Développer un hélicoptère militaire pour un seul et unique client, aussi puissant soit t-il est toujours un pari très risqué. C’est pourtant celui que prit feu l’hélicoptériste franco-allemand Eurocopter en concevant entre 1996 et 2000 le biturbine EC 725 Caracal pour les seuls besoins de la France. Hormis deux ventes étrangères d’estime, à la Malaisie et au Mexique, l’hélicoptère restait attaché à son image de produit estampillé purement français.
C’est pour cela que lors de la mutation d’Eurocopter en Airbus Helicopters il fut décidé de donner en 2015 une seconde jeunesse à cette machine sous la forme de l’actuel H225M.
Là encore le pari était risqué. Et les équipes tant allemandes que françaises d’Airbus Helicopters le savaient. En premier lieu il fallait gommer ce patronyme de Caracal qui rappelait à coup sûr l’Armée de l’Air mais aussi l’Aviation Légère de l’Armée de Terre.
Ensuite le groupe Airbus s’assura que son H225M était capable d’affronter les mastodontes du marché comme le Mil Mi-17 Hip-H russe ou encore le Sikorsky UH-60 Blackhawk américain. L’hélicoptère européen avait pour lui sa (relative) jeunesse vis-à-vis de ces deux appareils déjà anciens. Enfin il fallait trouver le plus possible de clients à l’étranger, quitte même à aller bousculer certains concurrents et leur arracher des marchés.
En Amérique du sud Airbus Helicopters possède une filiale, issue en fait de feue l’Aérospatiale française : Helibras. Jusque là cette société brésilienne s’était spécialisée dans l’assemblage local d’hélicoptères comme le monoturbine AS.350B Écureuil ou le biturbine AS.532 Cougar. Elle allait elle-aussi se mettre à l’heure du H225M. Airbus Helicopters comptait bien fournir son appareil de classe 11 tonnes aux forces brésiliennes. Pour cela l’industriel européen mit en avant le fait qu’il était apte aussi bien aux missions de transport d’assaut qu’aux opérations spéciales ou encore au combat maritime. Dans ce troisième cas le H225M était qualifié pour l’emport et le tir de deux missiles anti-navires AM-39 Exocet Mod.2.
Désormais donc Airbus Helicopters entrevoyait une possibilité que son hélicoptère devienne un succès à l’export. Il n’avait qu’un seul véritable ennemi : lui-même. Hautement technologique, disposant d’équipements onéreux comme le module HForce d’appui aérien tactique le H225M était alors globalement 10 à 15% plus cher à l’unité que ses concurrents américains et russes. L’hélicoptériste européen devait donc viser les clients les plus fortunés, ceux-là même qui étaient les moins regardant quant au coût des acquisitions.
L’un des premiers clients exports du H225M fut le Koweït qui passa commande en août 2016 pour trente machines dont six destinées à sa garde nationale. Ces appareils étaient notamment gréés pour l’emport du missile Exocet.
En novembre de la même année Singapour annonçait commander quinze de ces machines pour des missions de transport d’assaut et de recherches-sauvetages au combat et/ou en mer. Les futurs H225M singapouriens étaient destinés à partiellement remplacer les Aérospatiale AS.332L Super Puma en service depuis la fin des années 1980.
À Noël 2016 le pari d’Airbus Helicopters semblait gagnant.
L’année 2018 vit la première commande européenne de l’hélicoptère, en dehors de la France. La petite force aérienne hongroise fit le choix du H225M équipé HForce afin de remplacer ses vieux Mil Mi-17 Hip-H et Mi-24 Hind hérités de l’ère communiste. Seize machines furent commandées en fin d’année. Quelques mois plus tôt la flotte mondiale d’EC725 / H225M avait franchi un cap symbolique : 100 000 heures de vols ! Un véritable argument de choc pour les commerciaux franco-allemands.
La crise pandémique du Covid-19 a proprement ralenti l’activité industrielle planétaire. Airbus Helicopters n’a pas été épargnée. Pourtant en marge du plan de relance économique voulu par la France le H225M a su tirer son épingle du jeu. Huit machines furent annoncées en 2020 et commandées l’année suivante. Bien que ce nom ne soit théoriquement plus d’actualité ils seront baptisés Caracal au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace où ils permettront le remplacement des vénérables Aérospatiale SA.330B Puma.
Après tout ça reste dans la famille.
Outre la France le grand utilisateur de l’Airbus Helicopters H225M est désormais le Brésil qui en met en œuvre aussi bien dans la force aérienne que la force terrestre ou l’aéronavale. Au sein de cette dernière les hélicoptères européens assurent des missions anti-navire.
Tous les H225M brésiliens sont assemblés chez Helibras !
Outre les pays précités des Airbus Helicopters H225M ont été commandés par l’Indonésie, le Kazakhstan, la Tanzanie, et la Thaïlande. Dernier client en date les Émirats Arabes Unis en ont acquis douze en décembre 2021 en plus de quatre-vingt avions de combat biréacteurs Dassault Aviation Rafale F4.
Avec sa catégorie des 11 tonnes l’Airbus Helicopters H225M se classe clairement entre le Sikorsky UH-60 Blackhawk américain et l’Agusta-Westland AW.101 Merlin européen. En fait un de ses principaux concurrents est lui aussi produit par Airbus Helicopters : le NHIndustries NH-90 Caïman européen. Malgré tout le H225M demeure un des principaux appareils de sa catégorie en ce premier quart de 21e siècle.
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