Lorsque le Président de la République monte à bord d’un avion de transport de l’Armée de l’Air celui-ci prend immédiatement l’indicatif radio de Cotam Unité. Si dans beaucoup de cas ces déplacements se font au moyen de biréacteurs et de triréacteurs tels les Falcon 2000, Falcon 900, et Falcon 7X construits par Dassault Aviation, il ne faut cependant pas sous-estimer le fait que l’aéronef porte-étendard de la flotte présidentielle française est un ancien avion de ligne spécialement transformé pour l’occasion : l’Airbus Military A330-200 Cotam Unité.
C’est le Président de la République Nicolas Sarkozy qui eut l’idée de doter l’Armée de l’Air d’un nouvel avion de transport prioritaire à long rayon d’action. Jusque-là cette mission était dévolue à deux biréacteurs Airbus A319CJ acquis sous la présidence de son prédécesseur. Mais les finances du ministère de la défense ne permettant pas d’acquérir un avion neuf, il fut décidé de rechercher un avion de seconde main. Pour des questions d’image et de prestige le Président de la République devait voler à bord d’un avion de facture européenne, dont conçu et assemblé par Airbus Industries.
Il ne fallut pas longtemps aux militaires français pour sélectionner le biréacteur A330. Il ne restait plus qu’à trouver l’avion idoine. Après avoir examiné plusieurs cas le ministère de la défense proposa l’achat d’un avion de la compagnie française Air Caraïbes et immatriculé à ce moment-là F-OPTP. De la série A330-200 cet avion avait appartenu auparavant au transport helvète Swissair où il volait sous l’immatriculation HB-IQB. Il avait été construit en 1998.
Racheté au début de l’année 2010, il fut envoyé dans des ateliers pour recevoir son équipement d’avion présidentiel. Temporairement immatriculé F-ZWUG le biréacteur portait désormais une livrée étatique.
C’est d’ailleurs sous cette immatriculation qu’il réalisa la totalité de ses vols d’essais, notamment à destination des aéroports français ultramarins.
Il fallut attendre novembre 2010 pour que l’avion entre enfin en service opérationnel sous l’immatriculation définitive de F-RARF (les deux dernières lettres rappelant l’acronyme de République Française) et avec sa livrée tricolore sur fond blanc. Comme tous les avions de transport de hautes personnalités de l’Armée de l’Air l’Airbus A330-200 portait la cocarde sous les ailes.
Rapidement cependant l’avion fit la une des journaux, satiriques notamment. En effet plusieurs médias français l’affublèrent du sobriquet d’Air Sarko One, en référence autant à celui qui occupait alors la magistrature suprême française qu’en l’avion du président américain codé Air Force One. Pourtant dans l’ombre l’A330 Cotam Unité remplissait ses missions, transportant le Chef de l’État partout où il devait aller.
En mai 2012 lorsque Nicolas Sarkozy quitta l’Élysée c’est son successeur François Hollande qui devint le passager de marque de l’Airbus A330-200. Contrairement à ce qu’une certaine presse avait alors tenté de faire croire ce dernier ne chercha nullement à abandonner cet avion. Il ne s’agissait en effet pas de l’ancien avion de Nicolas Sarkozy pas plus que celui de François Hollande, mais bel et bien d’un moyen de l’Armée de l’Air mis à la disposition de la Présidence de la République.
Désormais l’avion présidentiel avait un rôle secondaire : il allait permettre de rapatrier sur le sol français les ex-otages libérés un peu partout dans le monde par la diplomatie. En cette période de réduction des dépenses étatiques il s’agissait aussi de trouver un rôle plus médiatique à l’Airbus A330 Cotam Unité.
Il faut dire que jusqu’à ce que des médias grands publics ne soient invités à son bord en octobre 2012 le biréacteur était un véritable sujet de suppositions et d’on-dit.
Si extérieurement rien, ou presque, hormis sa livrée ne trahit sa fonction première c’est à l’intérieur qu’il faut chercher les différences avec un avion de ligne lambda. Aménagé pour transporter entre 60 et 90 passagers il dispose d’une suite complète pour le Président de la République mais aussi d’une salle de conférence, et d’un poste médical avancé. Mais surtout à l’instar du Boeing VC-25A américain l’Airbus A330-200 est aménagé afin de recevoir tout le personnel affecté au soutien opérationnel et à la protection du Chef de l’État : des conseillers diplomatiques et politiques, aux militaires de son état-major, en passant bien sûr par les policiers et gendarmes d’élite du groupement de sécurité de la présidence de la république, ou encore le médecin affecté auprès du président.
Au sein de l’Armée de l’Air il est employé par l’Escadron de Transport, d’Entraînement, et de Calibration encore parfois appelé (à tort) GLAM par les plus anciens. S’il est le plus imposant aéronef de cette unité, il n’est pas le plus avion de transport français, la palme revenant aux Airbus A340 TLRA.
Cet Airbus Military A330-200 Cotam Unité est donc bel et bien un avion militaire. Sa fonction première a nécessité l’emploi de matériels de défense notamment de leurres antimissiles. Cependant la majorité des informations les concernant est encore d’accès restreint. Le retrait du service d’un tel avion n’est pas attendu avant au moins 2025 ou 2030, d’autant plus que la France a fait le choix de l’A330MRTT pour son ravitaillement en vol. Une proximité qui permettra de conserver les capacité de l’avion présidentiel.
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