Quand en 1954 les ingénieurs tchécoslovaques Tomas et Rublic s’associèrent pour former un nouveau bureau d’étude au sein du prestigieux constructeur Aero, ils étaient sans nul doute loin de se dire que le fruit de leur travail commun allait donner naissance à une famille d’avions qui survivraient largement à la Guerre Froide. En 1955, ils lancèrent l’étude d’un biplace d’entraînement conçu autour du turboréacteur britannique Bristol-Siddeley Viper construit sous une licence plus ou moins légale par Walter-Motorlet. L’avion se présentait comme un biplace en tandem doté d’une aile basse cantilever et d’un train d’atterrissage renforcé pour l’usage sur des pistes non préparées. Le prototype vola pour la première fois en tant que XL-29 avec le moteur britannique d’origine en date du 05 avril 1959. Par la suite l’appareil fut désigné L-29 et baptisé Delfin. Le second prototype décolla en juillet 1960 mais cette fois grâce au Viper construit par Walter-Motorlet et désigné M-701.
En 1961 le constructeur Aero présenta son monoréacteur au centre d’essais de Zhoukovsky où l’avion s’opposa au PZL TS-11 Iskra polonais et au Yakovlev Yak-30 soviétique pour un marché visant à normaliser la formation initiale des pilotes du Pacte de Varsovie. Les essais démontrèrent rapidement les limites de l’avion présenté par Yakovlev tandis que la bataille commerciale faisait rage entre l’appareil tchécoslovaque et le polonais. Le TS-11 fut déclaré trop fragile et c’est ainsi que le L-29 remporta la marché.
Le Delfin fut acquis par l’URSS à raison de 2000 exemplaires, et plus de 1500 autres vinrent remplacer les monomoteurs à pistons légers des forces aériennes du bloc communiste, Tchécoslovaquie et République Démocratique d’Allemagne en tête. Le L-29 permit de faire un bond en avant dans la formation des pilotes d’Europe de l’Est qui volaient jusque là sur des avions issus des monomoteurs de la Seconde Guerre Mondiale. L’Otan qui avait réussit à observer un des vols d’essais du Delfin lui attribua la désignation de Maya. Le premier client « export », hors bloc de l’Est, fut la Syrie qui acheta 120 L-29. Le L-29 se retrouva souvent en concurrence avec le Fouga CM-170 français sur des marchés au Moyen-Orient.
Au sein de l’aviation soviétique une poignée de L-29 Delfin servit dans les centres d’essais en vol, et quelques-uns uns volent encore pour le guidage des prototypes d’UAV russes. Le seul pays communiste à ne pas utiliser le L-29 fut la Pologne qui préféra tout de même acquérir son jet indigène Iskra. En 1968 l’Égypte décida d’acquérir 180 Delfin qui devinrent les premiers L-29 armés. Ils emportaient deux paniers à roquettes et deux bombes légères hongroises de 76kg. La plus part des L-29 égyptiens ont été remplacés par des Alpha-Jet.
En 1969 Aero fit voler une version monoplace dédiée à l’acrobatie aérienne et désignée L-29A. Seul la Bulgarie, Cuba et la Tchécoslovaquie achetèrent une toute petite quantité de ces avions. Un L-29A est actuellement immatriculé sur le registre civil américain. Dans la foulée du L-29A le constructeur étudia la possibilité de construire une version d’attaque au sol et de reconnaissance diurne. Ce projet, désigné L-29R, se heurta toutefois à celui qui remplaçait le L-29 sur les chaînes de construction: le L-39 Albatros.
De nos jours quelques dizaines de Delfin demeurent en service dans les forces aériennes angolaises, maliennes, et roumaines. La Slovaquie a récemment remplacé ses Delfin par le Pilatus PC-9 suisse. Au total plus de 3600 exemplaires du L-29 ont été construit entre 1962 et 1974.
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