Fin 1917, le Ministry of War demanda à Geoffrey de Havilland, alors responsable d’Airco, de lui construire un nouveau bombardier moyen à rayon d’action accru. Car la flotte ne reposait quasiment que sur l’Airco DH.9 monomoteur, un avion au rayon d’action jugé trop court. Pour des raisons d’économie l’avionneur décida de motoriser son nouvel appareil avec le moteur Liberty Mk-12, celui là même qui propulsait alors le DH.9.
Le nouvel avion reçut la désignation de D.H.10, et se présentait sous la forme d’un bimoteur biplan triplace. Ses caractéristiques principales résidaient dans sa construction en bois entoilé. Son train d’atterrissage fixe très particulier, disposant de deux roues principales, d’une roulette de queue, et d’un train de roue avant surélevé placé à l’avant du fuselage pour les opérations au sol. Les nacelles des moteurs étaient fixées sur des pylônes au-dessus du plan inférieur. L’armement se composait de quatre mitrailleuses Vickers de 7.7mm de calibre montées deux par deux sur des affûts mobiles avant et centraux. Sa charge de bombe se limitait à 400kg.Le prototype réalisa son premier vol en mars 1918. Une commande fut immédiatement passée par la RAF pour 1 290 exemplaires de série.
Les premières livraisons d’Airco D.H.10 commencèrent en septembre 1918, et lorsque l’Armistice fut signé le 11 novembre 1918, huit exemplaires seulement étaient en service au sein du Squadron 104. La fin des hostilités amena son lot de résiliations et de réductions de contrats. Le D.H.10 ne fut pas épargné et son contrat fut ramené à 220 exemplaires. En parallèle de cela le constructeur Airco fut dissous et sa raison sociale changée de manière à devenir De Havilland.
En hommage pour l’une des batailles décisives de la Première Guerre Mondiale qui s’y déroula, le D.H.10 fut baptisé du nom de la ville picarde d’Amiens. Les bombardiers de série devinrent Amiens Mk-III, les Mk-I et Mk-II étant limité au seul et unique prototype, avec deux motorisations différentes.Les bombardiers moyens De Havilland Amiens Mk-III furent principalement utilisés pour des patrouilles d’interdiction, en application du Traité de Versailles.
En 1920, la RAF passa commande pour 32 D.H.10 supplémentaires, désarmés pour des missions de fret léger et de courrier sous la désignation d’Amiens Mk-IIIA. Ils furent suivis quelques semaines plus tard par cinq avions supplémentaires propulsés par des Rolls & Royce Eagle de même puissance. Ces avions furent quant à eux désignés Amiens Mk-IV.
Les D.H.10 Amiens de bombardement ne prirent jamais part à aucune opération de combat en Europe, ni à la fin de la guerre, ni après. Toutefois une trentaine de ces appareils furent engagés lors de la guerre anglo-perse en Iran de 1919-1921. Ils menèrent principalement des missions de bombardement diurne, avec un succès limité. En effet les Amiens résistaient mal au climat sec et à l’altitude relative des bases britanniques en Iran.Finalement la RAF retira du service ses Amiens de bombardement en 1924 et ses versions de transport léger l’année suivante.
Le DH.10 Amiens fut peut-être le premier avion construit par le futur avionneur De Havilland, celui là même qui donnera naissance quelques années plus tard au très polyvalent bimoteur militaire Mosquito ou au premier avion de ligne à réaction, le Comet. Mais la conception de cet appareil résulte d’une commande faite auprès d’Airco, dont ce sera l’un des derniers avions produits.
Au total, le D.H.10 Amiens a été produit à 258 exemplaires, prototype compris. Si l’avion ne fut militairement pas exporté, un exemplaire fut vendu en 1921 à l’US Air Mail pour des missions de transport de colis léger à partir de New York City.
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