En ce début de vingt-et-unième siècle le marché des hélicoptères militaires et parapubliques est tenu par une petit poignée de constructeurs différents répartis principalement entre les États-Unis, l’Europe, et la Russie. Sur le vieux continent en fait il se résume bien souvent à un affrontement entre les groupes Airbus et Leonardo au travers de leurs deux hélicoptéristes respectifs Airbus Helicopers et Agusta-Westland. Souvent considéré comme le petit Poucet de la bande ce dernier a pourtant réussi plusieurs fois à l’emporter sur ses concurrents. Malgré cela il possède dans son catalogue un hélicoptère dont la carrière est encore difficile à cerner : l’Agusta-Westland AW.119 Koala.
Après le succès incontestable de son A.109 Hirundo l’hélicoptériste italien Agusta décide au début des années 1990 de lancer le développement d’un appareil similaire destiné prioritairement aux marchés civils et parapubliques. Il ne s’agit alors bien sûr pas de remplacer cet hélicoptère mais de venir renforcer l’offre commerciale. Les responsables de l’industriel choisissent de nommer cette future machine A.119 et de lui donner le nom de baptême de Koala.
À peine l’annonce du développement de cet Agusta A.119 Koala est-elle faite qu’une erreur majeure va être commise par nombre de médias à son encontre, et notamment spécialisés. Beaucoup le présentent alors (à tort) comme un développement rallongé de l’A.109. Leur méprise est compréhensible puisqu’à la fin des années 1970 Agusta tenta de proposer une telle version de son A.109 et désignée A.119 mais qui cependant ne dépassa jamais le stade de la planche à dessins.
Non cet A.119 là est bel et bien un hélicoptère neuf. Même s’il reprend ça et là quelques codes architecturaux propres à Agusta et issus du design de l’A.109. Les travaux d’ingénierie se font assez rapidement puisque le premier prototype est présenté en novembre 1994 et réalisa son vol inaugural en février 1995. Aussitôt une campagne d’essais est lancée, sous l’égide du gouvernement italien.
Extérieurement le nouvel hélicoptère n’a rien de révolutionnaire. C’est un monoturbine propulsé par une Turboméca Arriel 2K1 de facture française d’une puissance de 800 chevaux et entraînant un rotor quadripale en métal. Sa cabine a été dessiné pour accueillir entre cinq et six passagers en plus des deux membres d’équipage qui prennent place dans le poste de pilotage biplace côte à côte. Le train d’atterrissage rétractable de l’A.109 est ici remplacé par un plus classique à patins. Ce premier prototype reçoit l’immatriculation civile de I-KOAL reprenant ainsi en partie son patronyme.
Cette campagne d’essais en vol démontre une sous-motorisation flagrante et il est alors décidé de construire un second prototype immatricula I-KNOT et équipé d’une turbine canadienne Pratt & Whitney Canada PT6B-37A d’une puissance de 1016 chevaux. Du fait de cet accroissement de la puissance les réservoirs de carburant sont redessinés et agrandis d’environ 25%. Et désormais l’Agusta A.119 Koala vole correctement. Sa certification aérienne intervient en décembre 1999 et sa commercialisation débute quelques semaines plus tard.
Malgré cela l’Agusta A.119 Koala a du mal à trouver sa clientèle. Il arrive sur un segment hyper compétitif avec en face de lui les deux poids lourds que sont le Bell 206L et l’Eurocopter AS.350B Écureuil. Autant dire que son succès commercial n’est pas assuré à l’époque. Et c’est dans cette situation que l’hélicoptère va changer de désignation. En effet en 2000 les hélicoptéristes britanniques Westland et italiens Agusta fusionnent pour devenir le groupe Agusta-Westland et du coup l’A.119 devient AW.119 sans cependant changer de nom.
C’est aussi à cette époque que l’industriel essuie son premier gros revers avec l’AW.119 Koala. En effet Agusta-Westland envisage à cette époque de placer son nouvel hélicoptère auprès des carabiniers (l’équivalent italien de nos gendarmes français) lors du retrait du service de leurs trois derniers Nardi NH-500. Cependant ce corps choisit finalement l’AW.109N, une évolution modernisée de l’Hirundo.
En 2004 voyant que la carrière commerciale du Koala continue de peiner les responsables décident de proposer une sous-version améliorée et désignée AW.119Ke avec un rayon d’action accru, un rotor et des patins d’atterrissage redessinés, et une cabine plus modulable. Et là le succès commence à pointer son nez, notamment sur le marché des hélicoptères d’évacuation sanitaire et de surveillance urbaine.
Quatre exemplaires sont immédiatement vendus au ministère finlandais de la défense qui les affecte au Rajavartiolaitos, le service des garde-frontières. Ils sont notamment chargés de surveiller les limites entre la Finlande et la Russie. Dans le même temps des services de police en Bosnie-Herzégovine, au Brésil, en Corée du Sud, aux États-Unis, en Lettonie, et au Mexique font le choix de l’Agusta-Westland AW.119Ke Koala. Dans le même temps plusieurs pays dont l’Afrique du sud, l’Australie, et là encore les États-Unis achètent l’appareil pour l’évacuation sanitaire.
En fait c’est vraiment sur le marché militaire que le Koala ne réussit pas à trouver son marché. Commandé ni par l’Italie ni par le Royaume-Uni l’hélicoptère rencontre de vrais difficultés dans ce segment. Seuls les forces aériennes d’Algérie et du Bangladesh ont récemment fait le choix de cet appareil, pour des missions de liaisons et d’entraînement.
Il est également à noter que la police militaire brésilienne possède trois exemplaires en soutien à ses forces spéciales. Enfin en 2016 l’hélicoptériste a proposé une version embarquée d’entraînement et de liaisons sous la désignation de TH-119 afin de répondre à un programme de l’US Navy.
Début 2018 la production de l’Agusta-Westland AW.119 Koala a péniblement dépassé le stade de 230 exemplaires, malgré l’apparition en 2013 d’une version rénovée désignée AW.119Kx et dotée d’un cockpit ultramoderne.
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