Dans les années qui suivirent la fin de la Première Guerre mondiale la majorité des industries aéronautiques cherchèrent à capitaliser sur les progrès réalisées durant le conflit. S’il y a bien un pays dans lequel cela fut d’autant plus vrai c’est bien le Royaume-Uni. Les avionneurs britanniques cherchaient par tous les moyens à mettre en service des avions et des hydravions ultramodernes faisant oubliés les défauts de ceux conçus en temps de guerre. L’assemblage en bois entoilé fit peu à peu place au bois et métal, un peu plus lourd mais beaucoup plus résistant. L’un des premiers bombardiers britanniques construits selon cette règle fut le gros monomoteur Avro Type 549 Aldershot.
Au début de l’année 1920 l’Air Ministry émit la Specification 2/20 relative à un bombardier lourd monomoteur. Son cahier des charges prévoyait une capacité d’emport pour 900 kilogrammes de bombes et un rayon d’action de 950 kilomètres. En outre ce bombardier devait être un avion intermédiaire, censé permettre un remplacement dans l’urgence des Airco DH.4 entrés en service presque trois ans plus tôt.
Deux avionneurs seulement y répondirent : Avro avec son Type 549 et De Havilland avec son DH.27. Le premier reçut le patronyme d’Aldershot et le second de Derby.
De Havilland qui était la nouvelle raison sociale d’Airco partait pourtant avec un handicap. Au cours des deux années précédentes ce constructeur avait proposé, sur fonds propres, deux avions afin de remplacer le DH.4. Et tous deux ne furent pas sélectionnés. Les DH.14 Okapi et DH.15 Gazelle ne dépassèrent pas le stade expérimentale.
De ce fait l’Avro Type 549 Aldershot intéressa très vite l’Air Ministry. En face le De Havilland DH.27 Derby sembla très vite distancé, même si globalement ses performances annoncées étaient similaires. Deux prototypes de chaque avion furent commandés.
Extérieurement l’Avro Typer 549 Aldershot se présentait sous la forme d’un biplan monomoteur de construction mixte en bois et métaux légers. La propulsion était assurée par un moteur à douze cylindres en V Rolls-Royce Condor IB d’une puissance de 550 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. Son train d’atterrissage tricycle fixe ne possédait pas de roulette de queue mais un patin. L’avion accueillait un équipage de trois hommes : un pilote, un mécanicien-navigateur, et un officier de bombardement. Ces deux derniers actionnaient par ailleurs les mitrailleuses mobiles de calibre 7.7mm installées en positions dorsales et ventrales. Celles-ci était fabriquées par Lewis. Une troisième de même calibre et construite par Vickers tirait en position de chasse. La charge offensive atteignait 910 kilos de bombes.
C’est dans cette configuration que le premier vol eut lieu le 10 octobre 1921. Le second prototype suivit à Noël de la même année.
Par la suite le premier des deux Avro Aldershot fut utilisé pour des essais de motorisation. Il vola successivement avec un moteur à seize cylindres en X Napier Club d’une puissance de 1000 chevaux. Il devint alors le monomoteur le plus puissant de son époque. Malheureusement à ce niveau là ça ne dépassa pas le stade expérimental. Le dit-moteur en X fut déposé par la suite et remplacé par un moteur en ligne Beardmore Cyclone d’une puissance de 950 chevaux.
Aux yeux des responsables de l’Air Ministry l’Avro Type 549 Aldershot faisait plus que jamais figure de favori. Pourtant ils devaient patienter jusqu’au premier vol du prototype du De Havilland DH.27. Celui-ci eut lieu presque un an jour pour jour après celui de l’Aldershot, soit le 13 octobre 1922. Début novembre Avro était déclaré vainqueur et quinze bombardiers étaient commandés sous la désignation d’Aldershot Mk-III. L’Aldershot Mk-I concernant les deux prototypes et l’Aldershot Mk-II l’utilisation du prototype comme banc d’essais volant pour moteurs.
La seule grosse différence qui existait entre l’Aldershot Mk-III de série et le prototype Aldershot Mk-I concernait la motorisation : le moteur Condor IB d’origine laissa la place à un Condor III.
Les premiers avions arrivèrent en service actif en juillet 1924 au sein du N°99 Squadron de la Royal Air Force. L’unité disposait de sa pleine dotation au mois de septembre. Seul ce N°99 Squadron fit voler les quinze Aldershot de série. Quelques semaines après leur entrée en service, en novembre 1924 ils furent engagés dans une série de manœuvres aériennes, larguant leurs bombes sur un champ de tirs du Pays-de-Galles. Lors d’un bombardement l’un des membres d’équipage fut tué, l’enquête conclut quelques jours plus tard que le pilote avait peiné à reprendre suffisamment d’altitude. L’effet de blaste fut donc fatal au servant de la mitrailleuse ventrale.
Cet incident conduisit l’Air Ministry à revoir sa copie en matière de bombardiers lourds. Il devenait désormais nécessaire que ces avions soient au minimum des bimoteurs. Alors que l’Avro Aldershot devait permettre d’attendre l’arrivée en unité d’un bombardier lourd monomoteur plus moderne il se révéla finalement être le premier mais aussi surtout le dernier. Dès lors son sort était scellé, son remplacement à l’ordre du jours. Nous étions alors au tout début de l’année 1925.
À partir de cette date les Aldershot de la RAF eurent l’interdiction de réaliser des bombardement en ressources lors des phases de manœuvres.
Finalement les quinze Avro Aldershot Mk-III furent retirés du service en décembre 1925 quand le N°99 Squadron de la Royal Air Force reçut ses premiers Handley Page Hyderabad Mk-I. Particularité notable : ces nouveaux bombardiers emportaient une charge de bombes deux fois moindre que celles des Aldershot sur une distance 20% plus courtes. Mais ils étaient bimoteurs et cela rassuraient l’Air Ministry. Évidemment les nouveaux avions ne pouvaient pas bombarder en ressources, à la différence des Aldershot.
L’ensemble des Avro Aldershot Mk-III fut envoyé à la ferraille à l’exception d’un exemplaire qui fut récupéré par l’avionneur. Une fois son armement déposé il fut transformé en Aldershot Mk-IV et doté d’une voilure en métal. L’avion vola quelques semaines pour divers essais avant d’être lui aussi détruit. L’Aldershot donna naissance à une version de transport : l’Avro 561 Andover dont la RAF utilisa trois exemplaires pour l’évacuation sanitaire.
Relativement retombé dans l’oubli de nos jours l’Avro Aldershot est pourtant considéré par les historiens de l’aviation comme le premier véritable bombardier conçu par ce constructeur. Il est donc en cela une forme de précurseur de machines aussi légendaires que le Lancaster, le Lincoln, ou encore le Vulcan. Eux connurent évidemment tous bien plus qu’un an et demi de service actif !
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