En ce début de 21e siècle l’Asie est plus que jamais le continent émergent dans le domaine aéronautique avec des pays comme la Chine, la Corée du sud, l’Inde, ou encore le Japon. Pour autant il ne faut pas rayer d’un trait de plume l’Asie Mineure et notamment la Turquie. Ce pays a en effet réalisé des progrès très importants par rapport à ce qu’il proposait encore dans les années 1980 et 1990. Surtout l’industrie aéronautique turque ne se limite plus à la seule société Turkish Aeropace Industries. Le groupe Baykar longtemps spécialisé dans les composants électroniques s’est lancé sur le marché des avions sans pilote. Et aujourd’hui il réussit même à vendre un drone de combat bon marché aux normes occidentales : le Bayraktar TB.1 / TB.2.
C’est au début des années 2000 que la société Baykar s’est faite connaître dans le monde du drone militaire. Son engin léger de reconnaissance Bayraktar n’est alors pas passé inaperçu, ressemblant étrangement à l’AeroVironment RQ-11 Raven américain. Beaucoup pensent alors que l’industriel turc n’est bon qu’à copier un modèle existant déjà. Ils ont tort évidemment.
En fait en parallèle Baykar travaille déjà sur un projet beaucoup plus ambitieux appelé d’abord Bayraktar II puis plus fréquemment Bayraktar TB.1.
Malgré ce nom identique entre les deux machines elles n’ont strictement rien en commun !
Le Bayraktar TB.1 se présente sous la forme d’un avion sans pilote monomoteur doté d’un moteur à pistons Rotax 912ULS d’une puissance de 100 chevaux actionnant une hélice propulsive. Pour le reste ce drone est un monoplan à aile basse en flèche doté d’un fuselage double dérive et d’un empennage triangulaire. Il possède un train d’atterrissage tricycle fixe. Destiné exclusivement à des missions de reconnaissance tactique et de surveillance il dispose d’un équipement optronique axé autour d’un FLIR Wescam semi-rétractable couplé à une caméra thermique. C’est dans cette configuration que le Bayraktar TB.1 réalise son premier vol le 8 juin 2009.
Rapidement l’industriel turc cherche à le faire adopter par des pays étrangers, le proposant même à plusieurs pays de l’alliance Atlantique. Il faut dire qu’en 2010 l’OTAN a validé son emploi au sein de ses forces, offrant au Bayraktar TB.1 une visibilité certaine. Malgré des touches avec la Bulgarie, la Pologne, ou encore le Qatar jamais Baykar ne réussit à vendre son drone de reconnaissance à quelqu’un d’autre que le ministère turc de la défense. Celui-ci en achète tout de même 150 exemplaires ainsi que trente systèmes de guidages dont huit montés sur camions tous-terrains. L’armée, la force aérienne, et la gendarmerie turques en reçoivent chacune.
Conscient du potentiel de son engin la société Baykar décide d’en développer une version améliorée légèrement agrandie sous la désignation de Bayraktar TB.2, parfois aussi appelé (à tort) Bayraktar III. Si le TB.1 n’est qu’un drone de reconnaissance le TB.2 vise clairement plus loin : l’appui tactique rapproché et la lutte anti-terroriste. Son arme principale est alors le missile antichar Mizrak-U que l’on retrouve notamment sur l’hélicoptère de combat TAI T129 de facture locale. Jusqu’à quatre de ces munitions peuvent être gréées sur l’avion sans pilote. La mini bombe à guidage par GPS et inertie MAM et la roquette guidée laser Bozok, toutes deux conçues et assemblées en Turquie complètent l’arsenal du Bayraktar TB.2.
Pour le reste le drone conserve l’équipement électronique et optronique de son grand frère. Et naturellement il est lui aussi validé pour emploi par l’OTAN.
Après un premier vol à l’été 2014 il entre en service en 2017 dans les forces turques à hauteur de 170 exemplaires dont six pour la marine qui les utilisent non armés afin de mener des missions de surveillance côtière.
À la différence du Bayraktar TB.1 le TB.2 a su convaincre des clients étrangers. Il a été vendu à des pays aussi différents que l’Albanie, l’Azerbaïdjan, la Lybie, la Pologne, le Qatar, ou encore l’Ukraine. Début 2021 des pays comme l’Algérie, la Hongrie, le Kazakhstan, ou encore le Turkménistan s’annoncent intéressés par cet engin bien moins onéreux qu’un General Atomics MQ-1C Grey Eagle ou à fortiori qu’un MQ-9 Reaper. En fait le Bayraktar TB.2 ne matche pas exactement dans la même cours que ces drones américains de haute valeur.
Cela ne l’empêchera pas de démontrer ses capacités sur le terrain, sous les couleurs azéries et ukrainiennes.
Entre fin septembre et mi-novembre 2020 les forces arméniennes et azéries s’affrontent dans un sanglant conflit au Haut-Karabagh. L’Azerbaïdjan emploie une partie de ses drones Baykar Bayraktar TB.2 dans des missions de reconnaissance armée et d’appui tactique rapproché. À plusieurs reprises ces drones de combat ont tiré des missiles et antichars et des roquettes à guidage laser contre des positions arméniennes. Au moins deux d’entre eux ont été descendus par la DCA arménienne, qui récupère au passage les épaves.
L’Ukraine de son côté a employé ses drones Bayraktar TB.2 dans des missions anti-terroristes face aux troupes pro-russes dans la région du Donbass revendiquée par Moscou. Ils sont apparus sur ce théâtre d’opération à l’été 2020.
L’emploie par l’Azerbaïdjan des drones Bayraktar TB.2 contre les forces arméniennes n’a pas eu un effet totalement positif pour l’entreprise turque. Elle perd en effet plusieurs fournisseurs dont le motoriste autrichien Rotax et l’équipementier canadien Wescam qui se déclarent outrés que leurs équipements aient servi sur des drones de combat et non de surveillance. Pour autant l’industriel turc dispose de suffisamment de moteurs en stocks pour pouvoir voir venir, il en est de même des systèmes optroniques. Désormais c’est l’industrie turque qui devra fournir.
Et cela tombe bien car Baykar a annoncé développer un Bayraktar TB.3 dérivé du TB.1 et destiné aux reconnaissances maritimes. L’engin doit pouvoir être catapulté depuis les plages arrières de navires de guerre. Son entrée en service dans la marine turque est attendue pour 2025.
Bon marché, efficace, bien armé le Baykar Bayraktar TB.2 est un excellent drone d’appui tactique pour les forces de pays émergents. À tel point même que début 2021 il a commencé à éclipser le TB.1 sur les propositions à l’export. En fait le TB.2 fait la même chose et en plus il emporte un armement le rendant encore plus polyvalent.
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