Bien que ne remontant qu’à à peine plus d’un siècle l’histoire aéronautique est déjà fort riche, et notamment de ses constructeurs disparus. Si certains d’entre-eux à l’image de Gloster, Heinkel, ou encore North American ont profondément marqué cette aventure et perdurent dans nos mémoire d’autres en revanche semblent clairement avoir été oubliés. Tel est le cas de Berliner-Joyce, petit avionneur américain installé en Virginie et qui durant les années d’entre-deux-guerres produisit des avions militaires assez souvent de qualité. Parmi ceux-ci figure un surprenant biplan d’observation destiné à l‘US Navy : le Berliner-Joyce OJ.
C’est au cours de l’année 1930 que l’état-major de l’US Navy émit un cahier des charges visant au remplacement des biplans d’observations Huff-Daland HO-1, Naval Aircraft Factory NO-1, et Vought UO-1 encore en état de vol. L’objectif de l’aéronavale américaine était alors de rationaliser ses moyens en ne disposant que d’un seul et unique aéronef en lieu et place de ces trois modèles si différents.
Trois avionneurs y répondirent : Berliner-Joyce, Keystone, et Vought avec respectivement leurs XOJ-1, XOK-1, et XO4U-1. Ce dernier constructeur espérait bien surfer sur sa renommée auprès de la marine des États-Unis.
Et il faillit bien réussir. Après avoir rapidement évincé le Keystone XOK-1 jugé trop léger et trop peu polyvalent puisque incapable d’être modifié en hydravion à flotteurs l’US Navy étudia de très près les deux propositions restantes. Et toutes deux avaient de sérieux atouts, ceux de Vought s’appuyant en plus sur une certaine image auprès des pilotes embarqués.
Pourtant à la quasi surprise générale c’est bien l’autre avion qui fut commandé sous la désignation de Berliner-Joyce OJ-2. Pour autant l’avion ne fut jamais baptisé.
Son prototype vola le 17 mai 1931.
Extérieurement il se présentait sous la forme d’un avion de reconnaissance et d’observation embarqué construit en bois et métal. Biplan biplace classique à cockpit ouvert il possédait la capacité de voir son train d’atterrissage classique fixe déposé au profit d’un flotteur central et de deux petits flotteurs annexes installés sous l’intrados du plan inférieur de voilure. La propulsion du Berliner-Joyce OJ-2 était assurée par un moteur en étoile Wright R-975-88 Wasp Junior d’une puissance de 406 chevaux entraînant une hélice bipale en métal et bois. Son armement tournait autour de deux mitrailleuses de calibre 7.62mm, l’une en position de chasse et l’autre sur affût annulaire arrière. Il pouvait emporter en outre une charge de bombes d’environ 110kg répartie sous les ailes.
Les premiers exemplaires de série entrèrent en service en janvier 1933. Trente-neuf exemplaires au total furent acquis au travers de trois contrats distincts passés entre mars 1932 et décembre 1933.
Et très rapidement les équipages de l’aéronavale américaine se rendirent compte d’une chose : le Berliner-Joyce OJ était un biplan particulièrement agréable à piloter et pardonnant énormément les erreurs de pilotage.
Si neuf exemplaires furent officiellement commandés au printemps 1932 comme hydravions à flotteurs il faut savoir que les avions pouvaient eux-aussi être transformés de la sorte en moins de quatre heures par une équipe de six à huit mécanos.
Quand ils étaient embarqués les Berliner-Joyce OJ-2 l’étaient en configuration hydravion, à bord des croiseurs légers de classe Omaha comme l’USS Detroit et l’USS Trenton. Ils leurs servaient pour la reconnaissance aérienne mais aussi, et de manière plus surprenante la traque des sous-marins ennemis… en temps de paix. C’est pourquoi lorsqu’ils étaient embarqués ces biplans disposaient de quatre charges de profondeurs de 23kg sous le plan inférieur de voilure.
Malgré ses qualités le Berliner-Joyce OJ ne fut jamais exporté. Il resta en service durant huit ans, ce qui pour cette époque représente un beau temps de service. C’est donc en 1941, quelques mois avant l’attaque de Pearl Harbor et l’entrée en guerre des États-Unis que ce biplan quitta le service actif. Il ne connut que quatre accidents, aucun mortel et à chaque fois après réparations les avions reprirent leurs missions.
Une version OJ-3 a été testée avec un cockpit fermé et des modifications aérodynamiques mais finalement refusée par l‘US Navy.
Aujourd’hui pratiquement retombé dans l’oublie le Berliner-Joyce OJ fut pourtant le principal biplan d’observation de l’aéronavale américaine durant une bonne partie des années 1930. Il est juste triste qu’aucun exemplaire n’ait été conservé dans un musée, tous ont été envoyé à la ferraille.
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