Bell OH-58D/F Kiowa Warrior

Fiche d'identité

Appareil : Bell OH-58D/F Kiowa Warrior
Constructeur : Bell Helicopter Textron Inc
Désignation : OH-58D
Nom / Surnom : Kiowa Warrior
Code allié / OTAN :
Variante : Model 406, OH-58F Kiowa Warrior II
Mise en service : 1985
Pays d'origine : Etats-Unis
Catégorie : Hélicoptères
Rôle et missions : Hélicoptère d'observation et de surveillance, appui aérien rapproché, lutte antichar.

Sommaire

“ L'observateur tous-temps de l'US Army ”

Histoire de l'appareil

Deux conflits ont permis de démontrer toutes les capacités militaires des hélicoptères : la guerre d’Algérie et la guerre du Vietnam. Français d’abord puis Américains ensuite eurent donc la lourde tâche de défricher les domaines de vols des voilures tournantes sur champ de bataille. Pour ce second conflit ce fut notamment l’apogée des hélicoptères de combat et d’observation, mettant cependant en lumière les carences de ces derniers. Tirant les enseignements de l’emploi de ces appareils, tout en répondant aux attentes de la doctrine de conflit centre-Europe, l’industriel Bell Helicopter développa une étonnante machine d’observation et d’appui tactique désigné Model 406 et connue dans l’US Army comme OH-58D Kiowa Warrior.

Au cours de la seconde moitié des années 1970 les généraux de l’US Department of Defense développèrent, avec leurs homologues de l’OTAN, la doctrine d’emploi des hélicoptères de combat en zone centre-Europe. Celle-ci prévoyait d’opposer aux régiments de blindés du Pacte de Varsovie des formations mixtes regroupant hélicoptères de combat et hélicoptères d’observation. L’époque où les Bell AH-1F Cobra étaient lourdement armés et les Bell OH-58A Kiowa n’emportaient qu’une mitrailleuse semblait bel et bien révolue. Le temps était venu de rééquilibrer un peu les choses. Pour cela il fallait de nouveaux appareils.
Le premier, l’hélicoptère de combat, fut trouvé après la proposition de Hughes articulée autour de son Model 77 commandé par l’US Army sous la désignation d’AH-64A Apache. Il fallait désormais trouver l’hélicoptère d’observation qui l’accompagnerait partout, lui servant de poisson-pilote.

Un cahier des charges fut établi autour de la possibilité pour le nouvel hélicoptère d’emporter jusqu’à 750 kilogrammes de charges de combat dont deux missiles antichars BGM-71 Tow ou encore un panier à douze roquettes Hydra de 70 millimètres chacune. Surtout désormais l’hélicoptère devait pouvoir emporter le viseur de toit McDonnell-Douglas fixé au-dessus de la tête de rotor et renfermant un système d’imagerie télé et de désignation de cibles par télémétrie laser. Connu sous l’initiale AHIP, pour Army Helicopter Improvement Program, le marché fut officiellement lancé en 1981. En fait tous les hélicoptéristes américains en avaient été informés depuis au moins deux ans.
Seulement deux y répondirent : Bell et Hughes.

Tous deux proposèrent des hélicoptères à l’architecture déjà connue. Le Bell Model 406 qui reprenait les codes du Bell Model 206 dont dérivait directement l’OH-58 Kiowa, et le Hughes Model 500 dans sa version YOH-6C. Ce dernier était en fait un hybride entre l’OH-6A Cayuse et l’AH-6C Little Bird. Malgré des arguments dans les deux camps c’est Bell Helicopter qui fut déclaré vainqueur début 1983. Cinq prototypes en furent commandés.

Durant quelques semaines il y eut un certain flottement au sein de l’US Army et de l’US Department of Defense afin de savoir quelle désignation attribuer au Bell Model 406.
On pensa d’abord le baptiser AH-58A afin de souligner sa parenté avec l’OH-58 Kiowa. Mais le Pentagone ne comprenait alors pas l’utilité d’avoir deux hélicoptères de combat. Puis on envisagea la désignation MH-58A avant finalement d’opter pour la plus facile : OH-58D. Le nom de la tribu amérindienne Kiowa fut maintenu mais agrémenté du mot Warrior.
Le Bell OH-58D Kiowa Warrior était né. Le premier vol de l’appareil eut lieu le 9 octobre 1983.

