La Seconde Guerre mondiale fut certainement le conflit durant lequel les hydravions jouèrent le rôle le plus important. Ils furent en effet utilisés pour des missions toutes plus diverses les unes que les autres. Mais c’est sans aucun doute dans la reconnaissance maritime qu’ils trouvèrent leur véritable place. En Union Soviétique la marine eut recours dans les premières années du conflit à un petit monomoteur biplan particulièrement robuste construit en série limitée et quasi inconnu en Occident, le Beriev KOR-1.
C’est à la fin de l’année 1934 que l’état-major de la marine soviétique décida d’acquérir un hydravion léger destiné à fournir un appui en matière de reconnaissance à bord de ses cuirassés et navires de première ligne en remplacement des Heinkel KR-1. Ces derniers avaient été acquis auprès de l’Allemagne et utilisés dans ce rôle depuis 1930 . L’hydravion en question devait pouvoir être catapulté depuis le bâtiment et récupéré à la mer grâce à une grue. Le bureau d’études Beriev fut choisi pour son développement.
La marine soviétique affecta au nouvel appareil la désignation de KOR-1. Seulement voilà les plans proposés par Beriev se heurtaient à un souci rédhibitoire : l’absence d’un propulseur digne de ce nom. De ce fait le motoriste Shvetsov se tourna vers les États-Unis afin d’acquérir la licence de production du moteur à neuf cylindres en étoile Wright R-1820-4 Cyclone d’une puissance de 700 chevaux. C’est ce moteur qui propulsait alors le chasseur embarqué Grumman F3F ou encore le bombardier moyen Martin B-10. En URSS ce moteur fut désigné M-25.
Le design du Beriev KOR-1 était alors des plus classiques : biplan haubané, construit intégralement en métal, disposant d’un flotteur central et de deux flotteurs annexes sous le plan inférieur. L’hydravion était doté d’un cockpit biplace en tandem à l’air libre. L’armement se composait de deux mitrailleuses fixes de calibre 7.62mm tirant en position de chasse et d’une arme de même calibre en position mobile arrière. Une charge externe légère de bombes de 100kg pouvait être fixée sous voilure. C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol le 6 avril 1936.
Rapidement les essais en vol démontrèrent une certaine instabilité sur les eaux, notamment par fort vent. Pourtant la décision de lancer la production fut prise. Onze exemplaires furent construits, tandis que le prototype était amélioré afin de devenir le douzième Beriev KOR-1. Les premiers exemplaires de série entrèrent en service opérationnel en février 1938 au sein de la flotte de la Baltique.
Rapidement néanmoins les officiers de marine soviétiques se rendirent compte que le Beriev KOR-1 était totalement incapable d’opérer depuis les catapultes utilisés jusque-là sur les Heinkel KR-1 récemment retirés du service.
Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939 les douze Beriev KOR-1 étaient déjà affectés à terre pour des missions de reconnaissance côtière autour de la mer de Barents. Pour cela ils étaient basés dans le port de Mourmansk dans le nord-ouest de l’URSS.
Alliés des nazis à ce moment de la guerre les Soviétiques craignaient plus que tout les mouvements des bâtiments de guerre de la Royal Navy qui ravitaillaient la Norvège. Les Beriev KOR-1 furent donc affectés à la surveillance des navires britanniques, mais avec ordre de ne surtout pas engager le combat avec la marine britannique. Londres et Moscou n’étaient alors pas officiellement en guerre l’un contre l’autre. C’est d’ailleurs à cette époque les services de renseignement occidentaux se sont réellement intéressés à ce petit hydravion biplan.
Lorsque le 22 juin 1941 l’Allemagne nazie décida d’attaquer l’URSS et de facto de rompre le pacte germano-soviétique les douze hydravions sont encore en service dans les rangs de l’aéronavale soviétique. La mission première fut des KOR-1 fut alors la traque des navires allemands, et notamment des redoutables S-Boots, ces vedettes rapides lourdement armées qui faisaient peser un péril réel sur le port de Mourmansk et ses environs. À cette époque pas un de ces petits hydravions ne déjaugeait sans avoir à bord sa charge offensive de bombes légères.
Finalement la marine soviétique retira du service ses Beriev KOR-1 au cours du printemps 1942, soit quatre ans seulement après leur entrée en service. Ils furent remplacés par le Beriev KOR-2, un hydravion monomoteur à coque produit en une série légèrement plus conséquente, et qui lui était compatible avec les catapultes pensées originellement pour les Heinkel KR-1.
Appareil largement tombé dans l’oubli après guerre le KOR-1 fut le premier véritable hydravion militaire construit en série par Beriev. Il est parfois appelé Be-2 même si cette désignation semble totalement anachronique et donc erronée. Il est à noter que jamais le KOR-1 ne lança aucune bombe de manière opérationnelle.
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