C’est à la toute fin des années 1920 que l’avionneur britannique De Havilland présenta sur le marché civil son D.H.80 Puss Moth. L’avion était alors révolutionnaire. Il couplait une voilure en biplan avec une cabine fermée. Le concept du « cabin tourer » venait de naître. Le constructeur allait même le renforcer quelques temps plus tard avec son D.H.85 Leopard Moth, lequel allait lui aussi rencontrer le succès. Dès lors la majorité des avionneurs en Amérique du nord et en Europe se mirent en tête de concevoir et de produire de tels avions. Certains connurent le succès et d’autres beaucoup moins. Dans cette seconde catégorie on retrouve l’Avro Commodore, lui aussi britannique.
La première tentative par l’avionneur Avro de proposer sur le marché un « cabin tourer » intervint avec le Cabin Cadet, qui comme son nom l’indique était dérivé de l’avion d’entraînement Cadet. Connu comme Type 639 dans la nomenclature du constructeur il vola à l’été 1932 mais ne dépassa pas le stade expérimental. L’avion ressemblait en fait plus à un bricolage réalisé à la va-vite, ce que fondamentalement il était, qu’à un véritable appareil pensé pour le marché civil. Cependant il permit à l’avionneur de poser les bases d’un travail ultérieur.
En parallèle de l’échec du Type 639 Cabin Cadet les ingénieurs britanniques travaillaient sur le Type 641 Commodore. Celui-ci était radicalement plus novateur. À bien des égards il apparaissait comme très similaire aux biplans Waco de la série des Standard Cabin arrivés sur le marché américain quelques mois auparavant. En fait les ressemblances entre le Commodore et ces avions étaient frappantes. Pour autant, et afin de minimiser les coûts de production, ce nouvel avion faisait appel à des équipements provenant d’un autre avion d’entraînement. Après le Cadet c’est au Tutor qu’il empruntait. Un prototype fut assemblé à partir de l’automne 1933.
Extérieurement l’Avro Type 641 Commodore se présentait sous la forme d’un biplan à ailes décalées de construction mixte. Sur une structure en tubes d’acier les ingénieurs avaient fixés du contreplaqué. Comme sur n’importe quel autre « cabin tourer » le train d’atterrissage était ici classique fixe, doté en plus de roues carénées. Ces dernières étaient considérées au début des années 1930 comme un équipement luxueux. Sa propulsion était assurée par un moteur à sept cylindres en étoile Armstrong Siddeley Lynx Mk-IVC d’une puissance de 215 chevaux actionnant une hélice bipale en bois et métal. Le Commodore fut pensé pour accueillir quatre passagers en plus du pilote. Il réalisa son premier vol le 24 mai 1934.
Présenté en grandes pompes partout où des meetings aériens et des salons aéronautiques avaient lieu l’Avro Commodore ne suscita pas d’engouement particulier. Il faut dire qu’il était réputé onéreux, bien plus par exemple que les succès de De Havilland ou encore que le Desoutter Mk-II qui lui aussi se vendait bien. En fait le public britannique le trouvait pataud et peu élégant. Pour autant quatre exemplaires furent vendus sur le marché britannique et deux autres en Égypte. Ce fut là les seuls et uniques Commodore fabriqués et commercialisés.
Les ventes s’échelonnèrent de 1934 à 1936, à une époque où Avro se concentrait sur ses productions militaires et sur la construction sous licence britannique de l’avion de ligne néerlandais Fokker F.VII. En fait pour les dirigeants de l’avionneur le Type 641 Commodore n’était pas à proprement parler une priorité. Ils avaient compris qu’il serait un échec commercial. Un an après la cessation de la production les deux exemplaires égyptiens furent repris par la Royal Egyptian Air Force qui les utilisa comme avions de liaisons et de transport d’état-major.
C’est pour des missions similaires, avec également la communication, que deux des quatre exemplaires britanniques furent réquisitionnés en mai 1940 par la Royal Air Force. Ils devinrent Avro Commodore Mk-I dans la nomenclature militaire de Sa Majesté. Un autre fut saisi et affecté à l’Air Transport Auxiliary , une entité civile affecté au soutien des militaires en temps de guerre. Il y remplissait des missions de convoyages de personnels à travers toute la Grande Bretagne. Au sein de la RAF les deux Commodore Mk-I furent versés au N°24 Squadron qui volait à la même époque sur des machines comme le De Havilland D.H.80 Puss Moth, le Heston Phoenix, ou encore le Miles M.11 Whitney Straight. Il s’agissait à chaque fois d’appareils civils réquisitionnés. Un de ces deux avions fut détruit lors d’un écrasement à l’atterrissage en juillet 1941. Le second exemplaire fut retiré du service et rendu à propriétaire d’origine au printemps suivant. À cette époque le N°24 Squadron venait d’uniformiser sa flotte autour de deux modèles d’origine américaine : le Beechcraft Traveler Mk-I et le Stinson Reliant Mk-I. La majorité des avions réquisitionnés encore en état de vol fut rendue à ce moment là. De son côté l’Air Transport Auxiliary conserva son exemplaire jusqu’en 1943, le ferraillant par la suite.
On ignore le sort exact des deux Avro Type 641 Commodore de l’aviation égyptienne. Ce que l’on sait c’est qu’aujourd’hui aucun exemplaire n’est parvenu jusqu’à nous. On remarquera que sur six exemplaires d’un avion civil quatre ont connu une carrière militaire en temps de guerre, et un cinquième dans une flotte auxiliaire.
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