Durant la Seconde Guerre mondiale le constructeur Bell se hissa parmi les grands avionneurs de son temps grâce à deux chasseurs à moteurs à pistons : les très réussis P-39 Airacobra et P-63 Kingcobra. Mais surtout il entra dans l’Histoire en construisant le premier chasseur américain à réaction à être accepté au service : le P-59 Airacomet. Malgré tout cet avion ne fut pas sans défaut et rapidement l’US Army Air Force lui chercha des remplaçants auprès de tous les constructeurs possibles. Bell répondit aussi à cette demande mais sa création ne dépassa pas le stade expérimentale : le XP-83.
Dès son apparition dans les rangs de l’US Army Air Force le Bell P-59 Airacomet démontra un rayon d’action particulièrement faible et une vitesse de pointe inférieure à ce qui existait alors dans l’Allemagne hitlérienne ou bien au Royaume-Uni. C’est pourquoi l’US Department of War décida de chercher un chasseur à réaction à long rayon d’action. Le futur avion devait pouvoir escorter les bombardiers lourds afin de les protéger de la chasse ennemie.
Seuls deux avionneurs répondirent à l’appel d’offre : Bell et Lockheed. Un prototype de chaque avion fut commandé, le premier comme XP-83 et le second comme XP-80.
En fait dès le départ le Bell XP-83 n’avait rien de très original. C’était sommes toutes une version agrandie du P-59 Airacomet. En juillet 1944 quand l’US Army Air Force déclara officiellement son intérêt pour ce nouveau chasseur la définition du rayon d’action était différente de celle d’aujourd’hui. Il n’était alors pas question de dualité entre puissance des réacteurs et capacité d’emport en carburant mais uniquement ce dernier facteur. Les réacteurs alors disponibles aux États-Unis étaient réputés peu puissants. L’avion pour voler loin devait donc pouvoir emporter plusieurs réservoirs.
Extérieurement l’avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile médiane de construction entièrement métallique. Le Bell XP-83 possédait un train d’atterrissage tricycle et un empennage cruciforme. Ses deux réacteurs General Electric J33-GE-5 d’une puissance unitaire de 1815 kilogrammes de poussée étaient fixés le long du fuselage. Le pilote prenait place dans un cockpit non pressurisé possédant une verrière en goutte d’eau.
C’est dans cette configuration que le premier vol intervint le 25 février 1945.
Un second prototype fut assemblé afin de tester plusieurs configurations d’armement : mitrailleuses de calibre 12.7mm, canons de calibres 20mm et 37mm, avec ou sans bombe, avec ou sans roquette sous voilure. Au fur et à mesure que les essais avançaient le Bell XP-83 se révélait totalement inadapté aux réalités tactiques de l’US Army Air Force. Il était trop lent et absolument pas manœuvrable à moyenne et haute altitude. Surtout le Lockheed P-80 Shooting Star alors récemment entré en service avait terminé de ringardiser l’avion de Bell.
Fin 1945 tout espoir de construire en série le XP-83 s’était évaporé. Pour autant l’avion vola encore quelques temps comme banc d’essais volant pour divers essais de motorisation. Jusqu’au début 1947 il fut employé notamment avec un statoréacteur. Finalement les deux prototypes furent ferraillés juste avant la naissance de l’US Air Force.
À l’instar du XP-77 du même avionneur le Bell XP-83 ne fut jamais vraiment adapté aux besoins américains. Cependant l’avion avait un gros avantage qui ne servait plus à rien une fois la guerre du Pacifique terminée : un rayon d’action dépassant largement les 2500 kilomètres.
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