Née en 2000 de la fusion des deux constructeurs éponymes, le groupe Agusta-Westland est désormais le deuxième hélicoptériste européen derrière Eurocopter. Essayant à tout prix de grappiller des parts de marché, tant au niveau civil que militaire, à leur concurrent franco-allemand, les ingénieurs anglo-italiens disposent d’une arme secrète, capable de faire de l’ombre aux meilleurs hélicoptères moyens et lourds dans le monde : l’AW.101 Merlin.
Les origines de ce programme remontent en fait assez loin. En 1974, la Royal Air Force et la Royal Navy émirent ensemble un cahier des charges visant au remplacement sous dix ans des Westland Sea King alors dans leurs rangs. Westland releva le défi avec un programme désigné WG-34. Il s’agissait en fait d’un appareil directement dérivé de son hélicoptère civil WG-30 alors en cours de développement. En 1980, Agusta rejoignit le programme, avec comme objectif le remplacement des Agusta-Sikorsky AS-61 en service en Italie. Un partenariat fut même un temps envisagé avec la France et Aérospatiale. La cahier des charges prévoyait à la fois une version de transport de troupes et une version à caractère naval, destinée aussi bien aux missions de recherches et de sauvetage qu’à la lutte anti-sous-marine. Les deux constructeurs fondèrent alors le consortium EHI (pour Elicoterri Helicopter Industries) tandis que le futur appareil prenait la désignation d’EH-101.
Pour des raisons purement politiques les équipes d’EHI ne commencèrent réellement à travailler ensemble que dès 1984. L’année suivante une étonnante maquette était présenté au public lors du Salon du Bourget. En fait les industriels italiens avaient pris le pas sur leurs collègues britanniques, et c’était désormais eux qui dirigeaient le programme EH-101.
C’est pourtant du Royaume-Uni que survint le 9 octobre 1987 le premier vol du premier prototype de l’appareil. Il portait la désignation d’EH-101 PP1. Néanmoins à cette époque l’appareil n’avait toujours pas été commandé en série.
Il fallut en fait attendre 1993 pour enregistrer les premières véritables commandes britanniques et italiennes. Mais la RAF avait modifié sa demande, il s’agissait également alors de prévoir le remplacement prochain des Westland Puma HC-1.
Cette même année 1993 fut marquée par la première commande d’une série d’EH-101 à l’export. Le Canada cherchait lui aussi à remplacer ses Sea King, mais également ses Boeing Vertol CH-113 Labrador. En fait il s’agissait de confirmer une commande initialement passée en 1987, mais bloquée localement là encore pour des raisons politiques. Les premiers EH-101 canadiens entrèrent en service en 2001 sous la désignation de CH-149 Cormorant. Quinze appareils seulement furent livrés, le Canada ayant entre temps découvert un hélicoptère américain bien plus adapté à ses besoins, le Sikorsky CH-148 Cyclone.
Au Royaume Uni ce furent une grosse soixantaine d’hélicoptères de ce type qui furent commandés pour les besoins de la Royal Air Force et de la Royal Navy. Premier hélicoptère mû par trois turbines à entrer localement en service l’EH-101 y reçut la désignation de Merlin. Ce nom fut conservé par le constructeur pour les clients suivants.
En Italie les EH-101 n’ont été livré qu’à la marine, principalement pour des missions de sauvetage en mer. En effet la lutte anti-sous-marine est la mission prioritaire des NH-90 italiens.
Appareil réussi l’EH-101 subit toutefois un revers majeur en Amérique. Là encore il s’agissait de remplacer des Sea King, mais pas n’importe lesquels, les VH-3D de l’US Marines Corps chargés du transport du Président des Etats-Unis. Connu sous le nom de programme VXX celui ci concernait sept appareil, mais un prestige important pour le vainqueur. En 1999 EHI s’allia à Lockheed-Martin pour proposer l’appareil sous la désignation de VH-71 Kestrel. Ce nom n’avait pas été choisi au hasard, il faisait référence au prototype britannique Hawker-Siddeley P.1127, qui avait préfiguré le Harrier utilisé par les Marines. Finalement le VH-71 fut rejeté en 2007, après avoir été un temps annoncé comme sélectionné par le Pentagone. Agusta-Westland, qui avait entre temps repris intégralement l’activité d’EHI, avait même prévu des versions du Merlin adaptées à chaque armes américaines.
Outre les pays précités le Merlin vole sous les cocardes suivantes : Algérie, Arabie-Saoudite, Danemark, Inde, Japon, Portugal, et Turkménistan.
Premier hélicoptère à trois turbines construit en Europe depuis le Super Frelon le Merlin est désigné AW.101 depuis 2008. C’est donc désormais sous cette désignation qu’il est connu. Pour beaucoup cet appareil reste un outsider dangereux pour le Cougar, et plus gênant encore pour le NH-90, un appareil sur lequel Agusta-Westland est engagé auprès d’Eurocopter. Quelques Merlin sont désormais aussi vendus sur les marchés civils et parapublique, la police de Tokyo notamment en a fait l’acquisition.
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