L’industrie aéronautique allemande de l’ère nazie fut riche en conception d’hydravions. Héritée de la Première Guerre mondiale la doctrine d’emploi de ces aéronefs prévoyait aussi bien la patrouille maritime et la lutte anti-sous-marine que la guerre des mines ou encore les missions de recherches et de sauvetages en mer. Celle-ci furent d’ailleurs prépondérantes aussi bien au sein de la Kriegsmarine que de la Luftwaffe. Et celui qui fut sans nul doute le plus surprenant des hydravions ainsi dédiés à sauver des vies en mer fut le petit monomoteur Arado Ar 199.
Pourtant rien ne prédestinait l’Arado Ar 199 à pouvoir un jour sauver des vies en Mer du Nord et dans la Baltique. En effet ce petit hydravion a été conçu au départ comme appareil d’entraînement primaire et intermédiaire, à la demande du Reichsluftfahrtministerium.
Les décideurs nazis cherchaient en 1938 à doter la Kriegsmarine de sa propre flotte d’avions et d’hydravions écoles afin de la rendre le moins dépendante possible de la Luftwaffe.
Or à cette époque l’avionneur Arado cumulait deux spécialités qui séduisait le RLM : les avions d’entraînement à l’image de son Ar 96 alors en cours de développement et les hydravions à flotteurs tel l’Ar 95 de reconnaissance côtière.
Les designers et ingénieurs d’Arado s’inspirèrent d’ailleurs des travaux autours de l’Ar 96 pour concevoir le dit hydravion d’entraînement. Celui-ci avait reçu la désignation d’Ar 199 selon la nomenclature du RLM. Et extérieurement les ressemblances entre les deux appareils étaient troublantes. À cela près que le poste de pilotage de l’hydravion était triplace avec l’instructeur et son élève côte à côte et un passager ou un élève navigateur installé à l’arrière. Ce monoplan à aile basse cantilever et flotteurs doubles était assemblé en métal. Il était animé par un Argus As 410 à douze cylindres en V inversés d’une puissance de 450 chevaux.
Le prototype Ar 199V1 réalisa son premier vol en avril 1939. Deux exemplaires de présérie furent commandés tandis que le RLM prévoyait une flotte de trente à quarante exemplaires pour l’aéronavale allemande.
Pourtant quelques semaines plus tard, en août, le programme fut chamboulé. Il n’était plus question pour la Kriegsmarine d’acquérir le moindre hydravion école. Les deux Arado Ar 199A0 de présérie avaient été construits et avaient commencé à voler sous les immatriculations civiles D-IFRB et D-ISBC. Ils furent à la va-vite repeints selon un schéma de la Luftwaffe et dotés d’un code tactique. Sauf que l’aviation allemande n’avait nullement besoin d’eux, elle ne possédait pas la doctrine d’emploi d’hydravions d’entraînement basique et intermédiaire. Elle ne procédait qu’à la formation avancé de ses pilotes sur hydravions, le reste du cursus ayant lieu sur avions.
Il y eut alors un flottement de quelques mois qui coïncida avec l’invasion de la Pologne et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui s’en suivit. Finalement les deux Arado Ar 199A0 de présérie furent pris en compte par une unité de recherche et de sauvetage en mer basée en Mer du Nord. Ils furent déployés en Norvège, alors sous occupation des troupes nazies. Et c’est d’ailleurs là que l’un d’entre eux fut abattu par une patrouille de chasseurs monoplaces Mikoyan-Gurevich MiG-3 de l’aviation soviétique. L’hydravion allemand survolait le lac Urd sur l’île de Bjørnøya. Malheureusement pour le pilote de chasse ce type d’avion était totalement inconnu des Alliés et il ne put en être crédité qu’en 1946 une fois les archives militaires allemandes consultées par les autorités soviétiques. Le code tactique NH+AM révéla qu’il s’agissait donc d’un Ar 199A0.
Le deuxième exemplaire poursuivit ses missions de recherches et de sauvetages jusqu’à l’évacuation allemande de cette partie de la Norvège à la fin de l’année 1944. Il semble que finalement cet Ar 199 ait été détruit lors d’un bombardement américain sur le nord de l’Allemagne au début de l’année 1945. Ainsi se terminait la surprenante carrière d’un des hydravions les plus mal connus de la Seconde Guerre mondiale.
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