Durant la Seconde Guerre mondiale l’une des principales préoccupations des états-majors autant que des industries liées à l’effort de guerre était de disposer de métal en quantité suffisante. Dans le secteur aéronautique américain les cadences de production des chasseurs, bombardiers, et avions de transport étaient telles que c’était certains alliages qui risquaient de venir à manquer. C’est ainsi qu’on eut l’idée de développer un chasseur léger faisant principalement appel à du bois et du contreplaqué mais qui demeura malheureusement sans suite : le Bell XP-77.
En fait les ingénieurs de Bell Aircraft commencèrent à s’intéresser au concept d’avion faisant appel à ce que l’on appelait alors des matériaux non stratégiques. Et en 1941 il n’y avait rien de moins stratégique aux États-Unis, alors encore en paix, que le bois et le contreplaqué. Les premiers travaux des ingénieurs de ce constructeur furent dénommés Tri 4 et dès l’attaque nippone contre Pearl Harbor classés top secrets par les autorités fédérales américaines.
Les ingénieurs de Bell Aircraft s’inspirèrent alors de deux avions conçus en Europe. Le Caudron C.714 Cyclone français construit en petite série pour le compte de l’Armée de l’Air et le Miles M.20 britannique malheureusement demeuré sans suite.
En fait si les travaux de Caudron avaient démontré qu’un avion léger en matière non stratégique pouvait parfaitement s’adapter aux arsenaux aériens de l’époque c’est véritablement le De Havilland Mosquito qui termina de démontrer la viabilité du principe.
Au printemps 1942 l’US Army Air Force passa commande pour six prototypes désignés Bell XP-77 ainsi qu’une option non finalisée pour dix-neuf avions de présérie YP-77. Si l’avion n’était pas directement destiné à concurrencer les principaux chasseurs terrestres américains de l’époque comme le Curtiss P-40C Warhawk ou encore le North American P-51B Mustang il était en fait destiné à la défense rapprochée de sites sensibles ou bien en mission loin de toutes menaces allemandes et japonaises.
Dès le départ les designers et ingénieurs américains avaient pris un pari osé. Celui d’un avion à train d’atterrissage tricycle escamotable à une époque où 90% des chasseurs disposaient de trains classiques. Après bien des atermoiements, dont l’option de canons de 20 mm voire de 37mm l’armement retenue était deux mitrailleuses de calibre 12.7mm ainsi qu’une charge légère composée de deux bombes de 65kg ou bien de quatre roquettes HVAR.
Mais les travaux étaient longs et les retards occasionnaient des surcouts de développement. Si bien que très vite l’US Department of War décida de revoir sa commande initiale à seulement deux prototypes XP-77.
Le premier vol du premier prototype intervint le 1er avril 1944.
Extérieurement le Bell XP-77 se présentait sous la forme d’un monomoteur monoplan à aile basse cantilever. Son fameux train d’atterrissage tricycle et son cockpit placé très en arrière lui donnait un air indéniablement original. Sa propulsion était assurée par un moteur en ligne Ranger XV-770-7 d’une puissance de 520 chevaux entraînant une hélice bipale en métal et bois. Le bois et le contreplaqué représentaient d’ailleurs plus de 60% de la structure de l’avion.
Les essais en vol furent menés activement jusqu’en septembre 1944, moment où le second prototype du Bell XP-77 s’écrasa à Eglin Field en Floride, causant la mort de son pilote d’essais. Dès lors l’US Army Air Force commença à se désintéresser de ce petit monomoteur jusqu’à ce que quelques jours avant Noël 1944 le programme soit tout bonnement annulé et les essais abandonnés. Ainsi se terminait l’aventure d’un étonnant petit chasseur expérimental américain.
L’avion vola encore quelques mois cependant pour le compte de Bell Aircraft comme plastron volant avant d’être détruit une fois la paix revenue.
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