L’entre-deux-guerres fut une période de faste pour l’aéronautique internationale, et notamment française. Elle vit apparaître de nombreux nouveaux avions et hydravions dont le développement avaient souvent été seulement motivé par les évolutions du marché et non l’urgence de la guerre. Cette période vit l’émergence d’une aviation civile commerciale dont le rôle premier était de transporter des passagers d’un point A à un point B sur des lignes régulières comparables à celles du chemin de fer. En parallèle l’aviation de transport militaire apparut avec des objectifs similaires mais sans volonté de profit et à destination tactique. Un des premiers avions de ce type en France fut un étonnant biplan monomoteurs apparut dans la seconde moitié des années 1920 : le Breguet Br.26.
En 1925 l’avionneur Breguet décida de concevoir un avion de ligne pour six passagers destiné à succéder à des monomoteurs comme le Blériot-SPAD 56 ou le Potez IX. Il visait non seulement à offrir un confort accru aux personnes transportées tout en augmentant la sécurité du pilote. Dans ce sens le nouvel avion, qui reçut la désignation de Br.26, fut doté d’un poste de pilotage fermé et chauffé.
Breguet cherchait à ce que son avion dispose d’un rayon d’action de 500 kilomètres, lui permettant de relier Paris à Lyon ou Strasbourg pour des vols intérieurs ou bien à Bruxelles et Londres pour des vols internationaux. Dès le départ les compagnies Air Union et la CIDNA (la Compagnie Internationale De Navigation Aérienne) se dirent très intéressées par le programme.
Afin de gagner du temps en ingénierie et s’assurer d’avoir des éléments éprouvées Breguet décida de réutiliser une partie de la voilure, mais aussi l’empennage, et le train d’atterrissage du bombardier de reconnaissance Br.19. Le poste de pilotage, la cabine passagers, et la motorisation étaient totalement nouveaux.
Extérieurement le Breguet Br.26 se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure inégale de transport léger disposant d’un Gnome & Rhône 9Ab à neuf cylindres en étoile d’une puissance nominale de 380 chevaux. L’avion était assemblé en bois, contreplaqué, et métal. Le pilote prenait place dans un cockpit surélevé tandis que les six passagers embarquaient dans une confortable cabine à l’arrière. Pour le reste le Br.26 disposait d’un train d’atterrissage classique fixe et d’un empennage académique.
C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol en juin 1926.
Rapidement l’avion fut proposé à Air Union qui le testa dès Noël 1926. À l’usage pourtant la compagnie aérienne comprit que le Br.26 n’était pas aussi adapté que le pensait son constructeur. On pensa alors à changer de motorisation, au profit d’un Lorraine 12Ed Courlis à douze cylindres en W d’une puissance de 450 chevaux. Malheureusement les essais furent non concluants et Air Union demanda à Breguet de revoir sa copie tandis que la CIDNA s’orientait vers le Bernard 190.
L’étude demandé par Air Union donna naissance à un nouvel avion, désigné Breguet Br.280.
Malgré cet échec Breguet enregistra une commande licence de production par l’avionneur Casa qui construisit en Espagne deux exemplaires pour les besoins de la CLASSA (la Compañía de Líneas Aéreas Subvencionadas) qui utilisa ces avions de fin 1926 à mi-1932. À cette époque les deux appareils furent reversés à la LAPE (ou Líneas Aéreas Postales Españolas) qui utilisa ces avions pour du transport postal intérieur.
En 1927 l’Aéronautique Militaire Française fit l’acquisition de quatre Breguet Br.26. Il s’agissait du prototype doté d’un moteur en étoile et de l’avion de présérie essayé par Air Union. Ils reçurent la désignation de Br.26T (pour Transport) et furent affectés à des missions de soutien colonial. Ils pouvaient transporter classiquement six passagers ou bien 700 kilogrammes de fret. Les deux avions supplémentaires furent livrés comme appareils d’évacuation sanitaire sous la désignation de Br.26TS. TS signifiait Transport Sanitaire. Ils pouvaient transporter deux blessés soignés sur brancards et deux soignants. Ils furent affectés en Afrique Occidentale Française et y volèrent très longtemps. En 1934 quand l’Armée de l’Air fut officiellement créée les deux Br.26TS furent rapatriés en Afrique du Nord auprès des deux Br.26T. Ils y demeurèrent jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, époque où ils étaient totalement obsolètes. On ignore à quelle période exactement ils furent retirés du service, sans doute dans le courant de l’année 1940.
En 1935 l’Aeronáutica Militar racheta les deux avions de la compagnie LAPE et les affecta à des missions similaires à celles des Br.26TS français. Comme eux ils furent frappés de l’emblème sanitaire à croix rouge. Ils volèrent ensuite dans les rangs républicains.
Le Breguet Br.26 est symbolique de ces premiers avions de ligne français, finalement pas toujours très bien adaptés au marché. Heureusement pour lui il sut trouver une seconde carrière comme avion militaire.
Il n’en demeure plus rien aujourd’hui.
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