En 1957, des spécifications du ministère de l’Air pour un avion d’attaque à basse altitude et à grande vitesse furent émises aux principaux constructeurs britanniques. Ce bombardier supersonique était destiné à remplacer l’English Electric Canberra dans le rôle « Tactical Strike and Reconnaissance » (TSR). Cet appareil devait être capable de voler à la vitesse la plus élevée possible à très basse altitude (environ Mach 1.2), afin d’éviter la détection par les radars hostiles pour des missions de frappe nucléaire tactique et de reconnaissance. Le TSR.2 fit son premier vol du prototype en septembre 1964.
En 1960, la nouvelle compagnie, British Aircraft Corporation (ou BAC) composé de Vickers-Armstrong Aircraft, English Electric Aviation et Bristol Aircraft, répondit en construisant un « monstre ». La caractéristique la plus remarquable du TSR.2 était sa grande longueur. En effet, le TSR.2 était plus long de 6 mètres qu’un Avro Lancaster, 2 fois plus lourd, et avec l’envergure d’un Supermarine Spitfire.
De part ces réacteurs Bristol Siddeley Olympus 22R Mk.320 (les proches parents de ceux du Concorde) et du type de mission, la consommation du TSR.2 était énorme. Du coup, le fuselage était rempli de carburant, et même les moteurs étaient entourés par des réservoirs de carburant. Le fuselage contenait 80% du carburant, le reste était dans des réservoirs intégrés dans les ailes.
La petite aile delta avait des saumons d’aile inclinés vers le bas, caractéristique que l’on retrouve sur quelques appareils américains de l’époque comme les North American XB-70 et F-108 Rapier. L’aile était presque entièrement un réservoir de carburant intégral. Deux pylônes pouvaient être adaptés sous chaque aile, pour porter des missiles, des bombes, ou des réservoirs de carburant supplémentaires.
L’avion embarquait un radar de suivi de terrain, un radar à balayage latéral, des capteurs à ne plus savoir qu’en faire. Il était équipé d’un viseur tête haute projeté sur le pare-brise. Grâce à un système de soufflage des volets et un train d’atterrissage avant extensible, il devait pouvoir décoller en 700 mètres d’une piste taillée au bulldozer dans la jungle. La course à l’atterrissage était quant à elle raccourcie grâce à un énorme parachute frein.
Le BAC TSR.2 se comportait en vol comme un chasseur BAC Lightning malgré sa taille imposante, avait des accélérations foudroyantes que même le Lightning n’arrivait pas à le suivre mais il arriva au mauvais moment. Plusieurs raisons retardèrent puis mirent fin à ce projet.
Tout d’abord, le budget de réalisation qui fut plus que doublé par rapport au prévisions, sachant que d’autres programmes avait certaines préférences notamment les « V Bombers« . Ensuite le gouvernement britannique s’intéressa un temps au Grumman F-111 Aardvark qui devait être opérationnel plus rapidement. Les britanniques posèrent des options sur les futurs F-111, qui seront annulées plus tard pour des raisons d’indépendance aéronautique. Enfin il fut décidé de transférer la force de dissuasion nucléaire à la Royal Navy et à ses sous-marins Polaris indétectable et ayant un déploiement plus optimal.
L’ensemble de la documentation technique fut détruite et les 3 prototypes achevés devait être ferraillés à l’instar du CF-105 Arrow, tout comme les 46 appareils en cours de fabrication. Mais deux exemplaires du TSR.2 survécurent. L’un est exposé à Duxford, et l’autre à Cosford. Comme son homologue canadien, cette machine aurait eu des performances très supérieures à celles des avions de l’époque et ce pour de nombreuses années.
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