Véritable symbole de l’engagement américain au Vietnam, au même titre que le fusil d’assaut M16, l’hélicoptère de transport d’assaut Bell UH-1H Iroquois est rapidement entré dans la légende des airs. Mondialement connu comme Huey, contraction phonétique de Universal Helicopter, cette machine a su essaimer sur tous les continents aux fil des ans. Pour autant tous ne furent pas fabriqués aux États-Unis. En effet l’Italie a su trouver sa place grâce à l’accord industriel né entre Agusta et Bell sur le Model 47. Le résultat fut le développement de l’Agusta-Bell AB-205.
Quand début 1963 Agusta négocie avec Bell une extension de l’accord industriel, celui-ci concerne le Bell 205A-1 c’est à dire la version connu comme UH-1H dans l’US Army. Le constructeur italien ne s’intéresse pas au Bell 205A, version constructeur de l’UH-1D. Ses responsables le pense trop proche de leur Agusta-Bell AB-204. Surtout les militaires italiens, au travers de l’Aeronautica Militare et de l’Aviazione dell’Esercito veulent ce Bell 205A-1. L’Agusta-Bell AB-205 vient de naître. Il vole pour la première fois en octobre 1963 à partir d’éléments fournis par les États-Unis.
Comme ils l’avaient déjà fait avec l’AB-204 les ingénieurs italiens entendent remotoriser l’AB-205 estimant la turbine Lycoming T53-L-13 de 1400 chevaux pas aussi fiable que celles proposées en Europe. Des essais sont ainsi menés, en statique autant qu’en vol. Les premiers concernent la Rolls-Royce Gnome H1200 britannique de 1550 chevaux, celle équipant alors le Westland Wessex. Les seconds tournent autour de la Turboméca Astazou IIIN française de 592 chevaux que les ingénieurs transalpins ont alors l’idée de coupler. Même si dans les deux cas les résultats sont là, ils sont probants, Agusta n’est pas autorisé à aller plus loin. En effet ses travaux autour de l’option Astazou risquent de faire de l’ombre au Bell 208 alors en développement outre-Atlantique visant à construire une version biturbine du Huey.
Conscient de l’intérêt qu’il peut tirer de l’accord avec Agusta l’hélicoptériste Bell l’autorise à vendre ses machines dans toute l’Europe, mais même au-delà. Il faut dire que ses chaînes d’assemblage tournent déjà alors plein pot pour les forces américaines et le Canada. Le Moyen-Orient lui est d’ailleurs octroyé, dont la très stratégique Iran impériale.
Pour autant les premiers contrats signés par Agusta le sont avec des pays européens. Outre logiquement l’Italie ce sont l’Espagne et la Grèce qui débloquent le compteur des ventes. Et avec l’AB-205 le Huey apprend à s’inviter en Afrique au travers du Maroc, de la Tunisie, et de la Zambie. Dans la seconde moitié des années 1960 et la première de la décennie suivante c’est un exploit quand on sait que les Aérospatiale SA.330B Puma français et Mil Mi-8 Hip soviétiques monopolisent littéralement le marché. Agusta casse cela. Mais c’est véritablement en Asie Mineure et plus particulièrement au Moyen Orient que l’hélicoptère italien va marquer son époque. Arabie Saoudite, Iran, Oman, et Turquie achètent la machine et la mettent en œuvre.
À l’instar de l’AB-204 avant lui l’Agusta-Bell AB-205 réussit le coup de se vendre aussi auprès des clients civils et parapubliques, sans doute un peu moins que son prédécesseur cependant. En Italie le Corpo forestale dello Stato et l’Arma dei Carabinieri sont les premiers à en acheter dès la fin des années 1960. En 1974 c’est le Vigili del Fuoco qui achète l’AB-205 dans une version d’évacuation sanitaire et de recherches et sauvetages en montagne.
Contrairement à son prédécesseur l’Agusta-Bell AB-205 vole encore largement en 2024. Trente-huit exemplaires sont toujours utilisés par l’Aviazione dell’Esercito, même si leur remplacement est à l’ordre du jour au profit de l’Agusta-Westland AW.169/AW.169M. Il faut savoir que l’Albanie utilise de son côté des exemplaires acquis de seconde main auprès de l’Aeronautica Militare. Parmi les AB-205 préservés dans le monde on en retrouve un aux couleurs de l’Ejercito del Aire au Museo del Aire de Madrid et un à celles de l’Aviazione dell’Esercito au Muséo del Aviazione de Rimini.
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