Au début 1946, l’US Army Air Force et le National Advisory Committee of Aeronautics (NACA, ancêtre de la NASA) se lancèrent conjointement dans un programme destiné à étudier les domaines de vol à très haute altitude et à très grande vitesse. L’idée des ingénieurs et chercheurs du NACA était alors d’atteindre la vitesse de Mach-3, c’est à dire trois fois la vitesse du son, et ce en vol horizontal. A ce moment là le Mur du Son n’avait pas encore été franchi, si ce n’est en piqué par quelques pilotes malchanceux durant le conflit, aux commandes d’avions qui n’avaient de toutes manières pas été conçus pour. Le nouveau programme fut confié à Bell, et reçut la désignation de XS-2.
Ses ingénieurs décidèrent de s’inspirer du XS-1 pour dessiner le futur appareil. Toutefois le XS-2 était un appareil résolument nouveau. En 1947 avec la création de l’US Air Force la désignation des avions d’expérimentation supersonique changea, et le XS-2 devint X-2 tout comme le XS-1 entra dans la légende comme X-1. La mise au point du Bell X-2 fut longue et délicate, notamment parce que cette machine faisait appel à des matériaux particulièrement innovant comme l’acier inoxydable ou certains alliages de métaux. La maîtrise d’œuvre du développement de son propulseur fut confiée à Curtiss Wright qui dut travailler à partir de zéro.
Finalement, le premier X-2 ne fut assemblé qu’en mai 1952, soit six ans après le lancement du programme. A cette époque les pilotes d’essais américains franchissaient fréquemment la vitesse de Mach-2, et le nouvel avion était donc très attendu. Toutefois certaines restructurations chez Curtiss Wright retardèrent quelque peu la mise au point du moteur fusée. Quoi qu’il en soit le premier prototype était prêt et les vols d’entraînement purent commencer. Comme pour le X-1, le X-2 avait été conçu pour utiliser un avion mère, c’est à dire un appareil qui le larguerait en plein vol. C’est le Boeing B-50, une version remotorisée du B-29 Superfortress, qui fut choisit et modifié en conséquence. Les essais en vol débutèrent en juin 1952, mais uniquement en vol plané.
Le Bell X-2 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse monoplace construit intégralement en métal. Il disposait d’un train d’atterrissage monotrace semi rétractable et d’un empennage de grande taille. Le cockpit était limité au strict minimum, et le pilote prenait place sur un siège non éjectable.
C’est lors du huitième vol d’essais, alors que les pilotes s’entraînaient à manœuvrer l’avion, et que le second prototype était en phase finale d’assemblage, que l’appareil connut un accident mortel. En effet une explosion eut lieu sur un des moteurs du B-50 porteur, et le X-2 fut séparé. A une altitude d’environ 9150 mètres l’avion partit en vrille et percuta à grande vitesse le lac Ontario. L’avion se disloqua sous l’impact et la force du choc, et le pilote fut tué sur le coup. Toutefois ce drame ne remit pas en cause le programme.
En effet moins de deux ans plus tard, le 18 novembre 1955, un autre Boeing B-50 largua le second Bell X-2 qui alluma son moteur fusée Curtiss Wright et le propulsa à la vitesse de Mach 2.6. Quelques mois plus tard, le 7 septembre 1956 le pilote d’essais Milburn Apt porta le X-2 à l’altitude de 38 405 mètres. Par ce vol le X-2 venait de pulvériser le record mondial d’altitude. Pourtant Apt n’eut pas vraiment le temps de se réjouir. En effet vingt jours plus tard, le 27 septembre, il se tua aux commandes du X-2, non sans avoir auparavant battu le record mondial de vitesse en atteignant, enfin, la vitesse de Mach 3.2 en vol horizontal.
S’il est moins célèbre que le X-1, le X-2 demeure un des grands avions expérimentales américains et permit à l’US Air Force et à la NASA de développer les vols à grande vitesse et très haute altitude. L’expérience acquise grâce aux deux avions permit de mieux comprendre ces deux domaines de vol si particuliers. Les enseignements du X-2 amenèrent l’US Air Force à concevoir des débouchés opérationnels pour les vols au-delà de Mach-3, et notamment la mise au point quelques années plus tard du Lockheed SR-71 Blackbird.
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