Comme toute aventure technologique l’aviation a ses références absolues. Il s’agit bien souvent d’avionneurs, voire d’hélicoptéristes, dont le renom dépasse à chaque fois les frontières de leurs propres pays. Dassault en France, Messerschmitt en Allemagne, ou Hawker en Grande Bretagne sont de ceux-là. Les États-Unis, de par leur puissance industrielle indiscutable, en cumulent quelques-uns. Cependant le plus évident est forcément le légendaire Boeing. Un constructeur qui jusqu’à aujourd’hui a su marquer l’histoire aéronautique au travers de machines souvent de très grande qualité. Une de ses premières réalisations fut cependant un avion assez peu réussi et pour tout dire qui demeure un mystère plus d’un siècle après son entrée en service opérationnel : le Boeing GA-1.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale l’US Army Air Service chercha par tous les moyens à survivre à la paix revenue. Pour cela elle avait besoin de nouveaux matériels volants, et surtout d’appareils développés et produits sur le sol américain. Son équipement était alors d’origine britannique et française, mais aussi allemande via les saisies d’avions au titre des dommages de guerre. En parallèle de sa soif d’avions nouveaux elle fit naître des concepts jamais vus jusque-là ou alors de manière très marginale.
C’est ainsi qu’à la toute fin de l’année 1919 alors que l’encre des signatures du traité de Versailles était à peine sèche elle émit la doctrine relative aux avions d’attaque.
Il s’agissait alors d’avions dont le rôle de mitrailler une zone donnée au sol à l’aide de mitrailleuses de calibre 7.62 millimètres et d’un canon de calibre 37 millimètres destiné lui à l’attaque des chars d’assaut et des bâtiments faiblement protégés. L’emploi de bombes sur râtelier était exclu car les avions d’attaque ne devaient pas entrer dans le cadre des bombardiers. Toutefois des bombes légères de moins de trois kilogrammes chacune pouvaient être emportées et tirées à la main.
L’Engineering Division de l’US Army établit ainsi un cahier des charges relatif à un tel avion dont la seule réponse fut le Boeing Model 10. Un prototype fut immédiatement commandé. En fait l’avionneur était encore peu connu à l’époque n’ayant fourni à l’US Army Air Service que deux biplans d’entraînement Model C au cours de l’année 1918.
Extérieurement le Boeing Model 10 tenait pourtant plus du bombardier que d’autre chose. C’était un grand triplan construit en bois entoilé et dont certaines parties étaient recouvertes de plaques de blindages. La motorisation tournait autour de deux Liberty 12A à douze cylindres en V d’un puissance de 435 chevaux et qui actionnaient chacun une hélice bipale propulsive. L’armement de l’avion se composait de huit mitrailleuses mobiles et d’un canon, chaque arme étant installée de manière à pouvoir tirer vers le bas. Les parties avant des nacelles-moteurs permettaient l’accueil de postes de tirs. Une provision pour dix mini-bombes d’un kilo et demi chacune fut prévu à bord.
Le Model 10 réalisa son premier vol en mai 1920.
Malgré des essais en vol assez peu convaincants l’US Army Air Service passa commande pour neuf exemplaires de série sous la désignation de Boeing GA-1, GA pour Ground Attack. Le prototype fut désarmé et équipé d’une double commande afin de servir à l’entraînement des futurs pilotes. Étaient appelés à voler dessus des aviateurs ayant servi en Europe sur bimoteurs.
Les cinq premiers exemplaires entrèrent en service en mai 1921 suivis deux mois plus tard des derniers. Bien que l’Amérique étant alors globalement en paix elle engagea ses GA-1 dans diverses manœuvres aériennes. Ils étaient à cette époque les plus gros avions d’armes en service dans l’USAAS.
Très rapidement les officiers américains, dont le fameux stratège William Mitchell, se rendirent compte que le Boeing GA-1 étaient inapte au combat. Le débattement de ses huit mitrailleuses était trop faible et lorsque le canon tirait l’avion avait une fâcheuse tendance à devenir instable. En outre les armes n’étaient réellement efficaces qu’à maximum 200 mètres du sol, là où le GA-1 devenait vulnérable aux tirs de la DCA.
Finalement l’US Army Air Service prit la décision en juillet 1925 de retirer du service l’ensemble de ces gros triplans blindés.
L’aviation américaine dut attendre encore une dizaine d’années, et le Curtiss A-18 Shrike, avant de posséder de nouveau un avion d’attaque bimoteur construit en série. Contrairement à une idée reçue encore très présente le Boeing GA-1 ne donna nullement naissance au Boeing GA-2 qui était censé le remplacer. Il ne reste aujourd’hui plus rien de cet étonnant triplan destiné au mitraillage des troupes ennemies.
Il est considéré par les historiens américains comme l’ancêtre du fameux Lockheed AC-130U Spooky II.
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