On a souvent coutume de dire que toute l’aviation militaire est née durant la Première Guerre mondiale. Et c’est globalement vrai puisque par exemple la guerre électronique et la patrouille maritime ne sont que des évolutions de la reconnaissance née durant le conflit. L’une des évolutions majeures fut l’apparition des premiers bombardiers, c’est à dire des premiers avions capables de transporter et de larguer des bombes au-dessus du champ de bataille. Et dans cette catégorie c’est indéniablement l’Allemagne qui tira le plus son épingle du jeu grâce à ses bimoteurs de grandes tailles, restés dans l’Histoire sous le nom de Gotha. Pour autant cet avionneur ne pas le seul, loin de là, à concevoir et construire de tels avions outre-Rhin. La preuve en est avec le méconnu Albatros G.III construit en petite série.
Après l’échec du quadrimoteur Albatros G.I, étudié initialement par le bureau d’études OAW, l’avionneur ne baissa pas les bras et entreprit de développer un nouveau bombardier pour le compte de la Luftstreikräft. Les équipes de Robert Thelen reprirent la main sur celles de Hugo Grohmann. Ce dernier fut même rétrogradé simple ingénieur.
Cependant Thelen reconnaissait alors n’avoir pas la moindre idée de comment concevoir un tel avion. Il s’inspira donc en partie des travaux de Grohmann mais en réduisant considérablement les proportions du futur avion. Là où le G.I était animé par quatre Mercedes D.II à six cylindres en ligne de 120 chevaux chacun son nouvel avion n’alignerait que deux Benz Bz.III de même architecture mais d’une puissance unitaire de 150 chevaux. L’idée de l’hélice propulsive fut conservé et Grohmann réussit à convaincre son nouveau patron que l’idée d’un train tricycle était la meilleur. Après tout c’était celle retenue en France par Breguet et Voisin. L’état-major allemand passa commande pour un prototype sous la désignation d’Albatros G.II.
Malheureusement les essais en vol qui débutèrent en février 1916 ne furent pas concluants. L’ingénieur en chef Thelen comprit bien rapidement que l’idée du train quadricycle hérité du tricycle soutenu par Grohmann n’était pas adaptée. De plus le G.II était clairement sous-motorisé. Il décida de reprendre en profondeur le programme et obtint de la Luftstreikräft des fonds pour un nouvel avion. Cette fois la société Albatros n’avait plus droit à l’erreur si elle voulait réaliser un bombardier.
Même s’il conservait le fuselage, la voilure, et l’empennage du G.II le nouvel avion voyait son train modifié. Il adoptait ainsi un train d’atterrissage classique tandis que la motorisation était revue et renforcée. Au Benz Bz.III de 150 chevaux Thelen préféra le Benz Bz.IVa de 220 chevaux. Celui-ci conservait l’architecture à six cylindres en ligne ainsi que l’hélice propulsive. Officiellement désigné Albatros G.III il réalisa son premier vol fin mai 1916.
Et cette fois l’avion suscita l’engouement des généraux allemands qui passèrent une première commande pour trente-cinq machines. Néanmoins le front de l’ouest, celui face aux troupes britanniques et françaises était alors saturé de bombardier. Les AEG G.IV, Friedrichshafen G.II, et Rumpler G.III assuraient le gros des missions. La Luftstreikräft faillit annuler la commande, avant de se reprendre. En septembre 1916 les premiers Albatros G.III arrivaient sur le front de Macédoine. Les avions allemands réalisèrent très rapidement des frappes contre les forces françaises et serbes au-dessus de Monastir et de sa région en renfort des troupes bulgares. La faible visibilité due aux bancs de brouillards n’aida jamais les G.III à ajuster correctement leurs tirs, rendant leur emploi plus que marginal.
Surtout à partir de décembre 1916 les avions furent immobilisés, le froid empêchant les moteurs Bz.IVa de fonctionner correctement. Ils ne purent reprendre leurs vols qu’en mars 1917. Là les Albatros G.III ne furent employés qu’épisodiquement.
Lors de la bataille du Vardar en mai 1917 au moins deux furent perdus, descendus par la DCA française. À l’époque la presse titra sur la destruction de deux Gotha qui se révélèrent donc être des Albatros.
Finalement les autorités allemandes décidèrent de retirer du service les Albatros G.III encore en dotation au mois d’octobre 1917. En treize mois de service actif la flotte était passée de trente-cinq à vingt avions seulement, et jamais la Luftstreikräft ne fut en mesure d’aligner plus de dix de ces bombardiers en même temps. La motorisation fut considérée comme trop fragile. Les troupes allemandes et turques déployées dans la région utilisèrent le bois de ces bombardiers pour se chauffer juste après leur retrait du service.
Seul et unique bombardier Albatros à avoir connu la construction en série et le service actif le G.III n’attira jamais vraiment les flashs des journalistes. De nos jours il ne reste plus rien de ce méconnu bombardier bimoteur.
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