Souvent surnommés les « bananes volantes« , les hélicoptères birotors en tandem font pleinement partis de l’histoire aéronautique. Depuis leur apparition avec notamment le Piasecki H-21 ils n’ont cessé de nous surprendre. Généralement considèrés comme des mastodontes des airs, des hélicoptères très lourds capables de transporter une trentaine de soldats, ils sont généralement moins musclés que cela. L’un de ceux ci, peut être un des plus connus dans le monde, s’est d’ailleurs illustré plus comme machine d’assaut ou de sauvetage en mer que comme pur hélicoptère de transport : le Boeing Vertol CH-46 Sea Knight.
C’est en 1956 que les responsables du bureau d’étude Boeing Vertol prirent la décision de développer un nouvel appareil autour de la formule du birotor en tandem. Initialement connu comme Model-107 celui ci fut réalisé en à peine deux années. En effet le prototype réalisa son premier vol le 22 avril 1958. Rapidement il fut présenté aux militaires américains, sous la désignation de YHC-1A. L’US Army, cliente privilégiée par Boeing Vertol, commanda trois prototypes sous cette configuration. Les essais en vol de ceux ci se déroulant à l’été 1959. Dans le même temps le constructeur faisait les yeux doux à l’US Marines Corps, lui aussi en recherche d’un hélicoptère de transport de troupes, à même de remplacer ses Sikorsky UH-34. Le Model-107 était alors désigné HRB-1 par les Marines. A la surprise générale l’US Army considéra le YHC-1A comme irrémédiablement trop petit pour elle, tandis que les Marines se satisfaisaient pleinement du HRB-1. Le Boeing Vertol Model 107 serait donc construit pour eux.
Rapidement l’US Navy fit savoir qu’elle serait elle aussi intéressée par une version du Model 107, notamment pour assurer le soutien logistique de la flotte en remplacement de ses vieux Sikorsky HO4S Chickasaw.
Extérieurement le Boeing-Vertol HRB-1 se présentait sous la forme d’un hélicoptère birotor en tandem intégralement construit en métal. Sa propulsion était assurée par deux turbomoteurs Lycoming T53 d’une puissance unitaire de 877 chevaux et entraînant chacun un rotor à trois pales. Doté d’un train d’atterrissage tricycle escamotable et d’une rampe de chargement arrière automatisée l’appareil était alors le plus moderne en développement aux États-Unis.
L’appareil vola pour la première fois sous la forme d’un prototype le 9 août 1962. Quelques semaines plus tard l’US Navy et ses composantes de rattachement alignaient leurs désignations sur celles de l’US Air Force. Le HRB-1 devint alors le CH-46A. Le nom qui lui fut choisi était Sea Knight.
Outre le transport de troupe, l’appareil pouvant embarquer 18 fantassins équipés, le CH-46A fut rapidement employé comme hélicoptère dit de Vertrep, abrévation de Vertical Replenishment. Cette mission consiste en fait au ravitaillement via une charge sous élingue des différents bâtiments de la flotte, et notamment du porte-avions. Cette spécialité typiquement américaine était alors réalisé aussi bien par les hélicoptères de l’US Navy que par ceux de l’US Marines Corps.
Car c’est là que résida le secret de cette machine, elle fut aussi bien utilisée par l’une et l’autre des deux armes navales américaines. Les Marines firent un large emploi des CH-46D et F, et utilisèrent même plusieurs UH-46D, plus spécifiquement adapté au transport d’assaut et au soutien des opérations amphibies par l’adjonctions d’armes de sabord, et notamment des premières mitrailleuses lourdes M218. Les Sea Knight de l’US Marines Corps furent massivement employés lors de la guerre du Vietnam. C’est là d’ailleurs que l’appareil reçut son surnom de Bullfrog, c’est à dire le « crapaud taureau« . Par la suite ces hélicoptères furent employés dans toutes les opérations de l’US Navy et des Marines, notamment à la Grenade, dans le Golfe, en Somalie, et en ex-Yougoslavie. Véritable bête de somme le petit birotor en tandem était mis véritablement à toutes les sauces.
A partir de 2002 l’appareil a commencé à quitter le service actif dans l’US Navy, laissant définitivement la place au Sikorsky MH-60S Knighthawk. De son côté l’US Marines Corps a conservé ses machines, toutes désormais au standard CH-46E et CH-46F. Bien que théoriquement voués à être remplacés par les convertibles MV-22 Opsrey cet hélicoptère s’accroche. Mi 2013 plus de 150 d’entre eux servaient encore.
Mais le Boeing Vertol Model 107 a également connu un certain succès à l’export. Le Canada notamment qui utilisa deux versions différentes. Le CH-113 Labrador de recherche et de sauvetage en mer, et le CH-113A Voyageur de transport d’assaut. Certaines machines de cette seconde série furent notamment utilisés par les forces canadiennes prépositionnées en Europe au titre de l’OTAN. Dans les années 80 les Voyageurs furent tous repeints en livrée haute visibilité et transformés en Labrador. Ils furent remplacés en 2001 par des Agusta-Westland CH-149 Cormorant plus puissants et plus modernes.
Au Japon, la firme Kawasaki a obtenu une licence de production de l’appareil. Il est alors connu en tant que Kawasaki KV-107. Outre aux forces japonaises huit exemplaires ont été livrés à la marine suédoise pour des missions de recherche et de sauvetage. La Suède possédait déjà alors quatorze exemplaires, dont quatre spécialement adaptés à des missions de guerre contre les mines navales.
En outre l’Arabie-Saoudite et la Thaïlande ont utilisé ce birotor robuste et rustique. Aux États-Unis certains exemplaires ont été transformés en bombardiers d’eau mais sans grande réussite. Aujourd’hui sur le déclin, le CH-46 Sea Knight est l’un des symboles forts de l’engagement américains des cinquante dernières années, et pourtant il est toujours demeuré dans l’ombre de ses deux grands contemporains, l’UH-1 Iroquois et le CH-47 Chinook.
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