Quand il entre en service actif le 31 décembre 1932 le Surcouf est le plus gros et le plus puissant sous-marin jamais construit au monde. C’est un véritable monstre d’acier de 110 mètres de long très lourdement armé. Avec ses deux puissants canons de calibre 203 millimètres et ses dix tubes lance-torpilles, six pour des projectiles de 550 millimètres et quatre de 400 millimètres, il représente un adversaire de taille pour les ennemis de la France. Niveau défensif ses deux canons de DCA de calibre 37 millimètres et ses quatre mitrailleuses mobiles de calibre 13.2 millimètres représentent une puissance de feu non négligeable. Mais surtout avec lui la Marine Nationale dispose d’un submersible pouvant accueillir à son bord et lancer un hydravion de reconnaissance et d’observation : le Besson MB.411.
Quand en 1927 le constructeur Marcel Besson livra deux exemplaires de son hydravion d’observation MB.35 il était sans doute loin d’imaginer que cela déboucherait sur un des aéronefs les plus célèbres de l’histoire aéronautique hexagonale. Le second exemplaire servit en effet de base à une version dédiée à servir à bord du croiseur sous-marin Surcouf. Renommé MB.41 puis MB.410 il vit son fuselage rallongé et sa voilure modifiée. De ce fait le moteur à neuf cylindres en étoile Salmson 9Ac d’origine laissa la place à un Salmson 9Nc. De 120 chevaux avec le MB.35 le MB.410 passa à 135 chevaux. Pour autant l’hydravion conservait son architecture d’origine avec son flotteur central, ses deux flotteurs annexes sous voilure, et son empennage verticale inversé. Le Besson MB.410 se présentait sous la forme d’un biplace en tandem à l’air libre.
Le prototype réalise son premier vol en mars 1933. Malheureusement trois semaines plus tard il rate son amerrissage devant la base navale de Saint-Raphaël et se brise en deux. L’un des deux membres d’équipage est tué sur le coup et le second grièvement blessé. Qu’à cela ne tienne l’hydravion est commandé à deux exemplaires pour les besoins du Surcouf.
Marcel Besson confie l’usinage des pièces et l’assemblage des deux appareils, baptisés MB.411, à l’avionneur francilien ANF-Les Mureaux. Les premiers déjaugeages de ceux-ci ont donc lieu sur la Seine en juin 1935. Extérieurement ils sont identiques aux MB.410 à l’exception d’un moteur plus puissant et caréné. Un Salmson 9Nd à neuf cylindres en étoile d’une puissance de 175 chevaux équipe désormais l’hydravion
En août de la même année ont lieu les premiers essais d’embarquement du MB.411 dans le hangar étanche du Surcouf. Ils démontre son étanchéité jusqu’à une profondeur de 65 mètres. Le couple croiseur sous-marin et hydravion d’observation voit sa première croisière opérationnelle débuter à la mi-septembre 1935.
Le Surcouf et son MB.411 embarqué sont alors des outils pour la propagande française.
En parallèle de cette première croisière opérationnelle en Atlantique nord l’usine des Mureaux livre le second Besson MB.411 de série. Il est affecté à Saint-Mandrier non loin de Toulon au sein de l’Escadrille 7S4 pour des missions de surveillance côtière. Par intermittences, entre septembre 1935 et septembre 1939 les deux hydravions embarquent un par un à bord du Surcouf. L’autre assurant alors les missions côtières.
Le rôle premier de l’hydravion d’observation à bord du sous-marin est de renseigner l’équipage sur d’éventuelle cibles se trouvant à bonne distance. En mission secondaire le MB.411 peut régler les tirs des canons de calibre 203 millimètres qui portent jusqu’à vingt-sept kilomètres.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate l’Allemagne nazie craint fortement la puissance de la Marine Nationale, et notamment ce fameux sous-marin Surcouf. Lui et son Besson MB.411 d’observation sont alors déployés en Manche et en Mer du Nord afin de rechercher et de chasser les navires de guerre de la Kriegsmarine. Malheureusement un incident technique contraint le submersible à rentrer à Brest en décembre 1939. Il est immédiatement mis en carène pour réparations d’urgence. Il y est encore quand les forces allemandes envahissent la France au printemps suivant. Dans la précipitation, et sans jamais plonger sous les eaux de la Manche, il rejoint l’Angleterre avec son hydravion à bord.
Le 27 juillet 1940 le Surcouf et son MB.411 embarqué sont versé aux Forces Navales Françaises Libres.
Sous ces nouvelles couleurs le sous-marin et son hydravion vont assurer des missions d’escortes de convois en Atlantique nord. Le Besson MB.411 malgré son aspect obsolète permet de repérer de loin les navires allemands ou les quadrimoteurs Focke-Wulf Fw 200 Condor. N’étant pas armé il demeure à bonne distance d’eux, se limitant à communiquer leurs positions par radio.
Le soir du réveillon de Noël 1941 marque la dernière mission du couple Surcouf-MB.411. Appuyant le débarquement des troupes gaullistes à Saint-Pierre-et-Miquelon, archipel jusque là fidèle au maréchal Pétain, l’hydravion assure des missions d’observations. En l’absence de DCA ou d’aviation vichyste son équipage ne craint que les tirs venant du sol d’armes légères. Il en subit deux, sans toutefois endommager trop lourdement l’aéronef.
De retour en Grande Bretagne les FNFL estiment cet hydravion trop vieillissant pour servir efficacement à bord du Surcouf. Il en est donc retiré et versé au N°765 Squadron de la Fleet Air Arm qui l’emploie quelque temps comme appareil de surveillance côtière et de liaisons. Il est finalement accidenté en 1943 et laissé à l’abandon par les Britanniques.
Le sort du second Besson MB.411 reste assez mystérieux. Tout au plus sait t-on qu’il n’a pas pu quitté la France après l’Armistice de 1940 et n’a jamais été repris par les forces collaborationnistes. Selon toutes vraisemblances il aurait été détruit durant un bombardement allié préparatif du débarquement de Provence d’août 1944 alors qu’il se trouvait encore à Saint-Mandrier. Cependant seuls des rumeurs en font état, aucun travail historiographique sérieux ne venant confirmer cette hypothèse.
Même s’il n’a jamais été produit à plus de deux exemplaires de série le Besson MB.411 est un des plus mythiques hydravions français. Sans doute parce qu’il participa à la Seconde Guerre mondiale aussi bien sous les couleurs de la Marine Nationale que des Forces Navales Françaises Libres. Le concept du Surcouf accueillant son MB.411 fut repris et approfondi au Japon avec les hydravions embarqués sur sous-marins Aichi M6A et Kugishi E14Y.
Quand au Surcouf il a coulé le 18 février 1942 suite à la collision avec un navire de commerce américain au large du canal de Panama. Aucun des 103 hommes d’équipage n’a survécu au drame.
NDLR : Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus encore sur le Surcouf : sa page sur le site de référence Netmarine.
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