Une commande eut lieu alors pour la fabrication de soixante-quatre hélicoptères de série.
Extérieurement le Bell OH-58D Kiowa Warrior était aisé à différencier de l’OH-58A/C Kiowa. Le viseur de toit en premier lieu mais aussi l’absence de cabine passagers à l’arrière et bien entendu le rotor principal à quatre pales en lieu et place de celui à deux. Et bien entendu les charges de combat installées sur les flancs des hélicoptères. Au BGM-71 Tow d’origine succéda en fait dès la commande en série le tout nouveau AGM-114 Hellfire de type tire-et-oublie.

Quand les premiers Bell OH-58D Kiowa Warrior entrèrent en service en novembre 1985 ils firent l’effet d’une bombe dans l’US Army. Leur emploi révolutionna la place des hélicoptères d’observation sur le champ de bataille. Fini le simple rôle de surveillance ils pouvaient désormais engager les forces terrestres ennemies, et notamment les unités blindées.
D’ailleurs les renseignements soviétiques eurent vite vent de ce nouveau binôme AH-64A Apache / OH-58D Kiowa Warrior, et ils le prirent très au sérieux. Tellement même qu’ils décidèrent d’octroyer à leur nouvel hélicoptère de combat alors en cours de développement de réelles capacités air-air. Il allait donner naissance au Kamov Ka-50 Hokum. L’avenir soviétique allait pourtant changer la donner.

Car jamais ce binôme n’aura eu à affronter les chars de l’Armée Rouge, que ce soit en Europe centrale ou ailleurs. L’effondrement du bloc communiste en 1989-1990 permit de rebattre les cartes. Les Bell OH-58D Kiowa Warrior et leurs acolytes McDonnell-Douglas AH-64A Apache durent attendre août 1990 pour se déployer sur le théâtre d’opérations saoudien et encore quelques semaines pour connaître le feu contre les colonnes de blindés irakiens.
Dès le matin du 17 août 1991 alors que les bombardiers et avions d’attaque de l’US Air Force et les missiles de croisière de l’US Navy avaient déjà commencé à frapper les cibles prioritaires irakiennes les duos AH-64A Apache / OH-58D Kiowa Warrior entrèrent dans la guerre. Même dans la pénombre du petit matin ils purent cibler efficacement et détruire les blindés ennemis. Grâce à leurs roquettes Hydra de 70mm les Kiowa Warrior assuraient fréquemment la protection des troupes alliées au sol.
L’expérience de la guerre du Golfe démontra pourtant un défaut de cette machine : sa relative lenteur du fait de son viseur de toit. Il demeurait moins rapide que les Aérospatiale SA.342 Gazelle de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre.

C’était pourtant là le seul point sur lequel l’OH-58D Kiowa Warrior était inférieur à l’hélicoptère français. Pour le reste sa polyvalence, sa puissance de feu, et sa forte capacité de détection et de surveillance en faisaient un précieux auxiliaire. L’enseignement numéro 1 des généraux américains vis-à-vis de cette guerre du Golfe fut les besoins de protection des hélicoptères de l’US Army. Tous les OH-58D reçurent de série un brouilleur AN/ALQ-144 identique à celui équipant les AH-1F Cobra.
Dans le même temps que le conflit se passait le Pentagone avait demandé à Bell Helicopter de transformer cinq cent soixante-dix-huit OH-58A Kiowa en OH-58D Kiowa Warrior. Pour chaque hélicoptère il fallait alors compter environ deux cent vingt heures de travail.

Durant presque toute la décennie 1990-2000 l’OH-58D Kiowa Warrior fut synonyme de poisson-pilote des Apache. L’apparition en 1997 des premiers AH-64D dotés du volumineux radar Longbow sur la tête de rotor changea quelque peu la donne. L’hélicoptère de combat n’avait désormais plus besoin de son hélicoptère d’observation.
On pensa alors la carrière du Kiowa Warrior assez rapidement terminée. Un lot de vingt appareil fut même expédié en 2000 pour stockage à Davis-Monthan AFB dans le désert d’Arizona. Puis il y eut le 11 septembre ! L’engagement militaire américain en Afghanistan afin de traquer les auteurs de l’attaque terroriste donna un second souffle aux OH-58D.

