Dans l’histoire de l’aviation les armes automatiques tiennent une place à part. Les mitrailleuses puis les canons, la plus part du temps eux même mitrailleurs, sont apparus durant la Première Guerre mondiale pour ne plus jamais quitter le domaine aéronautique. Les calibres vont généralement de 7.5mm à 30mm inclus, et on les retrouve aussi bien sur des avions que sur des hélicoptères voire des drones. Pourtant quelques expérimentations de calibres supérieurs eurent lieu. L’une des plus notables fut le calibre 37mm développée en Grande Bretagne par l’armurier Coventry Ordnance Works destiné à être emporter par des avions. Après quelques expérimentations sur des prototypes de chasseurs bien trop légers pour lui ce canon COW de 37mm d’une cadence de tir de 100 coups par minutes trouva sa place sur le poste de tir avant d’un hydravion de patrouille lointaine : le Blackburn RB-3 Perth.
C’est à l’automne 1932 qu’à la demande de la Royal Air Force elle-même la société Blackburn lança le développement d’une version améliorée de son hydravion à coque Iris Mk-V. Cependant afin de régulariser au maximum les choses l’Air Ministry s’en mêla et ordonna qu’un cahier des charges soit rédigé par la RAF. Il débouche sur la Specification 20/32. Il était tellement fouillé et précis que seul Blackburn pouvait y répondre.
En fait l’aviation militaire britannique voulait une version profondément modernisée de l’Iris, de construction cette fois en très grande partie métallique et disposant d’un poste de pilotage fermé.
À la surprise générale l’avionneur décida de modifier le nom de l’aéronef. Ainsi venait de naître le Blackburn RB-3 Perth.
Extérieurement il conservait beaucoup des attributs de l’Iris. Son fuselage était cependant légèrement rallongé tandis que la fameuse voilure biplan réputée si stable et fiable fut conservée. Il en était de même pour l’empennage, les postes de tir, ou encore la motorisation. Celle-ci s’articulait donc autour de trois moteurs à douze cylindres en V Rolls-Royce Buzzard Mk-IIMS d’une puissance nominale de 825 chevaux entraînant chacun une hélice bipale en métal et bois. Pilote, copilote, et radionavigateur prenaient place dans un cockpit fermé. L’armement du Perth se composait d’un canon mobile COW de calibre 37mm dans le poste avant, destiné à la destruction des navires ennemis, et une mitrailleuse défensive mobile de calibre 7.7mm dans chacun des deux postes centraux et arrières. Une charge de bombes de 907 kilogrammes pouvait compléter cet arsenal.
Le premier vol de l’hydravion intervint le 11 octobre 1933. Immédiatement trois exemplaires de série furent commandé en plus de ce premier RB-3 Perth de présérie. Ils entrèrent en service janvier 1934 au sein du N°209 Squadron de la Royal Air Force, basé à RAF Mount Batten dans le sud-ouest anglais. Ils y remplacèrent immédiatement les Blackburn Iris.
Au sein de la Royal Air Force ces nouveaux hydravions furent connus comme Perth Mk-I.
L’exemplaire de présérie, alors encore en phase de tests au sein du Marine Aircraft Experimental Establishment ne les rejoignit qu’en juin 1934.
Le MAEE justement apporta une modification, non pas structurelle mais de l’ordre de l’utilisation des Blackburn Perth Mk-I en unité. Lors des vols de reconnaissance maritime une mitrailleuse de calibre 7.7mm supplémentaire, et ses cartouches, était emportée. Elle devait pouvoir remplacer en moins de sept minutes le lourd canon COW de 37mm en cas de présence d’avions de chasse ou d’hydravions ennemis. Aux vues des difficultés de la manœuvre de changement d’armement en vol cette modification n’eut jamais lieu lors des vols d’entraînement.
Quelques difficultés d’emploi des hydravions les obligèrent à retourner chez Blackburn entre septembre 1934 et février 1935. La solution fut trouvée en modifiant les empennages et en changeant les flotteurs annexes. Les zones de patrouilles des Perth Mk-I étaient principalement l’Atlantique nord, la Mer d’Irlande, et la Manche. Avec la montée en puissance du régime hitlérien en Allemagne il n’était pas rare à partir de l’été 1935 de voir un de ces gros hydravions biplans patrouiller en Mer du Nord.
En août de cette même année un exemplaire fut obligé d’amerrir et de venir se mettre à l’abri dans le port français de Boulogne-sur-mer en raison d’une trop forte tempête en Manche. L’hydravion britannique fut l’attraction numéro 1 de la ville durant une semaine, immortalisée par un photographe parisien spécialement venu sur place et qui en fit une série de cartes postales.
Quelques jours plus tard en septembre 1935 c’est de manière plus dramatique que le Blackburn Perth Mk-I fit la une des journaux britanniques. Lors d’une manœuvre d’amerrissage au nord de la Mer d’Irlande un hydravion fut endommager. Il coula alors qu’il tentait de déjauger par une mauvaise mer. Quatre des cinq aviateurs à bord périrent dans l’accident. L’hydravion en question portait le serial K3580.
La Royal Air Force décida de retirer du service ces machines à l’horizon de juin 1936, qu’ils aient ou non un successeur. Le Perth était devenu beaucoup trop onéreux à l’emploi.
Initialement c’est le bimoteur Supermarine Stranraer qui devait assurer ce rôle de remplaçant mais son développement n’avançait pas assez. Du coup l’Air Ministry commanda en urgence trois Short Singapore Mk-III supplémentaire.
Mars 1936 vit la Royal Air Force se séparer de ses Blackburn Perth Mk-I. Si deux d’entre eux furent immédiatement envoyés à la ferraille le troisième, le plus récent, fut repris par le Marine Aircraft Experimental Establishment qui l’utilisa pour du soutien aux essais d’armement et de systèmes radios jusqu’à l’automne 1938.
Ces hydravions qui ne connurent jamais le feu ne furent pas vendus à l’export.
Aujourd’hui encore le Blackburn RB-3 Perth demeure le plus gros hydravion à coque biplan que la Royal Air Force ait aligner dans ses rangs ! Son retrait du service marque la fin des trimoteurs de reconnaissance maritime lointaine en Grande Bretagne.
Aucun exemplaire ne fut conservé jusqu’à aujourd’hui.
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