Brantly B-2

Aux États-Unis le marché des hélicoptères civils et parapubliques s’est réellement développé après celui des appareils militaires. Si pour ces derniers ils apparurent durant la deuxième moitié de la Seconde Guerre mondiale pour les premiers d’entre eux il fallut véritablement attendre le tout début des années 1950. Et déjà c’est l’industriel Bell qui au travers de son Model 47 trustait littéralement le marché. Cependant quelques hélicoptéristes de plus petite dimension commerciale purent ça et là placer des machines, réussissant même parfois à les vendre à l’export en Europe occidentale. Parmi ces hélicoptères qui purent ainsi se frayer un chemin malgré le Bell 47 on retrouve l’étonnant Brantly B-2.

C’est pourtant bien pour le compte des militaires que cet hélicoptère fut pensé initialement. Son concepteur, l’ingénieur américain Newby O. Brantly, était un espèce de touche-à-tout de génie qui s’était lancé dans le domaine des voilures tournantes un peu par accident. Après avoir essayé de concevoir un premier appareil appelé Brantly B-1 qui ne dépassa pas le stade expérimental il décida de répondre à une offre officielle de l’US Army parue début 1952 et relative à un hélicoptère léger d’observation. Baptisé programme LOH, pour Light Observation Helicopter il devait permettre de fournir jusqu’à 300 machines aux militaires américains, et sans doute bien plus à l’export. Pour Newby O. Brantly c’était là l’occasion de montrer ce qu’il savait faire.

Brantly proposa ainsi son B-2, alors uniquement connu sous la forme de plans et de vues d’artistes. L’US Army fut séduite par l’aspect particulièrement ramassé et compact de ce biplace côte à côte et passa commande pour cinq exemplaires de présérie sous la désignation de Brantly YHO-3. Deux autres appareils étaient alors en compétition à ses côtés le Hughes Model 269 connu comme YHO-2 et de manière plus surprenante le Sud-Ouest SO.1221 Djinn français lui désigné YHO-1.

Extérieurement le Brantly YHO-3 se présentait sous la forme d’un hélicoptère léger biplace construit en métal et animé par un moteur à quatre cylindres opposés Lycoming O-360-A1 d’une puissance de 170 chevaux actionnant le rotor tripale. Alors quasi inconnu ce petit moteur n’était pas encore devenu la référence de l’aviation de tourisme qu’il allait devenir quelques années plus tard. Le pilote et son passager prenaient place à bord du YHO-3 par des entrées latérales difficiles d’accès. Pour autant la grande bulle de verre de l’hélicoptère offrait un champ de vision très intéressant, ce qui séduisit les généraux américains.
Il vola pour la première fois le 21 février 1953.

Pour autant les performances générales du Brantly YHO-3 n’étaient pas à la hauteur des espérances de l’US Army et rapidement il se fit distancer par ses deux concurrents. Au final pourtant aucun ne fut commandé en série. L’homme d’affaire Howard Hughes eut cependant comme compensation que son YHO-2 soit commandé en série comme hélicoptère d’entraînement sous la désignation de TH-55 Osage. L’YHO-3 n’eut même pas cette chance. Loin de désespérer Newby O. Brantly décida de lancer son hélicoptère sur le marché civil sous la désignation de Brantly B-2. Il croyait dur comme fer dans sa réussite.

Des améliorations furent alors apportées à l’YHO-3 afin de le civiliser. Pour cela deux versions furent proposées : le B-2A qui conservait le moteur O-360-A1 de 170 chevaux et le B-2B qui faisait lui appel à une version légèrement améliorée appelée O-360-A1A et développant 180 chevaux. Sur ces deux appareils un strapontin installé derrière le pilote et son passager permettait d’en accueillir un second. Le confort de ce dernier était cependant spartiate. L’aviation civile américaine certifia les deux versions entre novembre 1957 et janvier 1958. Le mois suivant le premier appareil de série entrait en service.

Bien que globalement utilisés comme hélicoptères privés quelques Brantly B-2 connurent une carrière parapublique. Ce fut exclusivement au sein de services de police en Grande Bretagne. Douze exemplaires y furent ainsi vendus, défrichant le domaine de vol des voilures tournantes de forces de l’ordre. Des ventes qui s’ajoutèrent aux nombreuses sur le marché civil. En effet outre-Manche le petit appareil américain connut un succès certain dans le courant des années 1960 représentant jusqu’à 35% des ventes. Des versions spécifiques dotés d’atterrisseurs amphibies furent mêmes construites spécialement pour les besoins britanniques.

La production du Brantly B-2 dura jusqu’au début des années 1980. Cependant à l’époque ce baroque petit hélicoptère n’avait plus vraiment la côte. Les hélicoptères à turbines comme l’Aérospatiale AS.350B Écureuil ou encore le Bell 206B Jet Ranger étaient alors jugés plus faciles d’emploi et surtout plus sécurisant. L’apparition du Robinson R22 Beta termina de tuer le B-2 sur les marchés civils et parapubliques. Un total de 334 exemplaires en fut produit, sans compter les cinq YHO-3.

De nos jours plusieurs exemplaires sont conservés dans des musées. Aux États-Unis l’US Army Aviation Museum de Fort Novosel en Alabama expose un des Brantly YHO-3 tandis que des B-2A et B-2B civils le sont à l’Helicopter Museum de Weston-Super-Mare au Royaume-Uni ou encore au San Diego Air & Space Museum de… San Diego en Californie. De nombreux exemplaires volaient encore début 2024, principalement en Amérique du Nord.
Une version améliorée multiplace a été développée sous la désignation de Brantly B-305, mais avec un succès très relatif.