À tort on imagine souvent que l’industrie aéronautique brésilienne des 50 dernières années se résume à la seule société Embraer. C’est une grave erreur. Ce pays d’Amérique du sud a su disposer de plusieurs entreprises dans le secteur tel Neiva connue pour son avion d’observation et de liaisons U-42 Regente ou encore Helibras qui construisit localement les voilures tournantes d’Aérospatiale puis d’Eurocopter. L’un des constructeurs les moins connus de ce pays fut Aerotec surtout connu pour un petit avion de formation initiale particulièrement bien pensé : l’A-122 Uirapuru.
Quand elle fut montée en 1962 la société Aerotec visait à produire des avions d’entraînement de facture nationale pour les besoins de la Força Aérea Brasileira. L’idée était alors de trouver un successeur aux excellents Fokker T-21 de facture néerlandaise. Ces monomoteurs légers étaient alors les principaux avions de formation basique au Brésil. La force aérienne locale utilisait également un certain nombre de Fokker T-22 sensiblement différents qu’il allait là encore falloir remplacer.
Plutôt que de devoir importer un avion de fabrication étrangère le Brésil préférait acquérir un avion produit localement. C’est dans ces conditions que le constructeur Aerotec lança le développement du A-122 Uirapuru. Les ingénieurs qui travaillèrent dessus avaient pour beaucoup été formés en Allemagne de l’Ouest en France. Le chef ingénieur notamment avait été un des adjoints du célèbre Yves Gardan avec qui il avait travaillé sur l’avion de tourisme GY.80 Horizon. L’esthétique du futur avion allait s’en faire ressentir.
Dès les premières ébauches la ressemblance entre le Gardan GY.80 Horizon et l’Aerotec A-122 Uirapuru sautait aux yeux. L’avion brésilien était un monoplan à voilure basse de construction métallique disposant d’un train d’atterrissage tricycle fixe. Sa propulsion était assurée par un moteur à quatre cylindres en ligne Lycoming O-235-C1 de 108 chevaux entraînant une hélice bipale. Le poste de pilotage était biplace côte à côte et l’avion n’emportait aucun armement. Ne visant pas un entraînement intermédiaire ou avancé son avionique était des plus simples.
C’est dans cette configuration que le premier prototype de l’A-122 réalisa son vol inaugural le 2 juin 1965.
Un second prototype était déjà en cours d’assemblage, volant lui en décembre de la même année. La principale différence résidait dans la motorisation. Elle tournait autour d’un Lycoming O-320-A de 150 chevaux. Et c’est justement cette version qui reçut l’assentiment de la Força Aérea Brasileira qui en commanda trente exemplaires. Cependant au troisième exemplaire de série il fut décidé de déposer le Lycoming O-320-A au profit d’un O-320-B2B plus puissant de dix chevaux.
En 1968 à son entrée en service l’A-122 devint T-23 Uirapuru dans la nomenclature brésilienne.
Et très vite cet Aerotec T-23A Uirapuru devint le principal avion-école de l’académie de l’air du Brésil. Ironie il remplaça d’abord les T-22 avant les T-21 pourtant plus anciens. Par rapport à ces deux modèles le nouvel avion n’apportait pas de réel plus, mais politiquement la Força Aérea Brasileira formait ses pilotes sur des avions de facture indigène. Aux trente avions d’origine virent s’ajouter quatorze machines d’une version dédiée à l’entraînement de nuit et désignée T-23C. La désignation T-23B ne fut jamais adoptée car relative à une version de voltige aérienne finalement abandonnée par Aerotec.
Par rapport aux T-23A d’origine les T-23C disposaient d’une canopée permettant de recréer le noir dans le poste de pilotage, même en plein jour.
Au sein de la Força Aérea Brasileira les T-23 Uirapuru restèrent en service jusqu’à l’été 1986. À cette époque là ils furent remplacés par des Neiva T-25 Universal à peine plus récents. La plus part des avions étant encore en bon état général ils furent revendus sur le marché d’occasion, principalement à des aéro-clubs brésiliens.
Pourtant six machines furent reconditionnés et livrés à la Fuerza Aérea de Paraguay. Celle-ci utilisait en fait depuis 1975 huit autres avions achetés neufs auprès d’Aerotec.
Au Paraguay les A-122 Uirapuru permirent de remplacer une partie des North American T-6 Texan et les quatre biplans Boeing-Stearman PT-17 Kaydet alors encore en dotation. Les petits monoplans brésiliens y sont restés en service jusqu’en 2002, laissant alors les ENAER T-35 Pillán comme seuls avions d’entraînement.
Le principal utilisateur étranger de l’A-122 Uirapuru fut pourtant la Força Aérea Boliviana qui en 1974 acheta dix-huit avions afin de moderniser en profondeur son aviation d’entraînement. Là encore elle comptait des avions hérités de la Seconde Guerre mondiale et totalement inutilisables. Les Uirapuru boliviens eurent une longévité extrême puisqu’ils furent retirés du service à la mi-2019, au profit de six Diamond DA40 Diamond Star et de huit Zlin 242L. Pour autant deux avions furent conservés comme remorqueurs de planeurs. Début 2021 ils servaient encore, étant donc les derniers avions de ce genre encore en service actif.
Quasiment inconnu sous nos latitudes l’Aerotec A-122 Uirapuru fut pourtant un avion important dans la construction aéronautique sud-américaine. Plusieurs volent encore au sein de structures privées brésiliennes.
L’A-122 a donné naissance à une version agrandie construite en petite série et désigné A-132.
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