Si en Europe l’entre-deux-guerres fut surtout marquée en aéronautique par la prépondérance des productions britanniques, françaises, et italiennes quelques rares pays essayèrent cependant d’exister, parfois timidement. Et parmi ceux-ci la Tchécoslovaquie tient une place à part. En effet ce jeune pays, né des affres du traité de Versailles de 1919, essayait d’exister aussi bien au travers d’ambitieux programmes civils que de plus raisonnables sur le plan militaire. Dans ce second cas les avionneurs locaux savaient que les marchés d’export leur étaient généralement fermés et que les productions seraient à usage interne. L’un des exemples parfaits durant cette période fut le chasseur monoplace Aero A.18.
À l’été 1922, quelques semaines seulement après le lancement du programme devant déboucher sur le bombardier léger de reconnaissance A.11, Aero répondit à une demande de l’état-major tchécoslovaque pour un chasseur monoplace. Il s’agissait alors de remplacer la poignée de Fokker D.VII et Hansa-Brandenburg D.I hérités de l’empire austro-hongrois, et de plus en plus souvent sujets à des pannes. Surtout Prague voulait posséder son propre avion de chasse et ne plus dépendre d’appareils anciens.
Les société Aero et Avia y répondirent avec chacun rien moins que trois avions différents.
La compétition opposa ainsi les Aero A.18, A.19, A.20, mais aussi Avia BH-4, BH-6, et BH-7. Et tous n’avaient pas la même architecture. En effet quand les trois premiers et le BH-6 étaient des biplans les BH-4 et BH-7 étaient des monoplans, à ailes basses pour le premier et à parasol pour le second. Autant dire que les décideurs tchécoslovaques allaient s’arracher les cheveux pour les départager. Ils ordonnèrent aux avionneurs de produire un prototype de chaque avion.
Rapidement cependant Aero abandonna l’A.19 pour se concentrer sur les deux autres modèles. Tous volèrent au cours de l’année 1923.
C’est pourtant l’Aero A.18 qui ouvrit le bal en réalisant son premier vol en mars de cette année. En parallèle et afin de renforcer l’image de marque de son principal compétiteur l’avionneur Aero produisit deux exemplaires civils appelés A.18B et A.18C, non dédiés aux essais en vol mais aux courses aériennes. Exempts de tous marquages militaires et revêtus d’un simple numéro sur les flancs du fuselage ils se différenciaient de l’A.18 de chasse par une voilure raccourcie, et donc une surface alaire réduite. Le moteur allemand BMW d’origine avait laissé la place à un Walter W-III sur A.18B et W-IV surcompressé sur A.18C.
Le pilote Jan Novak passa plusieurs records de vitesses sur son A.18B au cours des années 1923 et 1924 atteignant 261 kilomètres heures. Au début de l’année 1924 il fut même avec l’A.18C l’aviateur le plus rapide au monde en volant à 275 kilomètres heures en vol horizontal. Il fut repris quelques semaines plus tard par un pilote britannique.
Pour autant l’Aero A.18 avait ainsi réussi à conquérir le cœur des décideurs tchécoslovaques qui en firent leur nouveau chasseur, le commandant à hauteur de vingt exemplaires. Les premiers exemplaires entrèrent en service au sein de la Československé Vojenské Letectvo à l’été 1924. L’avion était alors un des chasseurs les plus modernes en Europe.
Extérieurement l’Aero A.18 se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure égale assemblé en bois, contreplaqué, et entoilage. Il possédait un train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin de queue et un poste de pilotage monoplace à l’air libre possédant un petit pare-brise. Sa motorisation était assurée par un moteur à six cylindres en ligne BMW IIIa d’une puissance de 185 chevaux entraînant une hélice bipale en bois.
Niveau armement l’Aero A.18 possédait deux mitrailleuses synchronisées Vickers de calibre 7.7 millimètres.
Les vingt exemplaires restèrent en première ligne jusqu’en septembre 1934, date à laquelle ils étaient passablement dépassés. Ils n’avaient jamais connu le feu. Les Aero A.18 furent alors remplacés par des Avia B-34 bien plus modernes. Pourtant la retraite ne sonna pas pour eux puisqu’ils furent reversés à une école de pilotage qui les utilisa pour l’entraînement avancée jusqu’en janvier 1939. Là ils furent envoyés à la ferraille.
De nos jours le musée aéronautique de Kbely dans la banlieue de Prague expose l’Aero A.18C grimé en version de chasse. Il s’agit là du seul exemplaire survivant connu du tout premier chasseur tchécoslovaque construit en série.
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