Quand elle fit son apparition au printemps 1916 rien ne laissait présager que la Bayerische Flugzeugwerke AG, ou BFW, allait durablement marquer l’histoire de l’aviation. En effet elle était née des cendres d’un avionneur éphémère nommé Otto Flugmaschinenfabrik et était alors une branche du groupe MAN. Pourtant durant l’entre-deux-guerres et plus encore à partir de l’ère nazie elle était appelée à devenir un des constructeurs d’avions parmi les plus connus de tous les temps, sous le nom de Messerschmitt. Une entreprise qui conçut quelques uns des chasseurs les plus célèbres et les plus redoutés de leur temps. Nonobstant c’est avec un appareil passablement raté qu’elle se fit connaître : le BFW CL.I.
À la fin de l’été 1917 l’Allemagne lança un programme destiné à la doter d’un nouveau chasseur lourd biplace, ayant cette fois des capacités secondaires d’attaque au sol et de reconnaissance. Le cahier des charges était suffisamment large pour permettre au plus grand nombre d’y répondre. Les constructeurs BFW, Daimler, Halberstadt, Hannover, Junkers, et Zeppelin-Lindau proposèrent chacun un avant projet. Hormis Hugo Junkers qui présenta un monoplan à aile basse tous les autres ingénieurs avançaient des biplans.
L’équipe dirigée au sein de la BFW par l’ingénieur en chef Peter Eberwein reçut donc instruction de concevoir l’avion connu alors comme Modell 17 au sein de la nomenclature maison. Ce prototype fut assemblé assez rapidement, grâce notamment aux personnels qui avaient jadis œuvés sur l’Otto C.I construit en petite série.
Le BFW Modell 17 se présentait sous la forme d’un biplan monotravé d’envergure inégale construit en bois entoilé et doté d’un train d’atterrissage classique fixe. Ce dernier se terminait par un patin de queue. C’est un Mercedes D.III à six cylindres en ligne d’une puissance de 160 chevaux entraînant une hélice bipale en bois qui en assurait la motorisation. Les deux membres d’équipage prenaient place à bord d’un poste biplace en tandem. L’observateur disposait d’une mitrailleuse LMG14 montée sur affût annulaire mobile tandis que le pilote actionnait l’unique LMG08/15 synchronisée tirant en position de chasse. Ces deux armes étaient de même calibre : 7.92 millimètres.
C’est dans cette configuration que le premier vol eut lieu le 4 avril 1918.
Ayant entre temps reçut la désignation de BFW CL.I le Modell 17 ne suscita pas un grand engouement de la part des officiels allemands. Ils lui reprochaient d’être trop lent pour pouvoir efficacement affronter les chasseurs britanniques et français. Un second prototype, allégé, réalisa ses essais en vol au mois de juin 1918 comme CL.Ia. Là encore l’Idflieg ne fut pas satisfaite. En parallèle Eberwein et ses équipes travaillaient sur le BFW Modell 18 doté d’un moteur MAN Mana III de même architecture que le Mercedes D.III mais développant cette fois 175 chevaux. Essayé en juillet 1918 sous la désignation CL.II ce biplan n’intéressa pas plus les pilotes allemands et donc les généraux. Disposant d’appuis financiers auprès des banques allemandes la BFW put une dernière fois défendre son avion en août 1918.
Elle fit reconstruire le CL.Ia autour d’une nouvelle voilure d’envergure augmentée et d’un moteur Benz Bz.III de 200 chevaux. Outre les deux mitrailleuses ce BFW Model 19 pouvait emporter quatre bombes légères de onze kilogrammes chacunes fixées sous le plan inférieur de voilure. Sous la désignation BFW CL.III il ne vola jamais mais intéressa suffisamment à Berlin pour qu’une commande de prototype sous la désignation CL.IV fut passée. Malheureusement pour ce dernier il n’eut jamais le temps d’être assemblé : l’Armistice fut signé avant cela. La Première Guerre mondiale était terminée, l’Allemagne était vaincue.
Pour la petite histoire après l’échec des BFW CL.I et CL.Ia c’est Halberstadt qui remporta le marché avec son CL.IV tandis que les Hannover CL.V et Junkers CL.I étaient commandés en plus petite série. Une fois la paix revenue la BFW se spécialisa dans les planeurs de tourisme et les premiers avions commerciaux, échappant ainsi aux sanctions du traité de Versailles.
Des trois prototypes construits sur l’ensemble du programme il ne reste plus rien de nos jours.
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