En cette première moitié de 21e siècle les drones sont partout et sont surtout omniprésents. Au point même que le grand public en a sans doute oublié qu’à l’origine ils étaient militaires. Beaucoup d’ailleurs le sont encore. Et avant de surveiller les espaces aériens, d’aller espionner l’indélicat voisin, ou encore de frapper une cible terroriste les drones étaient surtout des engins cibles. Là encore ils le sont encore. Pendant une trentaine d’année la France employa dans ce rôle un engin mal connu encore de nos jours pourtant fruit d’une évolution remontant aux années 1950 : l’Aérospatiale C.22.
Au milieu des années 1970 la société Aérospatiale était un des principaux hélicoptéristes en Europe, le numéro 1 en France. Pourtant cet industriel possédait également une branche nettement moins médiatisée et dédiée aux avions sans pilotes, et notamment aux drones cibles. Elle en avait hérité de Nord Aviation et chercha rapidement à donner un successeur à son célèbre CT.20. Une première tentative eut lieu avec le bimoteur lent D.15 mais celui-ci n’intéressa ni l’industrie d’armement ni les militaires français. Ils cherchaient eux aussi un appareil dans la lignée du CT.20.
Au même moment le motoriste français Microturbo venait de mettre au point son turboréacteur TRI-60 lequel semblait parfaitement adapté à un tel engin. Il l’était d’ailleurs tellement qu’en même temps qu’Aérospatiale négociait avec le motoriste son concurrent américain Beechcraft en faisait autant pour son futur MQM-107 Streaker également alors en développement. Et les deux drones cibles eurent donc le même turboréacteur français.
Pour ce qui est de la structure même de l’engin il reprenait les grandes lignes du CT.20 tout en les affinant fortement. Il reçut la désignation d’Aérospatiale C.22.
C’est à Châtillon, en proche banlieue parisienne, à la division des engins tactiques, qu’il fut dessiné.
Extérieurement ce drone cible se présentait sous la forme d’un long fuselage doté de deux ailes de petite taille. Le corps de l’engin était usiné en métal et matières plastiques, ces dernières permettant d’alléger la structure. Doté d’un empennage cruciforme le C.22 emportait son turboréacteur Microturbo TRI-60 dans une nacelle d’extrados de fuselage. Un booster d’une puissance de 3700 kilogrammes de poussée assistait le drone lors de son décollage. Celui-ci se faisait depuis le sol à l’aide d’une rampe. Ce moteur fusée pouvait également être remplacé par deux JATO légèrement moins puissants. Le C.22 fut pensé pour être le plus facilement récupérable, c’est pourquoi des systèmes de flottabilité furent ajouté dès la conception ainsi qu’un parachute de récupération. Le guidage se faisait depuis un shelter par ondes radios.
L’Aérospatiale C.22 réalisa son premier vol le 6 juin 1980. Très rapidement les équipes du constructeur comprirent qu’ils avaient gagné leur pari et que leur drone était globalement réussi. Seule petite particularité entre ce prototype et les versions de série le turboréacteur TRI 60-2 type 071 laissa la place à un TRI 60-2 type 206 légèrement plus abouti. Si l’Armée de l’Air l’utilisa lors de campagnes de tirs air-air aux profits des Mirage F1C et Mirage 2000C l’industrie d’armement fit appel à lui afin de valider la conception de missiles sol-air et air-air. Il n’était pas rare que l’emploi de ce drone cible soit encadré par le Centre d’Essais en Vol. Des tirs ont également été réalisé à partir d’avions de combat Rafale.
Ayant participé entre autre au développement des missiles sol-air Aster et air-air Mica et Meteor le drone cible Aérospatiale C.22 a quitté le service actif au début de l’année 2014. Dernier engin de ce genre conçu et réalisé en France il a depuis laissé la place à des modèles étrangers.
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