C’est un fait finalement assez peu connu mais l’US Navy fit un usage très important des hydravions à flotteurs entre le milieu des années 1920 et le milieu des années 1940. Il s’agissait généralement de machines réalisant des missions de surveillance, d’appui tactique, voire de liaisons et de ravitaillement des postes avancés. À peu près tous les constructeurs aéronautiques américains s’y essayèrent y compris les plus petits. Un des hydravions les plus méconnus de ce temps ne dépassa en fait pas le stade expérimental : le Boeing-Stearman XOSS.
Début 1936 l’US Navy annonça rechercher un successeur à son hydravion embarqué d’observation Curtiss SOC Seagull. Bien que récemment entré en service et présentant de très bonnes qualités il n’y avait rien de surprenant à ce que l’aéronavale américaine pense déjà à sa succession. Elle agissait de la sorte depuis le début des années 1920. Cette habitude d’environ quinze ans avait même forgé la manière de faire de ses ingénieurs.
Un cahier des charges fut émis en ce sens. Il prévoyait que le futur appareil soit avant tout un hydravion à flotteurs mais qu’il puisse également opérer comme un avion à train fixe. Son armement devait comporter au moins deux mitrailleuses, l’une en position de chasse et la seconde montée sur affût annulaire ou poste de tir arrière. Sa motorisation devait être assurée par un moteur en étoile d’une puissance minimum de 450 chevaux.
Trois avionneurs seulement y répondirent : Boeing-Stearman, Naval Aircraft Factory, et Vought. Pour chaque constructeur un prototype fut commandé.
L’aéronef de Boeing-Stearman reçut ainsi la désignation constructeur de Model 85 tandis qu’il était connu dans l’US Navy comme XOSS.
Il se présentait sous la forme d’un hydravion biplan à flotteurs de construction mixte métallique et contreplaqué. Comme le cahier des charges le laissait clairement sous-entendre l’appareil était également proposé en version terrestre avec un train d’atterrissage classique fixe. Le pilote et l’observateur prenaient place dans un cockpit fermé, biplace en tandem. Sa propulsion était assurée par un moteur à neuf cylindres en étoile Pratt & Whitney R-1340 Wasp d’une puissance de 600 chevaux entraînant une hélice bipale en métal et bois.
Le prototype réalisa son premier vol le 10 septembre 1938.
Malheureusement pour lui quand il fut présenté à l’US Navy le Boeing-Stearman XOSS n’avait pas reçu sa mitrailleuse avant, celle en position de chasse. Seule l’arme défensive Browning de calibre 7.62mm était gréée. Mais surtout ses deux concurrent avaient déjà réalisés leurs vols inauguraux. Et force était de constater que les ingénieurs de Naval Aircraft Factory et Vought avaient finalement mieux travaillé que leurs homologues de chez Boeing-Stearman. En fait le XOSS paraissait fragile vis à vis de ses deux concurrents. Des essais comparatifs furent pourtant engagés et ils confirmèrent les craintes.
En essais le Boeing-Stearman XOSS peinait à déjauger sur une mer trop formée. Ses performances en matière de rayon d’action, de plafond pratique, et de vitesse ascensionnelle étaient globalement moindre que les prototypes de Naval Aircraft Factory et de Vought. Tant et si bien qu’en mai 1939 la compétition fut stoppée et Vought déclaré vainqueur. Son monoplan OS2U Kingfisher allait devenir un des plus fameux hydravions monomoteurs de la Seconde Guerre mondiale.
On aurait pu croire que le Boeing-Stearman XOSS serait immédiatement envoyé à la ferraille mais il n’en fut rien. L’hydravion fut affecté à des missions de servitude et de liaison au profit de l’état-major de l’US Navy jusqu’en septembre 1941. Par la suite il fut abandonné sur une base aéronavale de Floride et détruit durant la guerre.
Si le constructeur Boeing-Stearman est mondialement connu pour son très réussi biplan d’entraînement PT-17 Kaydet ce XOSS prouve que lui aussi avait le droit de rater une de ses réalisation. De nos jours il ne reste plus rien de ce prototype d’hydravion monomoteur.
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