Véritable spécialiste de l’avion de transport militaire en Union Soviétique, le constructeur Antonov a su développer à peu près tout ce qui peut se faire en la matière. Du monomoteur léger type An-2 au lourd quadriturbopropulseur stratégique comme l’An-22, de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au début du 21ème siècle les machines Antonov se sont toujours illustrées par leur robustesse et leur adaptabilité. Parmi celles-ci, un gros biturbopropulseur assez méconnu en Occident et produit en petit nombre : l’Antonov An-8.
Comme beaucoup de pays l’URSS cherchait au début des années 1950 un remplaçant à l’inégalable Dakota, connu là bas sous sa désignation locale Lisunov Li-2 du nom de l’avionneur qui le construisit sous licence durant la Seconde Guerre mondiale. Après plusieurs possibilités envisagées les dirigeants de l’Aviation du Front se tournèrent vers un biturbopropulseur de grande capacité et chargèrent Antonov de développer cet appareil. Le cahier des charges prévoyait une motorisation au moyen de deux Kuznetsov NK-2.
Dans un premier temps désigné DT-5 (pour Desahnot Tranhsportnyy n°5, transport d’assaut n°5) l’avion fut par la suite renommé An-8 dans la nomenclature du constructeur après que celui ci eut présenté un premier prototype. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute motorisé par deux turbopropulseurs. Disposant d’une porte de chargement arrière et d’une rampe arrière le fuselage possédait des hublots circulaires. Le train d’atterrissage s’escamotait sous l’intrados de celui ci. L’avion possédait un empennage classique sous lequel prenait place l’opérateur de défense de l’appareil servant le double canon mobile de calibre 23mm. Appareil rustique l’An-8 réalisa son premier vol le 11 février 1956.
À cette époque il était supérieur à son équivalent dans l’US Air Force, le Fairchild C-123 Provider propulsé lui par deux moteurs en étoile. Rapidement remarqué par les services de renseignement occidentaux l’An-8 fut identifié sous le nom de nom de code de « Camp » dans la nomenclature du l’OTAN. Rapidement cet avion cargo fut pris en charge par les militaires soviétiques, tandis que le constructeur développait une version de transport régional pour le compte d’Aeroflot. Toutefois cette version ne connut pas de suite, un seul exemplaire fut assemblé mais réservé à du transport postal.
En 1959 Antonov développa une version spécifique pour le transport de carburant et de matériaux dangereux. Désigné An-8T celle ci fut dans un premier temps considéré à tort par l’OTAN comme un ravitailleur en vol. Du fait de cette modification majeure supposée l’An-8T fut désignée Camp-A par les Occidentaux. En réalité l’avion pouvait emporter deux citernes de 5 300 litres de kérosène ou une seule de 5 000 litres pour des dérivés liquides d’acide nitrique et d’azote pour la propulsion des fusées Soyouz.
De ce fait les An-8T étaient fréquemment aperçus aux abords du centre spatial de Baïkonour.
Par la suite Antonov chercha à développer, sans trop de résultats, différentes versions spécifiques de son biturbopropulseur. Entraînement à la navigation, patrouille maritime, recherche et sauvetage, ou encore reconnaissance stratégique furent testés, mais sans véritables débouchés. Chacune de ces versions de l’An-8 ne dépassa rarement l’état de prototype. Toutefois à la fin des années 1960 Antonov assembla au moins deux exemplaires d’une version de reconnaissance en milieu radioactif. Ces appareils furent aperçus lors de la catastrophe nucléaire civile de Tchernobyl. Il est à noter que plusieurs de ces versions spéciales portaient la livrée « civile » de l’Aeroflot.
Outre l’URSS seul l’Angola et le Sri Lanka semblent avoir utilisés quelques Antonov An-8 militaires. Par ailleurs une dizaine d’avions de ce type portèrent des livrées civils non seulement en Union Soviétique mais également en Asie et au Moyen-Orient. Quelques avions militaires volaient durant la Guerre Froide sous celle d’Aeroflot, tout en conservant leur armement défensif. Finalement les derniers exemplaires de ce biturbopropulseur furent arrêtés de vol en Russie en 2004, tandis que la même année l’OACI suspendait le certificat de navigabilité international de l’appareil pour les civils. Au total l’An-8 a été construit entre 150 et 160 exemplaires.
Ressemblant étrangement au Transall franco-allemand l’An-8 se classait en réalité, en matière de taille, entre celui ci et l’actuel Airbus Defense & Space C-295. Quoi qu’il en soit cet avion méconnu de ce côté ci du Rideau de Fer reste comme un des premiers avions de transport à tous faire en URSS, une particularité reprise depuis par un avion son héritier direct l’An-12, un avion produit en nettement plus d’exemplaires. Parmi les quelques Camp visibles aujourd’hui il en existe un au musée de Monino dans la banlieue moscovite.
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