Dans le monde des voilures tournantes le concept d’hélicoptère léger est souvent mal compris. On y retrouve tout autant des monomoteurs à moteurs à pistons que des bimoteurs à turbines. Cela concerne donc aussi bien le Hughes 269 que l’Airbus Helicopters H135. Et dans ce domaine il y a deux véritables vedettes, des hélicoptères qui se sont très très bien vendus dès leur apparition : l’Aérospatiale AS.350 Écureuil français et le Bell 206 Jet Ranger américain.
Pourtant tout ne partait pas forcément sous les meilleurs auspices pour cette machine. En effet le Bell 206 Jet Ranger tire ses origines du Bell YOH-4 LOH refusé au début des années 1960 par l’US Army au profit du Hughes OH-6 Cayuse. Normalement tout aurait alors du s’arrêter. C’était en fait compter sans la ténacité d’ingénieurs de l’hélicoptériste qui avait flairé la bonne affaire.
Puisque les militaires ne voulaient pas de l’YOH-4 LOH les civils accepteraient sans doute de l’acheter. C’est comme ça que naquit le Bell 206A.
Extérieurement le prototype fut finalement remanié, son nez et sa poutre de queue revus et corrigés. La turbine de 250 chevaux d’origine fut remplacé par une plus puissante portée à 400 chevaux. Pour le reste l’appareil était sensiblement identique aux cinq hélicoptères de présérie refusés par les militaires. Son premier vol intervint le 10 juillet 1966. Quelques semaines plus tard, le 20 octobre de la même année l’hélicoptère recevait sa certification autorisant sa commercialisation sur le marché civil. Il était connu sous le patronyme de Jet Ranger.
Et très rapidement le succès fut présent. Par rapport aux hélicoptères légers de son temps le Bell 206A Jet Ranger apportait un vrai plus en matière de confort, de puissance moteur, ou encore de silence. Sur les marchés américains et canadiens il régnait sans partage. En Europe occidentale c’était différent car il devait affronter une campagne de dénigrement tout autant que la concurrence féroce de Sud Aviation et de son SA.316B Alouette III.
C’est pourquoi en décembre 1966 Bell signa un protocole d’accord avec l’hélicoptériste italien Agusta autour d’une production sous licence et d’une commercialisation locale. Ainsi il devint Agusta-Bell AB-206.
Les bons résultats du Bell 206 Jet Ranger sur les marchés civils et parapubliques furent tels que même le Pentagone se ravisa. L’appareil servit de base à un des plus gros succès de l’US Army, l’OH-58 Kiowa de liaisons et d’observation. Ces machines se retrouvèrent déployées en grand nombre en Asie du sud-est dans le cadre de la guerre du Vietnam, remplaçant même au passage plusieurs Hughes OH-6 Cayuse. Un comble.
Deux autres sous-versions militaires firent leur apparition : les Bell CH-136 Kiowa et CH-139 Jet Ranger à destination des forces canadiennes. Les premiers étaient des appareils d’observation et de reconnaissance armée et les seconds de liaison et d’entraînement.
En fait les Bell CH-139 Jet Ranger dérivaient du Bell 206B Jet Ranger III, une version plus puissante destinée notamment aux survols maritimes mais également aux opérations en haute montagne. Dans ce second cas Bell tenta de concurrencer Sud Aviation puis Aérospatiale mais sans grande réussite. Les opérateurs, y compris américains, préférèrent bien souvent le SA.315 Lama au Jet Ranger pour les opérations montagnardes.
Pour autant le Bell 206B Jet Ranger III supplanta le 206A JetRanger. La désignation Jet Ranger II ne fut jamais utilisée car réservée par le constructeur pour les OH-58A/B/C militaires.
Le milieu des années 1970 vit apparaitre le Bell 206L Long Ranger, une version disposant d’un fuselage rallongé et d’une motorisation plus puissante. Ainsi l’hélicoptère pouvait accueillir trois passagers supplémentaires. Et là encore le succès fut immédiat. Sur les marchés civils et parapublique le Long Ranger se vendait très bien.
Bell développa même en 1975 une version appelée Texas Ranger et destinée à recevoir un armement permettant des missions d’appui tactique. Malheureusement pour le constructeur le succès ne fut là pas au rendez-vous.
Si les années 1980 et 1990 ne virent pas de ralentissement dans sa production et sa commercialisation le Bell 206 Jet Ranger vieillissait. Aussi le constructeur lui chercha un successeur sous la forme du Bell 427 apparu en 2000. Malheureusement pour Bell cet appareil conçu conjointement avec la Corée du Sud n’eut jamais le succès escompté. Sa production s’arrêta en 2010 alors que se poursuivait celle du Bell 206.
Finalement la production du Bell 206 Jet Ranger / Long Ranger s’arrêta en 2017. Deux successeurs désignés existaient alors : le bimoteur Bell 407 et le monomoteur Bell 505 Jet Ranger X. Seul l’avenir nous dira si ces machines auront réussi ou non à succéder à leur légendaire ascendant.
En un peu plus d’un demi-siècle d’existence le Bell 206 Jet Ranger et ses sous-versions s’est très très bien vendus chez les militaires. Des pays comme l’Afghanistan, l’Albanie, l’Argentine, l’Australie, l’Autriche, le Bangladesh, le Brésil, la Bulgarie, Bruneï, le Cameroun, le Canada, le Chili, la Colombie, la Croatie, l’Équateur, l’Espagne, la Finlande, la Grèce, le Guyana, l’Iran, l’Irak, Israël, l’Italie, la Jamaïque, le Japon, la Lettonie, le Lesotho, la Macédoine du nord, le Maroc, le Mexique, le Pakistan, le Pérou, la Pologne, Oman, l’Ouganda, la Serbie, la Slovénie, le Sri Lanka, Taïwan, la Thaïlande, la Turquie, le Venezuela, le Yémen, et la Zambie.
Sur le marché militaire américain le Bell 206 a également donné naissance aux appareils d’entraînement TH-57 Sea Ranger dans l’US Navy et TH-67 Creek dans l’US Army.
Avec une production globale dépassant les 7500 exemplaires, y compris les versions produites sous licence en Australie et en Italie, le Bell 206 Jet Ranger est un succès incontestable ! De tels hélicoptères devraient voler régulièrement au moins jusqu’en 2050.
Il a donné naissance à une copie non légale originaire de la république islamiste d’Iran : le Shahed 278 conçu par HESA.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.