Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’industrie aéronautique occidentale développa largement le marché des avions de transport léger et d’affaire. Domaine industriel inconnu des Soviétiques il laissait les mains libres aux avionneurs américains et européens qui prirent bien vite conscience de l’étendu de ce marché. Dès le début des années 1960 Américains et Français se partageaient les parts de marchés. Pourtant au Royaume-Uni une forme de résistance s’organisa mais sans grands résultats. Quelques avions réussirent cependant ça et là à émerger à l’image du Beagle Basset.
En 1960 l’avionneur britannique Beagle chercha à développer un avion d’affaire léger et de transport de troisième niveau afin de concurrencer notamment l’émergence de machines comme le Beechcraft Twin Bonanza 50 ou encore le Cessna 310. En France les constructeurs Morane-Saulnier et SIPA travaillaient eux-aussi sur des projets similaires.
Le marché était alors des plus prometteurs. Pourtant Beagle n’était alors pas un constructeur qui comptait au Royaume-Uni malgré la présence de George Miles (fondateur de Miles Aircraft) au conseil d’administration.
En fait avant ce projet de bimoteur ce constructeur n’avait rien créé de réellement nouveau. Son Beagle Terrier n’était en effet qu’un Auster AOP adapté au marché civil.
C’est pourquoi George Miles dut concevoir un avion totalement nouveau, qu’il désigna Beagle B.206. Et il s’appuya sur son expérience passée. L’ingénieur savait pertinemment que s’il voulait se démarquer des avionneurs américains et français il devait viser en priorité le marché britannique. C’est pourquoi il s’orienta vers une production en grande partie locale. Même le moteur devait avoir été conçu en Grande Bretagne, ce qui n’était pas évident à priori. En effet les motoristes britanniques de l’époque ne proposait rien pouvant équiper le futur B.206. La branche moteurs de De Havilland n’existait quasiment plus, et les autres constructeurs ne développaient plus que des réacteurs, turbines, et turbopropulseurs.
Une solution vint de Rolls-Royce : produire localement sous licence le moteur américain Continental IO-520 d’une puissance de 345 chevaux. C’était un pis-aller acceptable.
Car pour le reste, hormis les feux et phares qui étaient produits en France, toutes les pièces du futur Beagle B.206 était d’origine britannique. Extérieurement cet avion était particulièrement élégant avec son aile basse cantilever, son cockpit largement vitré, son train d’atterrissage tricycle escamotable et son architecture générale.
Le prototype B.206X vola pour la première fois le 15 août 1961, suivi onze mois plus tard par l’avion de présérie B.206Y.
En 1963 Beagle proposa deux versions de son avion : le B.206C civil et le B.206Z militaire. Si le premier peina à trouver sa clientèle le second fut immédiatement testé par la Royal Air Force qui recherchait un avion moderne afin d’envoyer à la casse ses ultimes Avro Anson datant de la Seconde Guerre mondiale, des avions alors absolument obsolètes.
Et rapidement après les premiers essais en vol une commande officielle fut passée pour vingt exemplaires connus chez le constructeurs comme B.206R et dans la RAF comme Beagle Basset.
Officiellement désigné Beagle Basset CC Mk-1 ces avions entrèrent en service en 1964. Leur rayon d’action les autorisait à rallier n’importe quelle base britannique en Allemagne de l’ouest depuis l’Angleterre ou le Pays de Galles. En 1966 deux exemplaires furent même détachés au sein du Queen’s Flight mais n’y restèrent que huit mois. L’avion ne convenait pas à l’époux de la souveraine Elizabeth II.
Pour autant dans les autres unités de liaisons et de communications le petit bimoteur remplissait sa mission avec efficacité.
À la même époque deux autres avions furent vendus à titre militaire. Un exemplaire Beagle B.206Z très similaire aux Basset CC Mk-1 fut vendu à l’Afrique du sud et un autre appareil assez différent pour le compte de l’aviation syrienne. Équipé d’appareils photos il fut utilisé entre 1964 et 1971 comme avion de cartographie aérienne avant d’être revendu sur le marché d’occasion.
L’Afrique du sud de son côté tenta de demander à Beagle de développer une version de surveillance maritime mais le programme échoua et s’arrêta net. L’avion de liaison livré à la South African Air Force vola lui jusqu’en 1969, avant de s’écraser tuant ses trois occupants.
Après un accident mortel survenu en juillet 1973 les Beagle Basset CC Mk-1 de la Royal Air Force se retrouvèrent sur la sellette. Finalement ils quittèrent le service actif en mai 1974. Pour autant cela ne signifia pas la fin des vols de ces bimoteurs sous la cocarde tricolore britannique. En effet quatre avions furent versés à l’Empire Test Pilot School comme avions d’entraînement et de liaisons au profit des futurs pilotes d’essais et quatre autre à l’Aeroplane and Armament Experimental Establishment. Ce centre d’essais en vol fit voler ses Basset CC Mk-1 comme avions de liaisons mais aussi de soutien opérationnel. Ils furent notamment utilisés lors du programme européen d’avion de combat Panavia Tornado.
Finalement c’est au début des années 1990 que ces avions quittèrent discrètement le devant de la scène, sans réellement trouver de remplaçant dans les deux cas.
Ainsi se terminait la carrière du Beagle Basset sous les cocardes de Sa Majesté. De nos jours quelques exemplaires volent encore, dont un immatriculé aux États-Unis et présentant une livrée typique de la Royal Air Force. Il réalise parfois des démonstrations lors de meetings aériens où clairement il est parmi les avions les plus exotiques.
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