Lorsque fut fondée la société British Aerospace plusieurs programmes étaient en cours de développement chez ses sociétés d’origine. C’était notamment le cas du jet d’entraînement Hawk qui tomba de facto dans son escarcelle. D’autres allaient connaître une existence plus compliquée, à l’image d’un avion de transport régional très original à la carrière militaire pour le moins chaotique, le Hawker-Siddeley HS.146 qui devint donc le BAe 146.
En fait celui-ci fut assez rapidement un succès commercial net, en partie grâce à ses incontestables capacités d’atterrissages et de décollages courts, mais aussi aux faibles émissions sonores qui le caractérisaient. Son allure générale, avec son aile haute, ses quatre réacteurs à double flux de petite taille, et son fuselage large en firent très vite un avion rapidement et aisément identifiable. Présenté par les Britanniques comme une alternative aux vieillissants BAC 1-11 et Sud Aviation Caravelle, le BAe 146 s’imposa facilement sur l’ensemble des marchés civils où il fut présenté dès 1983.
Extérieurement le BAe 146 se présente comme un monoplan à aile haute construit intégralement en métal. La particularité de sa motorisation fait qu’elle repose sur quatre réacteurs à double flux Avco Lycoming ALF502R-5 d’une poussée unitaire de 3170 kg. Grâce au principe de soufflage de l’aile ces réacteurs octroient des qualités de décollages et d’atterrissages courts à l’avion. En outre ils figurent parmi les réacteurs les moins bruyants du marché. Par ailleurs l’avion dispose d’un empennage en T et d’un train d’atterrissage tricycle escamotable. Doté d’un cockpit biplace côte à côte ultramoderne il peut accueillir entre 85 et 115 passagers suivant ses versions. Son premier vol intervint le 3 septembre 1981.
Assez étrangement il connue une commande militaire rapidement, puisque la Royal Air Force fut le deuxième client de l’avion dès 1984 en passant commande pour deux BAe 146-100 pour des missions de transport de hautes personnalités au profit de la famille royale. Intégrés au Squadron 32 ils reçurent la désignation de BAe 146 CC Mk-2. Bien que militaires ces avions conservaient une livrée élégante proche de celles des avions civils. Ils remplacèrent les bimoteurs à turbopropulseurs Hawker-Siddeley Andover CC Mk-2 alors utilisés pour cette mission.
Dès lors les BAe 146 CC Mk-2 devinrent les véritables porte-étendards de la RAF. Ils transportaient la famille royale partout dans le monde, notamment grâce à certains aménagements qui permettaient d’allonger le rayon d’action. Ils furent utilisés pour tous les déplacements officiels de la reine Elizabeth II mais également de son fils le prince Charles, ou plus récemment de son petit-fils le prince William. C’est d’ailleurs un de ses avions qui ramena à l’été 1997 la dépouille de la princesse Diana après son mortel accident de la route à Paris. Bien que n’étant plus membre de la famille royale depuis son divorce elle eut droit à cet honneur en temps que mère du futur souverain. Début 2018 ces avions étaient encore en service et leur remplacement n’était toujours pas à l’ordre du jour.
En 2012 le Squadron 32 se vit adjoindre deux autres avions du même type. Disposant d’une livrée grise unie basse visibilité plus martiale ces appareils sont connus comme BAe 146 C Mk-3. Ils ont été acquis pour des missions de soutien logistique opérationnel, notamment sur théâtres d’opérations extérieurs. Ils ont été aperçus en 2013 en Afghanistan et au Mali en soutien des opérations françaises dans le pays. À la différences des avions de transport royal ceux ci sont dotés de protections actives contre la menace des missiles sol-air.
Ce ne sont pas là les seuls versions du petit quadriréacteurs en service au Royaume Uni. La célèbre Empire Test Pilots School, l’école des pilotes d’essais britanniques, utilisent deux avions similaires, un RJ-70 et un RJ-100 acquis dans les années 1990. À cette époque le BAe 146 fut commercialisés sous les désignations de RJ-70, RJ-85, RJ-100, et RJ-115 suivant les tailles et configurations de son fuselage. Les avions de l’ETPS volent également au profit de la société d’économie mixte QinetiQ, en charge du développement des programmes aéronautiques britanniques.
Outre le Royaume Uni le BAe 146 a été proposé à l’export pour des clients militaires dans deux versions différentes : le Statesman et le STA. Ce dernier signifiait Sideloading Tactical Airlifter, et fut le seul a connaître un semblant de succès commercial.
Le BAe 146 fut ainsi acquis à titre militaire par l’Arabie Saoudite, Bahrein, la Bolivie, les Émirats Arabes Unis, la Libye, le Mali, et le Népal. En Arabie Saoudite l’appareil fut utilisé comme avion de transport de hautes personnalités dans une configuration assez similaire à celle des avions de la famille royale britannique. Il est à signaler que la Libye acheta ses deux BAe 146 après la chute de la dictature Khadafi, pour des missions de transport tactique et d’évacuation sanitaire, en remplacement de vieux Antonov An-26 datant de l’ère soviétique.
Plus récemment il a été décidé d’adapter des avions de ce type aux missions de lutte contre les feux de forêts. Le constructeur canadien Conair, déjà responsable de la conception des célèbres Tracker en service en France au sein de la Sécurité Civile, s’est chargé d’une partie de ce chantier. Mais d’autres constructeurs, principalement aux États-Unis proposent eux-aussi des kits de transformations du BAe 146 en bombardier d’eau. Bien que les capacités varient d’un constructeur à un autre la moyenne est de 11 000 litres par quadriréacteur.
Au final le BAe 146 est certainement un des avions de lignes les plus originaux dans sa définition à défaut d’être un avion de transport militaire véritablement réussi. Pour autant il demeure plus de trente ans après son entrée en service le principal avion de transport de la famille royale au sein de la puissante RAF, et ça c’est déjà pas mal du tout !
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