De par sa géographie très particulière l’Union Soviétique faisait un large usage des hydravions militaires, et notamment durant la Seconde Guerre mondiale. La majorité de ces aéronefs fut employée pour des missions de patrouille côtière et de lutte anti-sous-marine. Assez étrangement, l’un des principaux hydravions soviétiques de cette époque fut un étonnant monomoteur conçu entre la fin des années 1920 et le début des années 1930 : le Beriev MBR-2.
C’est en 1928 que l’ingénieur soviétique Georgy Beriev commença à travailler sur un hydravion de reconnaissance maritime à court rayon d’action. En fait très proche du régime moscovite, il jouissait d’une excellente réputation dans les couloirs du Kremlin. De ce fait une commande fut passée début 1930 pour ce nouvel appareil, qui n’existait alors que sous la forme d’un maquette à échelle réduite et de plans d’ingénieurs.
Ce nouvel appareil fut désigné MBR-2 (MBR pour Morskoy Blizhnii Razvedchik, c’est à dire reconnaissance maritime à court rayon d’action) et un prototype fut assemblé. En l’absence d’un propulseur de conception locale digne de ce nom il était mu par un moteur BMW à douze cylindres en V de 680 chevaux entraînant une hélice propulsive bipale. Son architecture était inspiré de certaines réalisations françaises datant du début des années 1920. Il faut dire que Georgy Beriev s’était adjoint les services d’un ingénieur français formé chez Breguet, Paul-Aimé Richard, spécialiste des hydravions à coques.
Aéronef armé le Beriev MBR-2 emportait deux mitrailleuses mobiles de calibre 7.62mm, l’une en tourelle dorsale et l’autre dans un poste de tirs à ciel ouvert dans le nez. En outre une charge offensive de 300kg pouvait être emporter sous voilure. Son premier vol intervint fin 1931.
Malgré de bonnes relations germano-soviétiques il devint rapidement évident que le BMW type VI ne pourrait pas être disponible en assez grand nombre, aussi il fut décidé de le produire sous licence soviétique par Mikulin en tant que M17. Les MBR-2 de série devaient recevoir la version M17B spécialement adaptée aux vols en condition polaire. Les premiers exemplaires de série entrèrent en service au printemps 1935.
La production fut finalement assez lente, puisque les 1370 exemplaires de série furent produits jusqu’en 1941. Une cinquantaine d’entre-eux fut construite en tant que Beriev MP-1 de transport de passagers pour le compte de la compagnie aérienne Aeroflot et MP-1T de transport postal. Ces derniers permettaient notamment de rallier les régions les plus reculées de l’URSS pour y livrer le courrier. En fait l’un des particularismes du MBR-2 et du MP-1 résidait dans sa capacité à voler même dans des conditions météorologiques extrêmes. L’hydravion monomoteur pouvait déjauger jusqu’à une température négative de vingt-cinq degrés en dessous de zéro.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata en septembre 1939 le Beriev MBR-2 était le principal hydravion de reconnaissance maritime de l’aéronavale soviétique. S’ils ne furent quasiment pas engagés dans l’invasion soviétique de la Pologne, aux côtés de l’Allemagne nazie alors alliée de l’URSS, les MBR-2 participèrent activement à la Guerre d’Hiver dès son début fin novembre 1939.
En fait plusieurs dizaines de Beriev MBR-2 quadrillaient le littoral finlandais durant les opérations soviétiques, s’assurant qu’aucun navire ennemi ne prendrait la mer. A cette occasion les hydravions monomoteurs coulèrent une vingtaine de bâtiments finlandais, majoritairement de petite taille.
De par leur lenteur ils représentaient une cible de choix pour la chasse de ce pays. D’ailleurs plusieurs d’entre-eux furent perdus tandis que cinq d’entre-eux furent saisis par l’aviation finlandaise qui les utilisa jusqu’en 1945.
Malgré la dotation des Naval Aircraft Factory PBN Nomad américains, au titre du prêt-bail, le Beriev MBR-2 demeura durant toute la guerre le principal hydravion pour les missions côtières en URSS. S’il ne s’adjugea aucun U-Boot ni même de S-Boot il participa activement à la défense du littoral contre les risques de débarquement allemand. Mais surtout le MBR-2 avait la capacité de prendre les airs, quand pour des raisons de froid ou de blizzard les autres restaient à quai.
À la fin de la guerre un peu moins de mille d’entre-eux étaient encore en service dans les rangs de l’aéronavale soviétique. Quand l’OTAN décida de créer sa liste nominale des aéronefs soviétiques le MBR-2, encore largement en service, reçut la désignation de « Mote« . Il demeura en service jusqu’au début des années 1970, assurant à la fin de sa carrière des vols de reconnaissance en zone de pêche et de contrôle des frontières maritimes. Quelques exemplaires semblent avoir aussi été livrés à la force aérienne nord-coréenne au début des années 1950, sans qu’on ne sache le nombre et leur destination en terme de missions.
Hydravion foncièrement très réussi le Beriev MBR-2 fut un des grands appareils de sa catégorie durant la Seconde Guerre mondiale, et ce même si sa carrière opérationnelle fut des plus discrètes. De nos jours au moins deux exemplaires sont préservés en Russie dans des musées.
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