Quand en Europe on aborde le cas des hélicoptères de combat le premier appareil qui vient à l’idée est bien souvent l’Eurocopter EC-665 Tigre franco-allemand. Il faut dire que c’est quantitativement l’hélicoptère d’attaque et de lutte antichar contemporain le plus important avec des machines en services dans les armées allemandes, espagnoles, et françaises. Et pourtant, il ne s’agit pas du premier appareil opérationnel conçu sur le vieux continent. Cette palme revient à une machine qui lui ressemble étrangement, mais en légèrement plus petite : le biturbine Agusta A-129 Mangusta italien.
Bien avant qu’Allemands et Français aient dans l’idée de concevoir un hélicoptère d’attaque et de lutte antichar, les Italiens y avaient pensé. C’est en février 1973 que les premières études préliminaires furent lancées, sur fonds propres, par Agusta afin de proposer aux forces italiennes un aéronef similaire au Bell AH-1G Cobra américain.
En 1980 les premiers travaux envisageaient d’équiper cette future machine de la turbine américaine Lycoming LTS101, qui évoluait alors sur la majorité des Bell 222. Néanmoins une solution alternative fut apporté par l’hélicoptériste britannique Westland avec qui Agusta œuvrait (déjà) pour la conception de cet appareil. L’idée des Britanniques était de construire sous licence cette machine pour les besoins de l’Army Air Corps. Cette solution passait par la turbine Rolls & Royce Gem Mk-2. Celle-ci équipait alors l’hélicoptère multirôle Lynx, aussi bien dans sa version navale que terrestre. C’est à ce moment, en 1980, que l’hélicoptère italien reçut sa désignation d’A-129 Mangusta.
En fait pour des raisons purement économiques les ingénieurs d’Agusta eurent recours à de nombreux éléments prélevés sur un autre appareil-maison, l’A-109 Hirundo, alors en plein boom commercial.
L’assemblage du prototype de l’Agusta A-129 Mangusta débuta en février 1983. Extérieurement cet appareil se présentait sous la forme d’un biplace en tandem, doté d’un rotor principal quadripale et d’un rotor anticouple bipale. Il était doté d’un train d’atterrissage classique fixe et de deux moignons d’ailes pour l’emport des armes. À la différence des hélicoptères de son époque le Mangusta ne disposait d’aucun canon-mitrailleur dans le nez. C’est dans cette configuration que le premier vol intervint le 11 septembre 1983.
L’hélicoptère n’intéressa pas immédiatement l’armée italienne qui lui reprochait plusieurs points, et notamment l’impossibilité pour lui d’opérer depuis un navire de guerre ou de soutien. Mais finalement en 1986 l’état-major italien reçut des pressions insistantes pour acquérir le Mangusta. Soixante hélicoptères furent commandés. Dans le même temps Westland se désolidarisa du projet, l’Army Air Corps ayant renoncée à acquérir l’appareil italien.
Les premières livraisons en unités intervinrent entre mars 1989 et février 1990. En mai de cette même année une première escadrille de quinze A-129 Mangusta fut déclarée opérationnelle. Cependant à Rome certains craignaient déjà qu’ils soient obsolètes de par la disparition de la menace soviétique. L’Italie n’avait plus besoin d’un tueur de chars. Il fut alors décidé de modifier l’armement en le dotant d’un canon M197 d’origine américaine, une arme type Gatling de calibre 20mm.
Du fait de cet ajout il fallait désormais revoir en profondeur la structure du Mangusta. Les deux rotors furent modifiés, le train d’atterrissage renforcé, et l’avionique rajeunie. Dans le même temps l’hélicopteriste se rapprocha de Westland afin de fusionner. Les premiers exemplaires de ce second lot d’A-129 n’arrivèrent pas en unité avant 1997.
Le premier déploiement opérationnel d’Agusta A-129 Mangusta intervint en 1999 quand huit appareils furent envoyés en Macédoine afin d’assurer la protection des forces de l’ONU chargés de faire respecter les accords de paix sur l’ex-Yougoslavie. Mais il fallut attendre 2004 pour qu’un premier Mangusta réalise un tir en condition de combat. C’était en Irak, où l’Italie appuyait l’invasion américaine du pays et le renversement de la dictature baasiste. Ce tir concernait des roquettes contre une position peu fortifiée ennemie.
La même année un détachement de six A-129 fut envoyé en Afghanistan dans des missions de traque des combattants talibans et des terroristes d’Al-Qaïda. C’est lors de ce conflit qu’un premier missile antichar Tow fut tiré par un hélicoptère italien, contre une colonne de 4×4 ennemis.
En 2003 Agusta-Westland lança le Mangusta, désormais nommé AW-129, dans une compétition visant à doter la Turquie d’un nouvel hélicoptère de combat AH-1G Cobra achetés de seconde main dans les années 1980 auprès de l’US Army. L’année suivante un accord fut passé, au terme duquel l’hélicoptériste européen accordait un large transfert de technologie à l’avionneur local TAI.
Dans ce pays l’AW-129 Mangusta est désigné T129. A l’instar de l’Italie, la Turquie passa commande pour soixante appareils, dont l’assemblage final se fait non loin d’Ankara dans une usine TAI. Les premier T129 sont entrés en service en juillet 2014. À l’été 2015 au moins trois d’entre-eux ont été employé dans des opérations frontalières contre des poches de combat de l’organisation Daech basée en Syrie. D’autres ont été lancés contre la résistance kurde.
S’il n’a pas l’aura internationale du Tigre franco-allemand, l’A-129 Mangusta italien n’en demeure pas moins le tout premier hélicoptère de combat moderne conçu en Europe occidentale. Fin 2015 des pistes existaient encore pour l’exportation de cet hélicoptère.
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