Il est aujourd’hui sans doute avéré que Boeing est le constructeur aéronautique le plus célèbre du monde. Pour les néophytes c’est grâces à des succès commerciaux comme le biréacteur 737 ou le quadriréacteur 747 Jumbo Jet. Aux yeux des passionnés les bombardiers B-17 Flying Fortress et B-29 Superfortress n’y sont sans doute pas étrangers. Le bombardier est justement un spécialité dans laquelle l’avionneur a souvent excellé. Et sa première réussite dans le genre fut un bimoteur daté de l’entre-deux-guerres : l’Y1B-9 Death Angel.
Au début de l’année 1930 l’avionneur Boeing proposa de développer sur fonds propres un bombardier moyen dérivé de son avion postal monomoteur Model 200 Monomail. À cette époque l’US Army Air Corps ne possédait que des bombardiers assez peu réussis, souvent conçus à la va-vite, et mal armés à l’image du principal avion de cette époque : le biplan Keystone B-3. Les équipes de Boeing voulaient changer cela.
Le programme se vit doté par la direction du constructeur d’une enveloppe de 5000 dollars, une sommes assez importante pour l’époque. Il faut se souvenir que l’Amérique venait à peine de subir le grand krach boursier de 1929 et que du coup l’investissement industriel était au plus bas. Le futur avion reçut la désignation de Model 214. S’il reprenait les grandes lignes du fuselage du Monomail il en différait sur bien des points.
Extérieurement le Boeing Model 214 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever bimoteur. Il disposait d’un poste de pilotage monoplace à l’air libre et de trois postes annexes eux aussi extérieurs pour des tireurs et un officier de bombardement. Sa construction était métallique. La propulsion était assurée par deux moteurs à douze cylindres en V Curtis V-1570-29 Conqueror d’une puissance unitaire de 600 chevaux. Chacun entraînait une hélice bipale en bois et métal. Grande nouveauté pour l’époque le bombardier disposait d’un train d’atterrissage classique escamotable. Tous étaient alors fixes. Outre ses deux mitrailleuses défensives de calibre 7.62mm le Model 214 emportait une charge de bombes de 900 kilos en soutes.
Sans se prononcer en faveur d’une éventuelle commande en série l’US Army Air Corps demanda à Boeing de développer une version dotée de deux moteurs à neuf cylindres en étoiles Pratt & Whitney R-1860-11 Hornet B d’une puissance de 600 chevaux chacun entraînant des hélices métalliques tripales. Ce nouvel avion prit la désignation de Boeing Model 215.
Les deux intéressaient en fait les militaires américains. Cependant à cette époque l’USAAC devait impérativement lancé un appel d’offres ouvert aux autres avionneurs avant d’acquérir un quelconque aéronef.
Alors que le Boeing Model 215 vola le 13 avril 1931 il fallut attendre le novembre de la même année pour voir décoller le Model 214. En fait Curtiss trainait des pieds à mettre au point le câblage moteur, de peur que le futur bombardier de Boeing ne vienne faire de l’ombre à son biplan B-2 Condor.
L’appel d’offre de l’US Army Air Corps déboucha sur deux candidatures supplémentaires : au Boeing Model 214/215 venaient s’ajouter une proposition d’Atlantic Aircraft et une de Douglas. Fait surprenant tous les deux provenaient d’avions d’observations alors en cours de développement pour les besoins militaires. Il s’agissait respectivement des O-27 et O-35.
Boeing était donc le seul avionneur à proposer un pur bombardier. À Noël 1931 le Model 215 fut déclaré vainqueur et le prototype reçut la désignation de XB-901 dans la nomenclature militaire américaine de l’époque.
Si Atlantic en resta là il est à signaler que Douglas persista et développa sa version de bombardement, dans l’espoir d’une vente à l’export. Dans le même temps cinq avions de série dérivés du XB-901 furent commandés sous la désignation Boeing Y1B-9A. Le premier d’entre-eux vola le 14 juillet 1932. Les cinq avions entrèrent en service limité dans l’US Army Air Corps au mois d’octobre 1932.
Le terme de service limité indiquait que ces avions étaient jugés inaptes aux opérations de guerre mais pouvaient assurer des missions intérieures, notamment lors de manœuvres aériennes. Début 1933 les cinq bombardiers reçurent le patronyme de Death Angel, à l’origine il s’agissait d’un sobriquet donné par les militaires chargés des essais qui craignaient avec lui de mourir d’hypothermie en altitude.
La carrière des Boeing Y1B-9 Death Angel fut une des plus courtes de l’histoire aéronautique américaine. Ils ne furent utilisés que jusqu’en février 1935. Pendant ce court laps de temps ils participèrent à une dizaine d’exercices aériens, notamment aux côtés de chasseurs Berliner-Joyce P-16 et Boeing P-26. L’US Army Air Corps put ainsi défricher le domaine de l’escorte de bombardiers, ce qui allait devenir une spécialité américaine durant la Seconde Guerre mondiale.
Finalement quand l’avion fut retiré du service il laissa la place au Martin B-10 bien plus moderne. Pour autant il avait permis de grandes avancées à l’USAAC.
Premier bombardier Boeing, et loin d’être d’être le dernier, l’Y1B-9 Death Angel marqua durablement les esprits. Bien que retombé dans l’oubli dans les années qui suivirent son retrait du service il refit surface dans diverses publications dès les années 1960. Il faut dire que l’avion présente bien des aspects modernes qui préfiguraient ses descendants… jusqu’à nos jours.
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