Isolée diplomatiquement et politiquement suite à un embargo de l’ONU daté de 1977, en raison de sa politique ultra-raciste appelée Apartheid, l’Afrique du sud a su développer une industrie aéronautique locale basée sur la modernisation de ses moyens existants. A tel point même que dans le courant des années 1980 la majorité de ses productions était en fait composée d’évolutions d’avions et d’hélicoptères conçus par d’autres et acquis au cours des deux décennies précédentes, à l’image de son chasseur Atlas Cheetah directement dérivé de l’avion français Dassault Mirage III. Une de ces évolutions les plus surprenantes et certainement parmi les plus abouties fut l’hélicoptère de transport et de manœuvres Atlas Oryx.
C’est en 1982 que le constructeur national sud-africain Atlas Aircraft Corporation commença à s’intéresser aux hélicoptères. Il cherchait alors à développer une machine de reconnaissance armée et d’appui aérien rapproché à partir du monoturbine français Aérospatiale SA.316B Alouette III. Ces travaux débouchèrent sur le développement d’un biplace en tandem désigné XH-1 Alpha qui vola pour la première fois début 1985. Malgré de premiers vols assez réussis il s’avéra rapidement que cet appareil allait être trop léger pour les besoins sud-africains et le programme fut abandonné.
Néanmoins les militaires sud-africains avaient toujours dans l’idée de disposer d’un hélicoptère de combat. Désormais ils regardaient du côté de l’Union Soviétique et de son Mil Mi-24. Cependant dans ce pays l’Afrique du sud était loin de passer pour un allié, et pas uniquement en raison de son racisme d’état. Car malgré tout le régime de Pretoria était largement équipé par des pays occidentaux, France et Royaume Uni en tête, et les Soviétiques suspectaient alors que les États-Unis ne tirent également profit de ces alliances. Le marché fut donc refusé par Moscou.
Les ingénieurs d’Atlas eurent alors l’idée de développer une machine de combat lourd, capable d’emporter des canons de 20mm en nacelle, mais également des paniers à roquettes et même des missiles antichars à partir d’un Aérospatiale SA.330L Puma. Cet hélicoptère de facture française était alors le principal appareil de transport de troupes en service dans le pays. Le programme reçut la désignation XTP-1, pour Experimental Test Platform n°1. Aérospatiale de son côté, qui eut très vite vent de ce développement l’observait de loin. Extérieurement le futur XTP-1 ressemblait juste à un Puma armé. Intérieurement il en était tout autrement.
En effet l’Atlas XTP-1 avait été remotorisé. Les turbines Turboméca Turmo IV-C avaient laissés place à deux turbines Makila 1A1 du même motoriste prélevés sur un Aérospatiale AS.332B Super Puma. Le résultat donnait un Puma sur-gonflé capable de ce fait d’emporter cet armement. Son premier vol eut lieu le 18 septembre 1987. Malgré des résultats particulièrement encourageant le programme n’alla pas plus loin, Atlas et le ministère sud-africain de la défense ayant encore changé leur fusil d’épaule en vue du développement de l’AH-2 Rooivalk. Pour autant le principe de cet hybride Puma / Super Puma continuait à intéresser les militaires sud-africains.
Il s’agissait notamment de remplacer les Puma alors en service sans pour autant lancer un programme d’acquisition qui tomberait forcément à l’eau en raison de l’embargo. D’autant qu’à la même époque les Aérospatiale SA.321L Super Frelon d’assaut montraient eux aussi des signes de vieillissement accéléré. Le programme reçut de ce fait le nom d’Atlas Oryx.
Extérieurement ce qui différenciait cet hélicoptère du XTP-1 en dehors de l’absence d’armement offensif était la présence d’une dérive vertical placée sous le rotor anti-couple ainsi que de renforcements au niveau du train d’atterrissage et de la cellule. Une partie des modifications furent apportées avec l’aide d’ingénieurs roumains, eux aussi rompus au travail autour du Puma. L’armement défensif de l’hélicoptère se composait alors de deux mitrailleuses Vektor SS-77 de facture locale d’un calibre de 7.62mm en position dite gundoor. Finalement la South African Air Force passa commande pour cinquante exemplaires.
Les premiers Atlas Oryx entrèrent en service en 1988 et les dernières modifications en 1994. Au total quarante furent construits comme hélicoptères d’assaut et de manœuvre et dix en tant que machines de recherches et de sauvetages en mer et d’opérations au profit des équipes scientifiques opérant en Antarctique. En 2006 Atlas modernisa trente-cinq de ces hélicoptères, à savoir vingt-huit de la première série et sept de la seconde. Ils reçurent notamment une avionique tout écran ainsi qu’une révision complète de ses turbines Makila.
Désormais les vingt-huit Oryx d’assaut et de manœuvre volent camouflés avec une cocarde basse visibilité tandis que les sept de recherches-sauvetages et d’opérations polaires possèdent une livrée haute visibilité rouge et blanche. Depuis la fin de l’Apartheid et la levée de l’embargo international les hélicoptères sud-africains sont désormais habitué des exercices avec les forces alliées. Ainsi en novembre 2003 un Oryx participa à un exercice avec le navire expérimental américain USS Swift (HSV2) tandis que cinq ans plus tard en octobre 2008 un appareil similaire appontait sur le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt (CVN 71) croisant au large des côtes sud-africaines.
Même si actuellement l’Atlas Oryx est un hélicoptère vieillissant il représente une excellente alternative pour les pays voulant moderniser leurs Puma. On le compare même parfois aux Puma HC Mk-2 de la Royal Air Force. La South African Air Force envisage le retrait du service de ses hélicoptères pour l’horizon 2020-2022, sans pour autant savoir par quel type d’appareil.
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