Si la majorité des drones de reconnaissance sont nés durant les années de la guerre froide il en est tout autrement des cibles volantes radioguidées. Beaucoup existaient déjà et volaient durant la Seconde Guerre mondiale, majoritairement dans les forces alliées. Au Royaume-Uni l’une des solutions les plus souvent utilisées fut la transformation d’avions existant déjà, à l’image du Queen Bee conçu par De Havilland à partir de son célèbre biplan d’entraînement DH.82 Tiger Moth. Pourtant quelques avions originaux furent fabriqués en Grande Bretagne à cette époque dont l’un des plus fameux était l’Airspeed AS.30 Queen Wasp.
C’est en 1935 que la Royal Navy demanda à l’Air Ministry d’émettre un cahier des charges visant à la dotation d’un nouveau drone cible destiné à la formation de ses artilleurs anti-aériens. Cela prit la forme de la Specification 32/35. Trois avionneurs y répondirent : Airspeed, Bristol, et Hawker. Si le premier et le troisième proposaient des biplans le deuxième lui avançaient un monoplan. Mais il ne s’agissait pas là des seuls différences. Les machines présentées, à l’état d’étude, par Bristol et Hawker étaient dérivés d’avions existant déjà et transformés en drones. Il s’agissait respectivement du Bristol 148 demeuré sans suite après avoir perdu une compétition face au Westland Lysander et de l’avion de reconnaissance et de coopération Hector. Airspeed de son côté alignait un aéronef totalement nouveau, appelé AS.30 Queen Wasp.
Et de manière assez surprenante c’est celui-ci qui remporta facilement le marché en mai 1936. Deux prototypes furent commandés sous les désignations AS.30 en version terrestre et AS.38 en version hydravion à flotteurs. Les deux machines furent assemblées en même temps.
Afin de le faire ressembler le plus possible à un avion classique les ingénieurs et designers britanniques allèrent jusqu’à lui installé un faux poste de pilotage avec un siège destiné à accueillir un mannequin en chiffons. Le système de guidage du Queen Wasp était par radioguidage. C’est ainsi que la version terrestre vola pour la première fois le 11 juin 1937, suivi le 19 octobre suivant par la version à flotteurs. Ce dernier fut embarqué quelques jours plus tard à bord du navire de transport d’hydravions HMS Pegasus. Mais les résultats ne furent pas probants et la Royal Navy abandonna l’idée d’une version hydravion de son drone cible.
Le principe était alors que ces engins radioguidés devaient pouvoir voler durant une dizaine de missions, et encaisser à chaque fois des tirs d’artillerie avant de pouvoir être aisément envoyés à la casse. Pour cela les Airspeed AS.30 ou Queen Wasp Mk-I étaient de conception assez simple, produits principalement en bois, contreplaqué, et métal. Leur propulsion était assurée par un robuste moteur en étoile Armstrong-Siddeley Cheetah Mk-IX d’une puissance de 350 chevaux qui entraînait une hélice bipale en métal. En version terrestre ce drone cible était doté d’un train d’atterrissage classique fixe possédant des carénages.
Au final seuls quatre Airspeed Queen Wasp Mk-I furent construits en 1938 pour le compte de la Royal Navy et utilisés jusqu’en 1941. Souvent les artilleurs de la DCA navale britannique devaient se limiter à leur tirer dessus avec des sortes de billes de peinture de manière à économiser ces avions très onéreux. En 1939 trois exemplaires supplémentaires furent construits comme AS.50, alias Queen Wasp Mk-II pour les besoins de la Royal Air Force.
La différence profonde entre ces deux types de drones cibles terrestres étaient que ces nouvelles machines ne possédaient pas un revêtement traité contre la corrosion puisque non destinées à voler au-dessus de la mer. La RAF les utilisa entre août 1939 et octobre 1940.
En outre ces machines étaient aptes à être pilotés depuis le cockpit, ce qui alourdissait la masse de l’avion et réduisait d’environ 25% son rayon d’action.
Mais l’émergence de la Seconde Guerre mondiale mit fin aux espoirs d’Airspeed autour d’une commercialisation auprès de la RAF. L’Air Ministry ordonna au constructeur de se focaliser sur le bimoteur léger Oxford et sur l’étude d’un planeur d’assaut qui allait déboucher sur le Horsa.
Ainsi se terminait, fort discrètement, la carrière d’un des plus étonnants drones cibles de tous les temps.
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