Désormais ils allaient assurer des missions à caractère antiterroriste. Dotés de protections renforcées contre les missiles anti-aériens des troupes talibanes et des djihadistes d’Al-Qaïda les équipages de Bell OH-58D Kiowa Warrior pouvaient survoler les montagnes et vallées afghanes. Leurs roquettes et missiles antichars étaient redoutables contre les forces ennemies. Cependant un nouvel adversaire approchait déjà, dans le camp américain : le drone. Tandis qu’aux États-Unis ils remplaçaient les OH-58C Kiowa dans les RAID, les Reconnaissance and Aerial Interdiction Detachments, les OH-58D subissaient en Afghanistan et en Irak la loi de la modernité. Ils étaient peu à peu remplacés par les avions de combat et de reconnaissance sans pilote.
Finalement à partir de 2012 les déploiements étrangers de Kiowa Warrior se firent très rares, principalement dans le cadre de manœuvres aériennes internationales en Europe.

Alors que sa carrière commençait vraiment à toucher à sa fin le Bell OH-58D Kiowa Warrior connut un certain succès sur le marché export de seconde main. Des pays comme la Croatie, la Grèce, Taïwan, ou encore la Tunisie en firent l’acquisition. D’hélicoptère d’observation ils se muèrent dans ces pays en pur appareil de combat et d’appui tactique. Avant leurs livraisons ils étaient renvoyés par l’US Army chez Bell Helicopter qui les déposaient et les reconstruisaient.

En 2012 toujours Bell Helicopter et le Pentagone tombèrent d’accord afin de développer une nouvelle version du Model 406 sous la désignation d’OH-58F Kiowa Warrior II. Possédant des améliorations profondes, comme par exemple une caméra infrarouge AN/AAS-53 dernier cri intégré à la boule du viseur de tête de rotor ou encore une meilleure autoprotection et une capacité air-air sous la forme de deux missiles AIM-92 Stinger. Le prototype de cette sous-version vola le 26 avril 2013. Cinq jours plus tard l’US Army signait un contrat visant à la production d’une première série de cinquante-neuf exemplaires.
Pourtant quelques semaines plus tard le Pentagone annula la commande et ferma le programme de développement de cet OH-58F.

Finalement le dernier vol d’un Bell OH-58D Kiowa Warrior de l’US Army intervint à l’été 2019. L’hélicoptère ne connut pas de successeur, celui-ci n’étant alors pas défini. Dans le cadre du programme FARA il sera choisi à l’horizon 2024-2025 entre des propositions formulées par Bell et par Sikorsky. Ses missions sont actuellement remplis par les drones AAI RQ-7 Shadow et General Atomics MQ-1C Gray Eagle.
Pour la petite histoire le dernier vol d’un OH-58 Kiowa américain est intervenu en 2020. L’OH-58D demeure en service à l’étranger.

Véritable réussite technologique et preuve incontestable de l’adaptabilité du Bell 206 aux missions militaires, tel est l’OH-58D Kiowa. Il fut en fait dans l’US Army un aéronef de transition entre les classiques hélicoptères d’observation hérités de la guerre de Corée et les actuels drones de combat et de reconnaissance. Les enseignements de sa conception furent pris en compte pour développer l’ARH-70 Arapaho, dérivé militaire du Bell Model 407.

 


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Photos du Bell OH-58D/F Kiowa Warrior

Caractéristiques techniques

Modèle : Bell OH-58D Kiowa Warrior
Envergure : 10.67 m diamètre du rotor principal
Longueur : 12.85 m
Hauteur : 3.90 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 1 turbine Allison T703-AD-700
Puissance totale : 1 x 650 ch.
Armement : Deux missiles AIM-114 Hellfire, paniers à roquettes de 70mm, mitrailleuses de calibres 7.62mm et 12.7mm en nacelles, ou encore mitrailleuse Gatling Minigun de calibre 7.62mm.
Charge utile : -
Poids en charge : 2495 kg
Vitesse max. : 235 km/h au niveau de la mer
Plafond pratique : 3650 m
Distance max. : 550 Km en configuration de combat.
Equipage : 2
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Profil couleur

Profil couleur du Bell OH-58D/F Kiowa Warrior

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Bell OH-58D/F Kiowa Warrior
Fiche éditée par
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Bell OH-58D/F Kiowa Warrior

Présentation publique et décollage d'un OH-58D Kiowa Warrior en Croatie.