Lorsque les troupes allemandeshttps://www.avionslegendaires.net/avion-militaire/bloch-mb-200/ entrèrent en France au printemps 1940, elles étaient loin de se douter qu’elles allaient trouver des dizaines d’avions appelés à servir rapidement dans les rangs de la Luftwaffe. L’aviation allemande récupéra rapidement pour ses besoins, et pour ceux de ses pays satellites, des appareils de tous types : du chasseur à l’avion d’entraînement en passant par l’hydravion de patrouille côtière ou encore le bombardier. Dans ce dernier cas, un avion fait figure de machine à part puisqu’il ne servit pour sa mission initiale qu’en Bulgarie et en Roumanie, deux fidèles alliés du IIIème Reich, alors que dans la Luftwaffe il se limita à des missions de soutien opérationnel et de servitude : le Bloch MB.200.
En 1932, le Ministère de l’Air établit un cahier des charges concernant un appareil de la classe B4, c’est-à-dire un bombardier à quatre places. L’Armée de l’Air recherchait en effet un avion de ce type afin de remplacer les avions alors en service et datant pour la plupart de la fin de la Première Guerre Mondiale. Deux avionneurs répondirent au programme : Bloch et Farman. Malgré la réputation de Farman dans la conception d’avions de ce type, c’est Bloch qui fut déclaré vainqueur avec son programme désigné MB.200. Celui-ci devait alors beaucoup aux travaux du constructeur britannique Bristol, et notamment à son bimoteur Bombay alors en plein développement. Bloch décida de travailler avec le motoriste Gnome & Rhône pour l’équipement de son bombardier.
Les premières études furent rapidement menées, si bien que le prototype, désigné MB.200-01, effectua son premier vol le 26 juin 1933. L’avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute, bimoteur, disposant d’un train d’atterrissage fixe à large voie. Le poste de pilotage placé au-dessus de la cabine offrait un champ de vision assez important pour l’époque. Une soute à bombe était installée dans la cabine de l’avion. Le MB.200 disposait de trois postes de tir pour la défense de l’avion : une tourelle mobile à l’avant, une tourelle dorsale, et une tourelle ventrale appelée baignoire sous le fuselage. Chacun de ces postes de tir disposait d’une mitrailleuse mobile Darne de 7.5mm de calibre.
Début 1934, l’Armée de l’Air passa commande pour un premier lot de 178 avions. Ces avions entrèrent rapidement en service dans les unités de combat de première ligne et remplacèrent les vieux Breguet XIX. De conception assez moderne pour l’époque, les MB.200 n’en étaient pas moins dépourvus de points faibles, dont le principal était alors la lenteur de l’avion. Celle-ci fit que l’Armée de l’Air exigea rapidement que ses bombardiers B4 soient escortés par des chasseurs.
Un an après la première commande, une seconde fut passée pour 30 avions supplémentaires, sous la désignation de MB-201. Ceux-ci se différenciaient par l’absence de tourelles de défense et de soute à bombes, remplacée par une cabine permettant le transport de dix passagers. Les MB.201 furent donc affectés à des missions de transport de passagers, mais également pour le transport postal ou encore l’entraînement des équipages de bombardiers. La plupart des MB.201 furent affectés au sein même des unités de MB.200.
Les 208 Bloch MB-200 et MB-201 furent particulièrement actifs en 1938 lors des accords franco-germano-britanniques de Munich. Les pilotes des bombardiers français purent à cette occasion constater à quel point leur appareil était devenu obsolète face à des chasseurs modernes de la classe du Hawker Hurricane. Les MB.200 étaient alors placés sous la protection des chasseurs français Dewoitine D.510, eux aussi obsolètes.
Lors des combats de la Seconde Guerre mondiale, les MB.200 remplirent leur rôle de bombardier uniquement de jour, et le plus près possible des troupes. Du fait de leur obsolescence ceux-ci devinrent rapidement des bombardiers d’appui rapproché. Les bombardiers Bloch MB.200 subirent de lourdes pertes face à la Luftwaffe.
Mais l’Armée de l’Air ne fut pas le seul utilisateur du bimoteur conçu par Marcel Bloch. En effet la Tchécoslovaquie acquit la licence de fabrication de l’avion qui fut assemblé localement par l’avionneur Avia à hauteur de 128 exemplaires. A la différence de leurs homologues français, les avions tchécoslovaques n’étaient pas mus par des Gnome & Rhône mais par des moteurs en étoile Walter de 760 chevaux chacun. De même la soute à bombes avait été modifiée et l’avion ne pouvait emporter qu’une tonne de bombes seulement. Là encore, les MB.200 durent affronter la chasse allemande, et là encore ils se firent décimer. En effet, les chasseurs de la Luftwaffe étaient bien supérieurs dans tous les domaines aux MB.200 tchécoslovaques, d’autant que ceux-ci étaient sous-motorisés par rapport aux machines de l’Armée de l’Air.
La Luftwaffe réquisitionna donc des MB.200 à la fois en France et en Tchécoslovaquie. Les appareils originaires de France furent tous pris en compte par l’aviation allemande qui l’utilisa jusqu’en juillet 1944 pour des missions d’entraînement à la radionavigation et d’entraînement pour les équipages de bombardier. Les MB.200 de la Luftwaffe furent réarmés avec des mitrailleuses de 7.9mm identiques à celles des Junkers Ju-88. Quelques MB.201 furent eux utilisés pour des missions de transport de personnels et de liaison jusqu’à la fin de la guerre. Quant aux avions construits par Avia ils furent donnés par le IIIème Reich à la Bulgarie et à la Roumanie, pour respectivement 12 et 25 exemplaires. Ces avions furent utilisés dans des missions de bombardement, principalement contre les Partisans de Tito en Yougoslavie. Les MB.200 roumains furent massivement employés en juillet 1942 lors d’une attaque contre les troupes soviétiques basées en Ukraine. Les bimoteurs devinrent là encore des cibles aisées pour la chasse adverse, en l’occurrence l’Aviation du Front.
Avec un total de 332 avions produits, le MB.200 peut être considéré comme un avion mineur, toutefois il fut le premier véritable bombardier conçu par l’avionneur. En effet, Marcel Bloch ne fit quasiment que la conception du bombardier, sa production étant assurée par divers industriels : Breguet, Hanriot, Loire, Potez, et la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest. Potentiellement modernes lors de leur entrée en service, ces avions étaient devenus totalement obsolètes en 1939 et pourtant ils restèrent en service durant presque toute la Seconde Guerre Mondiale.
La Croatie reçut quant à elle huit MB.200 tchécoslovaques qu’elle utilisa pour des missions de reconnaissance et de bombardement léger. Ces avions furent rapidement remplacés par le Junkers Ju-87.
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