Durant la guerre froide la marine soviétique fit un usage vaste des hydravions et avions amphibie à coque pour des missions de patrouille maritime, de mouillage de mines, ou encore de recherche et de sauvetage. Ces appareils permettaient en effet d’opérer le long des importantes côtes du pays, et notamment dans la région du cercle polaire arctique. Parmi les nombreux aéronefs de ce genre qui volèrent sous l’étoile rouge figure un étrange biréacteur qui se révéla vite être un appareil sans avenir : le Beriev Be-10.
C’est en 1953 que le bureau d’étude Beriev commença à travailler sur un hydravion de patrouille maritime et de surveillance anti-sous-marine destiné au remplacement des Be-6 à moteurs à pistons. Les premières ébauches présentées aux responsables de l’AVMF (l’aéronavale soviétique) faisaient ressortir que l’appareil était propulsé par deux turboréacteurs collés le long des flancs du fuselage sous les ailes. L’appareil reçut la désignation de M.10 dans la nomenclature du constructeur. L’état major soviétique décida de passer commande pour un prototype.
Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute en flèche de 50°. Construit intégralement en métal il disposait de deux turboréacteurs Lyulka AL-7PB d’une poussée unitaire de 7 265kg. Il disposait d’un cockpit biplace côte à côte pour le pilote et son navigateur, et d’un habitacle vitré dans le nez pour l’opérateur d’armement. En matière d’armement, le M.10 possédait quatre canons mitrailleurs d’un calibre de 23mm et asservis à un contrôle radar dans la queue et en dorsale. L’appareil emportait également en soute divers torpilles, mines, et charges de profondeur. En outre, il pouvait lâcher une bombe FAB-3000 de 1 500kg. En outre l’hydravion était équipé d’une avionique dernier cri, destiné à poursuivre les submersibles américains. Le Beriev M.10 réalisa son premier vol le 20 juin 1956.
Après une courte période d’essais, l’appareil fut commandé en série limitée par l’AVMF. En effet à cette époque l’avionneur proposait déjà un autre hydravion bien plus polyvalent, le Be-12 biturbopropulseur qui fut lui acheté en grande série par les Soviétiques. Toutefois les premiers M.10 de série, désignés Be-10, entrèrent en service en 1958.
Rapidement l’appareil fut identifié par l’OTAN qui lui attribua la désignation de Mallow dans sa nomenclature. Bien que jamais présent en Occident l’appareil fit les gros titres en 1961 en remportant une dizaine de records internationaux homologués par la FAI (Fédération Aéronautique Internationale) et repris par le gouvernement soviétique à titre de propagande.
Toutefois en 1962, à peine quatre ans après l’entrée en service de l’appareil, de nombreux incidents et accident causèrent leur arrêt de vol. En effet, l’AVMF remarqua que le Be-10 avait un sérieux problème de corrosion du aux attaques salines du fuselage, ainsi qu’une fâcheuse tendance à ne pas être pleinement étanche au niveau du cockpit. Deux défauts rédhibitoires pour un hydravion destiné à opérer en mer. Finalement le dernier Be-10 fut retiré du service fin 1964.
Hydravion très ambitieux par rapport aux appareils similaires en URSS, le Beriev Be-10 peut s’apparenter au Martin P6M Seamaster américain, un appareil ayant lui aussi eu une carrière largement écourtée. Au final, le Mallow fut assemblé à environ 30 appareils, prototype compris.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.