Bien souvent éclipsés par les avions à réaction et les bombardiers stratégiques c’est pourtant bien durant la Seconde Guerre mondiale que les hélicoptères ont connu leurs plus grande période d’avancées. Partis de rien ou presque, de machines totalement expérimentales ils connurent leurs premières productions en série. Des pays comme l’Allemagne nazie et les États-Unis firent des progrès très importants pour l’avenir. Il ne faut pourtant pas rayer d’un trait de plume l’implication de l’industrie aéronautique soviétique au travers de son unique bureau d’étude de l’époque : l’OKB 3 dirigé par l’ingénieur Ivan Pavlovich Bratukhin. Ce dernier développa un des premiers véritables hélicoptères soviétiques, certes demeuré à l’état de prototypes, mais bel et bien réussis : la série des Bratukhin Omega.
Comme bien des ingénieurs hélicoptéristes de son temps Ivan Pavlovich Bratukhin fut particulièrement impressionné quand il découvrit le Focke-Wulf Fw 61 allemand. À l’instar de l’ingénieur allemand Gerd Achgelis co-développeur de cet hélicoptère Bratukhin avait été formé chez Breguet. Il était donc parfaitement rompu aux techniques du constructeur français. Dès le début de l’année 1939 il proposa à Staline de développer une machine similaire au Fw 61 mais dotée de la même technologie. Le dictateur soviétique refusa mais lui confia le bureau d’étude OKB 3 afin de travailler officiellement sur des machines de ce genre. Finalement l’ingénieur soviétique revit sa copie et proposa une nouvelle machine, plus grande et plus ambitieuse sous la désignation de Bratukhin 2MG. Fin juin 1927 il reçut le feu vert de Moscou. Le projet fut baptisé Omega.
La désignation même de 2MG indiquait qu’il s’agissait d’un hélicoptère bimoteur. Chacun animait un rotor tripale côte à côte installé sur une sorte de voilure formée de tubes d’aciers. Pour le reste l’hélicoptère possédait un fuselage assemblé lui aussi en tubulure métallique et revêtue de tissus et de contreplaqué. Un empennage en T fut installé. Le train d’atterrissage quadricycle fixe permettait au Bratukhin 2MG de se poser aussi bien sur un terrain en dur que sur de l’herbe. Outre le pilote un passager pouvait prendre place à bord de l’appareil.
Le premier vol de l’hélicoptère eut lieu le 10 août 1941, l’appareil demeurant cependant en vol statique, c’est à dire rattaché au sol par un câble.
L’offensive allemande de l’opération Barbarossa obligea cependant Ivan Pavlovich Bratukhin à déménager son bureau d’étude en Sibérie, hors de portée des forces hitlériennes. Un déplacement qui fit prendre un certain retard au Bratukhin 2MG Omega. L’hélicoptère fut démonté et transporté par train. Malheureusement pour l’équipe un des convois ferroviaires fut attaqué par la Luftwaffe et partiellement détruit. Les essais ne purent reprendre qu’en novembre 1942. Le premier vol libre de l’hélicoptère intervint en février 1943.
Malheureusement un début d’incendie dans l’atelier détruisit partiellement le prototype. Avec l’accord de Moscou un second fut assemblé sous la désignation cette fois de Bratukhin G2 Omega, G2 signifiant deuxième hélicoptère. Ce dernier était pourtant strictement identique au 2MG.
Quand le premier fut propulsé par deux moteurs à six cylindres en ligne Voronezh MV-4 de 95 chevaux chacun, dérivés du Renault Bengali 4 français, le second exemplaire disposait de Voronezh MV-6, construits eux sous licence depuis le Renault Bengali 6 et d’une puissance unitaire de 220 chevaux. De ce fait la structure de voilure et de fuselage du G2 fut légèrement renforcée.
Le Bratukhin G2 Omega réalisa son premier vol en septembre 1944, directement sans entrave. Au cours du sixième vol d’essais, en janvier 1945, l’hélicoptère se posa un peu trop durement et brisa son train avant ainsi qu’une partie de la voilure. Il revola en juillet 1945.
Devant les excellents résultats du programme le bureau d’étude reçut l’autorisation d’une présentation officielle devant Joseph Staline à l’été 1946.
En fait à cette époque le G2 ne volait déjà quasiment plus, Ivan Pavlovich Bratukhin et son équipe s’étant déjà concentré sur des hélicoptères plus avancés. L’ingénieur avait pu récupérer et analyser un Focke-Achgelis Fa 223 Drache capturé par l’Armée Rouge.
Les vols du G2 prirent fin à Noël 1946, l’hélicoptère étant préservé pour son transfert dans un musée moscovite mais détruit quelques jours plus tard dans une explosion demeurée aujourd’hui encore inexpliquée.
Hélicoptère fondamentale dans l’histoire industrielle soviétique le Bratukhin 2MG Omega et sa version améliorée G2 permit à leur concepteur de défricher le domaine de vol de ces machines. Le G2 est parfois appelé Omega II même si cette appellation semble en fait erronée. Après ces deux hélicoptères expérimentaux Ivan Pavlovich Bratukhin développa le G3 à moteurs américains et surtout les très prometteurs B10 et B11. Le principe de birotor côte à côte persista en URSS avec les remarquables et impressionnants Kamov Ka-22 Hoop et Mil Mi-12 Homer.
Les 2MG et G2 n’eurent pas le temps d’être codés par l’OTAN, disparaissant avant la création de cette nomenclature.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.