À partir du dernier trimestre de l’année 1943 les ingénieurs aéronautiques allemands se lancèrent dans ce que l’on nomma plus tard les projets de la dernière chance. Il s’agissait d’aéronefs conçus selon des principes très novateurs mais souvent totalement fous et qui auraient été aussi dangereux pour leurs équipages que pour les aviateurs alliés. Si l’un des plus célèbre est le Bachem Ba 349 Natter il est loin d’être le seul. C’est ainsi que le bureau d’étude Blohm und Voss créa un chasseur non motorisé destiné à l’interception des boxes de bombardiers américains et britanniques : le Bv 40.
C’est au tout début de l’année 1944 que le bureau d’étude Blohm und Voss lança le développement d’un chasseur de défense aérienne rapprochée. Les budgets étant alors serrés le Reich Luftfahrt Ministerium ne lui attribua qu’un minimum de reichmarks. Les ingénieurs allemands avaient alors dans l’idée de développer un planeur de chasse dérivé des travaux du DFS, le Deutsche Forschungsanstalt für Segelflug. Ceux-ci dataient alors de près de dix ans et débouchèrent en leur temps sur la création du planeur d’assaut DFS 230. Les ingénieurs spécialistes en planeurs y soutenaient la thèse qu’avec une aérodynamique adaptée un avion sans moteur pourrait parfaitement attaquer des avions motorisés comme un moustique le fait contre des oiseaux. Sauf qu’en 1935 tout cela n’était que purement théorique. Il en était autrement en 1944.
Aussi Richard Vogt l’ingénieur en chef de Blohm und Voss décida d’adapter ces théories en lançant le programme Bv 40. Construit majoritairement en bois et contreplaqué l’avion disposait cependant de blindages sur l’avant du fuselage. La verrière fut également renforcée permettant au maximum de protéger le pilote lors des phases d’attaque des bombardiers ennemis. Plusieurs armements furent envisagés : un canon de 30mm, quatre mitrailleuses de 13mm, et enfin les ingénieurs arrêtèrent leur choix sur deux canons MK108 de calibre 30mm alimentés chacun à 35 obus et tirant de part et d’autre du fuselage. Pour le reste le Bv 40 se présentait sous la forme d’un planeur assez classique pour son temps avec sa voilure haute, son train d’atterrissage largable, et son empennage cruciforme.
Pour le tractage des avions là encore des débats existaient entre les concepteurs du Blohm und Voss Bv 40. Richard Vogt soutenait alors le chasseur Messerschmitt Bf 109G tandis que d’autres proposaient le bombardier en piqué Junkers Ju 87D. Bien entendu les deux monomoteurs seraient spécialement modifiés et verraient leur armement déposé.
Finalement le RLM opta pour le Bf 109G bien plus puissant. Surtout le Stuka n’avait plus les faveurs des généraux nazis.
C’est avec cet avion comme remorqueur que le premier vol du Bv 40 eut lieu le 20 mai 1944.
Le débarquement des troupes anglo-américaines en Normandie quelques jours après ce vol inaugural rendit le programme du Blohm und Voss Bv 40 bien plus important aux yeux de la Luftwaffe. Celle-ci commanda à Richard Vogt de développer une version capable de larguer des bombes de 50 kilos contre les vagues de bombardiers alliés.
Les premiers vols du duo Bf 109G – Bv 40 démontrèrent des difficultés surprenantes. Il était plus confortable pour le pilote de l’avion-remorqueur de larguer deux planeurs en même temps qu’un seul. Cette configuration déstabilisait moins l’avion qu’avec un unique planeur.
À cette époque Richard Vogt entendit également tester son Bv 40 avec quatre roquettes sous les ailes, montées deux par deux.
Pourtant la perte de deux planeurs, ayant entraînés à chaque fois la mort des pilotes d’essais mit fin au programme juste avant Noël 1944. À cette époque six Blohm und Voss Bv 40 avaient été produits et treize autres étaient à divers niveaux d’assemblage.
Les deux Messerschmitt Bf 109G désarmés furent également stockés avec les planeurs jusqu’au moment où les forces américaines mirent la main dessus quelques mois plus tard. Au départ certains officiers de l’US Army crurent que les Allemands avaient tenté de mettre au point un avion kamikaze mais rapidement les documents techniques contredirent ces croyances. Pourtant le mal était fait et jusque dans les années 1980 un bon nombre de publications aéronautiques présentait encore le Bv 40 comme l’équivalent allemand du Yokosuka MXY-7 Ohka japonais.
Aujourd’hui encore le Blohm und Voss Bv 40 est un planeur qui surprend. Conceptuellement c’est totalement une arme de la dernière chance et il se dit que rétrospectivement il est heureux pour ses pilotes qu’ils ne soient jamais entrés en service. Il ne reste en 2020 aucun de ces étonnant appareils.
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