Au début des années 1970 la doctrine américaine d’emploi des hélicoptères de combat changea en grande partie. Il ne s’agissait plus uniquement d’apporter un appui aérien aux troupes au sol comme dans le conflit vietnamien mais bien de disposer d’une force antichar capable de s’opposer aux régiments blindés soviétiques censés franchir un jour ou l’autre le Rideau de Fer. Dans cette optique un important programme fut lancé au sein de l’US Army dont l’un des compétiteurs fut le Bell YAH-63 King Cobra.
En 1972 le Pentagone décida de lancer le programme AAH (pour Advanced Attack Helicopter) afin de trouver un remplaçant aux Bell AH-1G Cobra utilisés en première ligne par l’US Army. Parmi les directives du cahier des charges figurait la possibilité d’emporter et de tirer des missiles antichars de nouvelle génération.
Cinq hélicoptéristes se retrouvèrent sur les rangs dans cette compétition : Bell, Boeing-Vertol, Hughes, Lockheed, et Sikorsky. Mais aux vues des avants-projets seuls deux machines furent commandées pour essais, le Bell Model 409 et le Hughes Model 77. Les trois autres ne dépassèrent pas la planche à dessins. Cette décision était un coup rude pour Lockheed qui essuyait un second refus après celui de son AH-56 Cheyenne quelques mois auparavant.
En fait le Bell Model 409 était un dérivé du Model 309 King Cobra un hélicoptère de combat hybride. Bien que monoturbine comme le AH-1G Cobra, le Model 309 possédait certaines caractéristiques du biturbine AH-1J Sea Cobra. Malgré de bonnes qualités de vol et d’armement cet appareil avait été refusé en 1971.
Le Model 409 reprenait certains de ses éléments tout en gommant plusieurs de ses erreurs.
Le Pentagone décida d’attribuer au Bell Model 409 la désignation de YAH-63. Le nom de King Cobra fut conservé, en mémoire du célèbre chasseur éponyme durant la Seconde Guerre mondiale. Extérieurement, cet hélicoptère ne pouvait nier sa parenté avec la famille des Cobra et Sea Cobra. Comme ce dernier il était biturbine, propulsé par deux General Electric T700 d’une puissance nominale de 1680 chevaux. Il possédait un rotor principale bipale articulé ainsi qu’un rotor anticouple classique.
Le King Cobra conservait le cockpit biplace en tandem des autres appareils de la famille, ainsi que les moignons d’ailes. Par contre les ingénieurs de Bell était revenus au train d’atterrissage « à roues » en lieu et place des patins, comme sur le prototype du Bell 209. Cependant il était désormais fixe et renforcé pour permettre des atterrissages d’urgence. L’armement du YAH-63 se composait d’un canon M188 à trois tubes de calibres 30mm et d’armes installés sur moignons. Des roquettes de 70mm et quatre à huit missiles antichars. C’est dans cette configuration que le premier prototype réalisa son vol inaugural le 1er octobre 1975.
Un deuxième prototype fut commandé pour les essais statiques et météorologiques. Un troisième appareil fut également assemblé pour les essais d’armement, et notamment d’emport du tout nouveau missile antichar, l’AGM-114 Hellfire. Après l’écrasement du premier prototype survenu en juin 1976 il fut décidé que le troisième prototype du YAH-63 réaliserait désormais les vols d’essais et éventuellement de présentation. Cependant cet accident avait définitivement fait balancer le Pentagone en faveur du Hughes Model 77, alors désigné YAH-64 Apache.
Quelques mois plus tard en décembre 1976 le couperet tomba. L’Apache était sélectionné par l’US Army afin de remplacer en première ligne les AH-1G Cobra. Après cet échec le troisième prototype du Bell YAH-63 demeura encore quelques années en état de vol, servant son constructeur comme machine d’essais, notamment dans le cadre du développement du AH-1W Super Cobra. Il fut finalement arrêté de vol en 1988.
Unique véritable échec de la famille Cobra, le Bell YAH-63 King Cobra ne pouvait en fait pas vraiment faire le poids face à l’Apache développé par Hughes. L’hélicoptère de Bell ne possédait aucun blindage de cockpit, ce dont l’YAH-64 disposait déjà.
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