Longtemps resté cantonné au seul et unique Bell 214ST Big Lifter américain le marché des hélicoptères civils et parapubliques dits «super médiums» a littéralement explosé entre la fin des années 2000 et le début des années 2010 grâce à des productions américaines et européennes. L’intérêt de celui-ci est de proposer aux compagnies aériennes et aux utilisateurs privés des appareils habituellement réservés aux forces armées sans pour autant avoir à acquérir des machines démilitarisées. L’autre gros avantage des «super médiums» c’est leur flexibilité d’emploi dans les fonctions dites parapubliques avec en premier lieu la recherche et le sauvetage en mer, que ce soit le long du littoral autant qu’en zone hauturière. L’un des appareils aujourd’hui les plus efficaces sur ce segment de marché est l’Agusta-Westland AW.189.
C’est comme souvent lors d’un salon aéronautique que l’hélicoptère a été révélé. Et pour son AW.189 le constructeur (alors) anglo-italien Agusta-Westland avait choisi Le Bourget en juin 2011. Il y était présenté sous la forme d’une maquette à l’échelle 1, ce que l’on appelle un mock-up. Et clairement ce qui frappait les visiteurs professionnels autant que les aérophiles et les curieux c’était sa ressemblance frappante avec les AW.139 et AW.149.
Et pour cause puisque l’Agusta-Westland AW.189 n’est ni plus ni moins qu’une évolution civile et parapublique de l’AW.149. Il a été conçu afin de répondre aux attentes des compagnies spécialisées dans le transport vers les plateformes de forage gazier et pétrolier en haute mer ou encore pour celles assurant des dessertes court-courriers dans des zones où les avions ne peuvent se poser. Clairement l’hélicoptériste anglo-italien visait des marchés avec la compagnie aérienne Bristow Helicopter, présentant son nouvel appareil comme intermédiaire entre les Agusta-Westland AW.109 Power et Eurocopter AS.365 Dauphin 2 d’un côté et les Eurocopter EC-225 Super Puma Mk-2 et Sikorsky S-92 Superhawk de l’autre. Si la démarche de ce constructeur était intéressante elle n’avait rien de très innovante puisqu’elle suivait celle d’Eurocopter autour de son tout nouvel EC-175.
D’ailleurs lors de la présentation en juin 2011 du mock-up AW.189 l’EC-175 avait volé depuis déjà un an et demi. Les équipes d’Agusta-Westland durent attendre le 21 décembre 2011 pour qu’enfin leur nouvel hélicoptère puisse réaliser son premier vol. Par rapport à l’AW.149 dont il était issu il abandonnait les turbines franco-britanniques Rolls-Royce Turbomeca RTM322 au profit de General Electric CT7-2E1 d’origine américaine. Légèrement moins puissantes celles-ci se révélèrent surtout plus économiques et nettement plus silencieuses.
Intégrant des technologies totalement absentes alors de l’hélicoptère militaire comme les deux boites noires (enregistreur des voix du cockpit et enregistreur des données de vol) mais aussi un cockpit tout écran doté d’un ergonomie accrue ou encore un système anticollision TCAS de deuxième génération l’AW.189 se présentait comme une machine civile de haut niveau. Pour ses futures missions parapubliques l’hélicoptériste l’équipa de série d’un FLIR, d’un radar météo, d’un phare de recherches, et d’un treuil mécanique. Son aménagement intérieur en tant qu’hélicoptère civil lui permettait d’accueillir de huit à dix-neuf passagers entre le transport d’affaire et le transport off-shore. Gréé en hélicoptère de recherche et de sauvetage en mer deux plongeurs et jusqu’à six rescapés.
C’est en février 2014 que l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne certifia l’hélicoptère, lui permettant ainsi de débuter sa carrière dans l’espace de l’UE. Américains et Russes l’imitèrent respectivement en mars et août 2015. Et très rapidement c’est en effet Bristow Helicopter mais aussi des compagnies aériennes comme CHC Helicopter en Australie et Gulf Airways au Qatar qui passèrent commande pour l’Agusta-Westland AW.189. Non seulement cet appareil se vendait bien mais il réussissait même à damer le pion à feu l’Eurocopter EC-175 désormais connu comme Airbus Helicopters H175. Alors que l’United Arab Emirats Air Force acheta un unique exemplaire dédié à des évacuations sanitaires pour les membres des familles royales les forces aériennes boudèrent l’AW.189 trop marqué civil.
Pour autant dès 2018 les HM Coastguard, les gardes côtes britanniques, firent de l’Agusta-Westland AW.189 leur machine de référence. Avec leur fameuse livrée rouge et blanche ils sillonnaient les côtes de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord afin de sauver marins en perditions et plaisanciers égarées. La Kustwacht, la garde côtière néerlandaise à son tour en fit l’acquisition en 2020 pour des missions identiques, y compris dans l’arc caribéen. Et en 2024 c’est la Garda Cósta na hÉireann, la garde côtière irlandaise qui a son tour a cédé aux sirènes de l’AW.189, faisant de cette machine la référence européenne du sauvetage en mer non militaire. On retrouve aussi de telles machines dans des unités de lutte anti incendies en Corée du Sud, au Japon, ou encore en Malaisie où les capacités de levages et de transport sanitaire de l’appareil sont très appréciées.
Á l’été 2024 la société Leonardo, maison-mère d’Agusta-Westland, était en pourparlers avec des unités de gardes côtes comme le Corpo delle Capitanerie di porto – Guardia costiera italien qui cherche à remplacer ses derniers Agusta-Bell AB-412HP ou comme la Kustbevakningen suédoise qui ne possède actuellement aucun hélicoptère mais cherche à en acquérir afin de renforcer ses avions bimoteurs de reconnaissance. Sur le marché civil des «super médiums» l’AW.189 doit désormais compter sur le Bell 525 Relentless en plus de l’Airbus Helicopters H175. Le TAI T625 Gökbey turc entend lui aussi venir les concurrencer.
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