airways Corporation) utilisa quatre Buckingham C Mk-I pour les besoins du Royal Mail, la poste britannique. Ces avions n’avaient quasiment pas été repeints. Le Buckingham a donné naissance à l’avion d’entrainement Buckmaster.
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